vendredi 23 novembre 2018

JUSTICE LEAGUE DARK #5, de James Tynion IV et Daniel Sampere


Depuis son lancement sous la bannière "Rebirth", Justice League Dark ne m'a guère convaincu, si ce n'est pas sa qualité graphique. Sans Alvaro Martinez pour ce numéro, la série peut-elle encore tenir le coup ? La réponse est non, d'autant que James Tynion affiche une fois encore ses limites, quand il ne plagie pas ses camarades (plus doués que lui)...


Être un chimpanzé quand on exerce comme détective suscite les rires. Mais Bobo n'a pas le coeur à ça car il se remémore les funérailles de son ami, Jim Rook alias Nightmaster. Ses camarades du Shadowpact, comme Blue Devil, y assiste, et le Phantom Stranger lui lègue l'Epée de Nuit ainsi que la propriété du bar Oblivion.


Cette héritage est devenu un fardeau pour Bobo et lorsque Wonder Woman, Zatanna et Man-Bat viennent lui demander de les guider jusqu'au royame de Myrra, dont Nightmaster était le protecteur, et qui se trouve menacé par le chaos magique, il refuse.
  

Zatanna lui subtilise l'Epée de Nuit pour ouvrir un portail dimensionnel sans écouter les préventions du chimpanzé. Il confie le bar Oblivion en réfection à Traci Thirteen pour les suivre. Pendant ce temps, au pied de l'Arbre de la Merveille, John Constantine et Swamp Thing reçoivent la visite du Dr. Fate possédé par l'esprit de Nabu.


Le gardien de l'Ordre magique met en garde les deux héros contre toute future ingérence dans ses affaires. Mais Constantine ne l'entend pas ainsi et attaque avec la créature du marais. Impuissants contre la puissance de Nabu, ils ne doivent leur salut qu'à l'intervention du Phantom Stranger réclamant une discussion avec le magicien.
  

Dans le royaume de Myrra, les choses ne vont pas mieux comme s'en rendent rapidement Wonder Woman, Man-Bat, Zatanna et Bobo, attaqués par des zombies et un dragon. L'arrivée d'une cavalerie menée par Blue Devil n'arrange rien car ce dernier a l'intention de réclamer des comptes au chimpanzé pour ses fautes ici...

Sur le papier, la reprise de Justice League Dark était un projet alléchant, même s'il le paraissait improbable que quiconque rivalise avec le run de Jeff Lemire durant les "New 52". James Tynion IV exprimait en tout cas un enthousiasme prometteur. Mais les bonnes intentions n'aboutissent pas toujours à de bons résultats...

Et c'est là que la bat blesse depuis cinq numéros : cette série manque, à tous points de vue, de magie. La magie, comme instrument, y est peu et mal déployée, le comble étant atteint avec le personnage de Zatanna incapable jusqu'à présent de jeter le moindre sort  - une authentique incongruité alors que Tynion IV l'avait mise en scène en magicienne surpuissante dans un arc de Detective Comics, et après la parution de la mini-série Mystik U sur la jeunesse de Zee.

Mais la magie est également absente de l'écriture de Tynion IV qui échoue lamentablement à faire vibrer, sinon en empruntant de gros sabots, en usant d'une écriture verbeuse pour expliquer laborieusement certains éléments (comme l'origine de Hécate dans le crossover The Witching Hour).

Je ne veux pas accabler ce scénariste, mais j'ai toutes les peines du monde à comprendre les bons sentiments qu'il inspire à certains fans. Il reste encore aujourd'hui dans l'ombre de Scott Snyder (un auteur que j'apprécie pas davantage) pour lequel il rédige des épisodes de Justice League régulièrement. Et je serai bien en peine de définir son style autrement que par un classicisme sans souffle.

La transparence de Tynion IV confine à la mauvaise blague quand, au début de cet épisode, il plagie carrément Tom King en lui empruntant son "gaufrier" de neuf cases typique et son ton mélancolique pour décrire la dépression de Bobo depuis les obsèques de Nightmaster - un flash-back à la fois trop long et dispensable. Ensuite, le script se disperse entre une nouvelle quête magique menée par Wonder Woman et Zatanna (plus l'inutile Man-Bat) et le duo John Constantine (membre fantôme de la JLD)-Swamp Thing (guère plus développé que Man-Bat) contre le Dr. Fate possédé par Nabu (une idée déplaisante de faire de Kent Nelson le vilain récurrent de la série, quand bien même il menace beaucoup sans changer grand-chose). L'évocation du Shadowpact (un titre bien mieux dirigé, à l'époque par Bill Willingham), avec le Phantom Stranger et Blue Devil, ne nourrit que des regrets sur cette resucée de la JLD, mal foutue, mal pensée, mal écrite.

Visuellement, l'absence de Martinez fait encore plus mal. Pour le suppléer, DC a convoqué Daniel Sampere, qui a oeuvré sur la série alternative Injustice, mais dont le niveau est bien inférieur. Quand Tynion cadre l'action de manière stricte (à la manière de Tom King), il fait encore illusion. Mais dès qu'il s'agit d'entrer dans le "dur", ses carences sautent aux yeux, entre problèmes de proportion, expressivité maladroite, défauts de texture, le tout souligné par un encrage bas de gamme.

Pour trouver deux bonnes images, il faut s'en tenir à la couverture de Nicola Scott et sa variant, bien flippante, de Clayton Crain.

J'aimerai continuer cette série pour Martinez, mais Tynion IV aura sûrement raison de ma motivation (c'est le problème inverse du Dr. Strange de Waid, ce qui fait presque penser à une malédiction sur les titres magiques). En tout cas, si je suis prêt à laisser encore une chance, ce sera la dernière.

La variant cover de Clayton Crain.

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