dimanche 4 novembre 2018

DAREDEVIL #610, de Charles Soule et Phil Noto


Comme Old Man Hawkeye, Daredevil selon Charles Soule arrive bientôt à son terme. On notera d'ailleurs que le scénariste est souvent associé aux morts (et aux renaissances) de héros (il s'était déjà occupé de Wolverine). Accompagné de Phil Noto, il poursuit donc cette ultime aventure, qui conserve entier son mystère.


Matt couche avec Elektra. A son réveil, il la croit partie mais elle est encore là, comme si elle avait quelque chose à lui demander sans s'y résoudre. Pensant que ce qu'elle désire rejoint ses propres projets, il l'invite à rester avec lui.


Matt emmène Elektra à la librairie où Frank McGee, Reader et Cypher se réunissent pour organiser la destitution de Wilson Fisk. Cypher a accédé à l'emploi du temps de Wesley, le bras-droit du Caïd, que veut kidnapper Daredevil. Il insiste pour que l'opération se déroule avec précision - et sans faire de mort.
  

Une fois Wesley entre leurs mains, l'équipe est poursuivie par ses gardes du corps. Ils sont semés grâce à un tour de Reader. Mais leur avance s'interrompt brutalement quand leur voiture fait une spectaculaire embardée.


McGee et Reader K.O., Daredevil reconnaît le couteau qui a crevé le pneu : c'est celui utilisé par le tueur qu'il a croisé la veille. Mais Elektra pense que ce dernier a une autre cible : Fisk veut éliminer Wesley pour l'empêcher de parler.
  

Daredevil et Elektra se réfugient avec Wesley dans une église abandonnée où le tueur les attend. Il se fait appeler le Veilleur et défie le couple. Cependant, Wesley décide de s'éloigner. Mais le Veilleur prend le dessus sur Daredevil et Elektra et élimine Wesley avant de s'éclipser. Cet échec décide Elektra à se retirer à son tour.

C'est un numéro plein d'action qu'a écrit Charles Soule, il se lit vite et nous laisse cois. Daredevil est plus seul que jamais, son plan a été un échec, ses alliés sont mal en point, et Elektra l'abandonne. De quoi entretenir une perplexité certaine...

Si vous n'avez jamais adhéré à la proposition du scénariste sur cette série, cet épisode n'est pas pour vous et ne fera que souligner votre frustration. Marvel semble d'ailleurs enclin à en jouer puisque aucune annonce n'a permis de savoir ce qui en serait de DD une fois le run de Soule terminé : c'est certainement très dur pour l'éditeur, spécialisé dans l'auto-spoiler de peur de se faire griller par les sites de gossips comme Bleeding Cool...

Quoiqu'il en soit, le secret est bien gardé sur la manière dont Daredevil va mourir - s'il meurt vraiment. Pour ma part, j'ai du mal à croire que, au moment où la saison 3 de la série télé du héros sur Netflix a renoué avec le succès critique et public, Marvel va se débarrasser de Matt Murdock. J'ai ma théorie sur cette mort, mais je la garde prudemment pour moi afin de la vérifier le moment venu.

Ce qui me semble certain, c'est que Soule mise beaucoup sur l'ambiguïté des situations, sur les ambiances déroutantes, les rebondissements radicaux. Tout cela donne le sentiment que l'action se déroule trop étrangement pour être vraie, certaine, plausible. Comme dans un songe, ou une extrapolation. Le fait que Mike Murdock ne soit pas réapparu depuis le #608 intrigue aussi : le "jumeau" maléfique n'a pas été incarné par Soule pour faire un tout et disparaître, surtout quand the Hood, sur ordre de Fisk, l'a pris sous son aile. Autant d'éléments qui incitent à la prudence...

D'une certaine manière, Phil Noto n'agit pas autrement en dessinant l'épisode en usant d'effets déstabilisants. Il y a cette scène d'ouverture, romantique et sensuelle, mais presque too much avec ses filtres de couleurs et sa voix-off. La suite inspire aussi la surprise.

Le découpage souligne les ellipses : on n'assiste pas à l'enlèvement de Wesley, il est déjà captif de Daredevil. Le lecteur est plongé dans le feu de l'action avec une course-poursuite qui a lieu dans des rues... Parfaitement désertes ! Bizarre dans une ville aussi fréquentée que New York, bas quartiers compris.

Puis le combat final qui oppose le mystérieux Veilleur à DD et Elektra a lieu, tiens, tiens, dans une église abandonnée. Le cadre renvoie là encore avec force aux symboles familiers du héros, tout comme le costume de ce vilain laconique mais diablement efficace puisque capable de tenir tête aux couple et de tuer Wesley à la moindre opportunité !

Elektra sort de l'histoire aussi subitement qu'elle y est entrée, sans qu'on sache vraiment ce qui l'a motivée à aider Matt (bien que celui-ci ait pensé qu'elle avait un objectif semblable au sien - Fisk, donc).

Si on s'y abandonne, cette partie de l'arc narratif est jubilatoire dans sa manière de nous balader. Sinon, on a l'impression que Soule et Noto se fichent de nous. Moi, j'ai apprécié. Tout en sachant que, suivant un tel procédé, les auteurs ont intérêt à avoir une conclusion à la hauteur... 

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