vendredi 24 août 2018

JUSTICE LEAGUE DARK #2, de James Tynion IV et Alvaro Martinez


Après son impressionnant numéro 1, Justice League Dark allait-il transformer l'essai ? James Tynion IV et Alvaro Martinez confirment les attentes placées en eux avec ce nouvel épisode qui voit l'intrigue accélérer en adoptant une forme proche d'un polar où l'affaire à résoudre tiendrait dans une question certes souvent employée mais accrocheuse : qui tue la magie (et les magiciens) ?


Après avoir neutralisé les monstres entreposés dans la morgue du Hall de Justice, Wonder Woman se tourne contre Zatanna qui a prévenu, en surgissant au coeur de la bataille avec Swamp Thing, qu'un des membres de leur groupe causerait l'apocalypse si tous ensemble ils ne réglaient pas la situation actuelle. Elle révèle qu'elle tient cette prophétie de feu son père, Giovanni Zatara. 


Mais Zatanna, si elle n'apporte pas de nouvelles rassurantes, sait à qui s'adresser pour demander de l'aide. Direction : la Tour du Doctor Fate, situé à côté de l'Arbre des Merveilles. Swamp Thing préfère sonder ce dernier plutôt que d'entrer dans le domaine du magicien. Ce dernier accepte la requête de Wonder Woman d'être reçue par Nabu, un des garants de l'Ordre magique, mais seulement en compagnie de Zatanna.


Swamp Thing est rejoint par John Constantine avec lequel il partage le constat que l'Arbre des Merveilles n'est pas la cause des morts de magiciens : la menace est ailleurs et ce végétal extraterrestre peut au contraire aider à la contrer.


Le détective Chimp et Kirk Langstrom (Man-Bat) visitent la Tour de Fate pendant qu'il est occupé ailleurs avec Wonder Woman et Zatanna. Le scientifique casse accidentellement un vase contenant un ancien détenteur des pouvoirs de Dr. Fate et qui, avant de se désintégrer, les met en garde au sujet de ce dernier, qui serait possédé par une force maléfique.


Wonder Woman et Zatanna arrivent à la même conclusion en devinant que ce n'est  pas Kent Nelson, l'alias actuel de Fate, qui les guide mais Nabu lui-même. Et il a l'intention d'éradiquer la magie sur Terre car il juge indigne ceux qui la servent et l'utilise. Il se volatilise et laisse les deux femmes aux prises avec son inquiétant complice : l'Homme à l'envers !
   
La variant cover de Greg Capullo.

La direction qu'imprime James Tynion IV à son intrigue vous rappelle quelque chose ? C'est normal : on est dans un cadre ressemblant étrangement à celui de The Magic Order avec un méchant bien intégré à la communauté magique, très puissant, et qui décime ses pairs. Remplacez la famille Moonstone par les membres de la Justice League Dark et c'est encore plus troublant.

Loin de moi l'idée d'accuser le scénariste de plagier Mark Millar. Disons qu'il s'agit du zeitgeist, l'air du temps, et que la similitude constatée est finalement moins perturbante que la récurrence de son caractère. En effet, ce n'est pas la première fois qu'une série axée sur la magie prend pour point de départ la fin de celle-ci et implique un sorcier décidant unilatéralement de reprendre les choses en main, quitte à éliminer ses pairs.

Ce qui distingue en revanche le scénario de Tynion IV de celui de Millar, c'est son inscription dans le domaine des super-héros, avec leur folklore (alors que The Magic Order met en scène des magiciens en civil). Et la lecture est aussi agréable.

La couverture introduit le Dr. Fate, un des fondateurs de la Justice Society of America (que DC a promis de ramener, certainement avec Geoff Johns à la baguette). C'est un petit régal de retrouver ce personnage (présent dans Justice League : No Justice, mais très peu exploité), mais ça ne dévoile rien de son rôle véritable. Toute la malice de cet épisode tient qui se cache sous le heaume du sorcier, disciple de Nabu, garant des forces de l'Ordre magique.

De ce point de vue, Tynion IV réussit parfaitement à mystifier le lecteur et à lui faire saisir l'énormité de la menace que va tenter de régler la JLD. Plus curieusement, le scénariste place Swamp Thing dans une position marginale : il apparaît comme le sage du groupe tout en ayant visiblement son propre agenda dans l'histoire. Et John Constantine continue de ne jamais être bien loin, en suggérant qu'il en sait plus qu'il n'y paraît.

La caractérisation est soignée, et comme l'équipe ne compte pas beaucoup de membres, le scénariste peut se permettre d'appuyer quelques traits saillants (Wonder Woman sur les nerfs, Zatanna en quête de rachat, Chimp prudent, Man-Bat candide). L'autre méchant qui apparaît à la dernière page est saisissant.

Visuellement, la série est réellement impressionnante. Alvaro Martinez (qui a rajouté Bueno à son nom d'artiste désormais) produit des planches à la fois très fournies, riches en détails, aux ambiances intenses, tout en conservant un dynamisme très efficace comme en témoigne la bataille dans le Hall de Justice au début ou la confrontation entre Wonder Woman, Zatanna et Dr. Fate.

Parfois, le dessinateur se fait visiblement plaisir en utilisant un effet de fondu enchaîné grâce aux à-plats noirs d'un plan qui suppriment presque le contour des cases. C'est le cas dans la scène où Swamp Thing (représenté avec une minutie maniaque) et Constantine échangent. Au contraire, Martinez n'a pas peur de cases bien exposées à la lumière pour figurer l'architecture renversante de l'intérieur de la Tour de Fate avec ses perspectives folles et sa décoration abondante. 

Il y a là un faste grisant... Mais qui a un prix : Martinez sera remplacé pour le prochain arc de la série (par Daniel Sampere, un graphiste soigneux mais un cran en dessous).

Raison de plus pour savourer l'intrigue en cours qui est maintenant bien lancée.    

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