mardi 16 octobre 2018

SUPERGIRL #23, de Marc Andreyko et Kevin Maguire


Bon sang que cette couverture est moche !... Heureusement qu'il ne faut jamais juger un livre à sa couverture... Et du coup on ne peut que saluer le mérite conjugué de Marc Andreyko et Kevin Maguire pour produire un contenu capable de dépasser cette présentation grotesque. Supergirl n'est pas la série la plus ébouriffante de DC actuellement, mais au moins elle fait son job. Et elle le fait bien !


La hache de Rogol Zaar a déplacé Supergirl des archives des Green Lanterns à une poche temporelle où lui fait face un hologramme du gardien d'Oa Appa Ali Apsa. Il n'a que peu de temps pour communiquer (il est mort) mais avoue sa responsabilité et celle du Cercle dans la destruction de Krypton.
  

Avant que son message ne se termine, il remet à Supergirl un cristal contenant des informations précises sur cet événement. Et voilà Kara Zor-El de retour dans la salle des archives, encerclée par des Green Lanterns qui lui signifient sa mise en arrestation.
  

Elle refuse bien entendu de se rendre car elle doit désormais quitter Mogo mais Kyle Rayner et John Stewart, ses deux amis, la stoppent. Elle lâche alors le cristal mais Krypto le récupère. Supergirl est immobilisée par Kyle Rayner.


Sommée de s'expliquer, elle répond ne pas en avoir le temps et de toute façon, elle est persuadée qu'elle ne serait pas crue. Elle fore le sol sous ses pieds et s'échappe. Dans les entrailles de Mogo, la planète pensante lui apporte, contre toute attente, son aide car elle sait que ses motivations sont nobles.


Supergirl retrouve Krypto devant leur vaisseau, prêt à partir avec une destination pré-programmée. C'zal, l'archiviste, avertit son cousin Akmon de la fuite de la kryptonienne. Gandelo, un membre du Cercle, l'apprend ensuite et ordonne son exécution par l'Espion...

Sans lire tout ce que sort DC en ce moment, il me semble pourtant que deux tendances se révèlent deux ans et demi après le début du statu quo "Rebirth". D'un côté, nous avons des séries ambitieuses mais inégales car leurs histoires peinent à avoir le souffle nécessaire (ce pourrait être résumé par les productions de James Tynion IV, le fils spirituel de Scott Snyder). De l'autre, on a des séries plus classiques mais aussi plus régulières car leur ambition est d'abord de divertir - sous couvert de développer des intrigues peut-être plus complexes (comme ce qu'écrivent Bendis, Robert Vendetti, ou donc Marc Andreyko).

Supergirl appartient indéniablement à la seconde catégorie : son scénariste ne prétend pas réinventer la roue ni même son héroïne. Andreyko a d'ailleurs récupéré la série en acceptant de développer une trame initiée par Bendis durant la mini Man of Steel. Mais il a su transformer en un temps éclair ce travail de commande en un récit autonome, qui a redéfini la position de Supergirl, en lui donnant une vraie mission, en réaffirmant ses origines, son rapport à la Terre et à Krypton.

Le déroulement de l'action est fluide, sans fioritures. L'écriture est directe, accessible. On n'a qu'à suivre Kara pour comprendre et ce qui lui arrive n'a rien d'extraordinaire compte tenu de sa propre nature (un voyage dans l'espace, une enquête sur la fin de Krypton, la recherche d'éventuels responsables). C'est d'une simplicité enfantine : Andreyko procède un peu comme Vendetti sur Hawkman, en nous prenant par la main pour un périple et des investigations, sauf qu'il ne s'agit pas de recomposer la personnalité de Supergirl mais les circonstances ayant conduit à la destruction de sa planète natale.

La construction est identique : une succession d'indices, de révélations, des avancées à tâtons, des alliés intermittents (Mme Xanadu, Atom pour Carter Hall, les Green Lanterns pour Kara), l'ébauche d'un arrière-plan plus vaste (les "Deathbringers" chez Hawkman, le Cercle chez Supergirl). Ce pourrait être plan-plan, mais justement c'est cette manière en douceur qui séduit. Nous progressons en en sachant autant que l'héroïne, son objectif est posé dès le départ - on est aux antipodes de Catwoman où on ne sait pas où on va et où on a fini par s'en ficher.

Graphiquement, c'est par ailleurs une série très séduisante car elle dispose d'un atout indéniable avec Kevin Maguire. Peut-être que cet artiste sensationnel mérite mieux que Supergirl, un spin-off de Superman, mais au moins ne donne-t-il pas l'impression de traîner des pieds, de dessiner ça du bout des doigts.

Son génie expressif s'y déploie naturellement et fait vivre le script d'Andreyko dans des pages superbes, aux compositions toujours élégantes, des décors fournis, un découpage sobre et tonique à la fois. Chaque épisode donne ce sentiment de passer trop vite, presque de ne pas assez en raconter, mais c'est aussi la preuve qu'il est bien mis en scène, que le lecteur n'a pas d'effort à produire car le dessinateur fait bien son boulot. Autre preuve de ce professionnalisme : Wade Von Grawbadger supplée Sean Pearsons le temps de quelques pages comme encreur... Et on ne voit pas la différence.

Parce que, humblement, tout le monde se met au service de la série, Supergirl a cette légèreté divine : on est accroché tout en lisant une proposition de BD très classique mais parfaitement exprimée.  

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