dimanche 12 août 2018

CATWOMAN #2, de Joelle Jones


La relance de Catwoman était attendue et Joelle Jones l'a entamée plutôt timidement le mois dernier, cumulant scénario et dessin. L'auteur va-t-elle vraiment décoller dans ce nouveau numéro ? Disons que le niveau reste moyen et n'affole pas les radars...


Catwoman a suivi son imitatrice et aboutit dans une salle remplie de femmes déguisées comme elle et prêtes à l'éliminer. Mais son expérience du combat lui permet de faire la différence et de neutraliser ses assaillantes.


Elle en garde une consciente pour l'interroger et apprend que ces femmes ont été engagées par l'équipe de campagne du gouverneur Creel pour une sorte de performance artistique. Cette explication intrigue Catwoman qui ignore que, au même moment, la tueuse ayant usurpé son alias est durement châtiée par la femme dudit gouverneur, véritable instigatrice de l'opération visant à la discréditer.


De retour à sa planque, Selina Kyle est trop préoccupée par cette histoire pour trouver le sommeil et reçoit la visite de Carlos auquel elle avait commandé des gadgets. Au moment de le payer, elle refuse néanmoins de lui donner sa bague de mariage comme il le lui réclame et elle le rétribue avec un autre bijou volé. 


Cependant, l'inspecteur Sam Ylmaz rencontre son collègue Will et lui déconseille de se mêler de l'enquête en cours sur Catwoman alors qu'il souhaite surtout de venger d'elle qui a tué un de ses amis policier.
  

Le gouverneur Creel convoque la presse pour annoncer qu'il quitte son poste parce que ses médecins lui ont diagnostiqué un cancer de la prostate. Sa femme et ses deux fils n'étaient pas au courant mais restent résolus à piéger Catwoman. Et le soir même, Selina Kyle s'incruste à une réception donnée par le politicien, attendue par son fils aînée, Raymond...

Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas dans la manière dont Joelle Jones a entamé la série consacrée à Catwoman. L'argument en vaut bien un autre : l'héroïne découvre que d'autres femmes se font passer pour elle et l'une de ces usurpatrices a tué des agents de police en fuyant après un cambriolage. La commanditaire est la femme du gouverneur de Californie, dont on a découvert qu'elle dissimule derrière des prothèses et du maquillage de vilaines blessures, et dont les fils sont ses complices. Pourquoi en veut-elle ainsi à Catwoman ? Comment sait-elle que cette dernière est Selina Kyle ? Mystère.

Le titre de l'arc narratif joue sur les mots puisqu'il est question d'une copycat, le terme par lequel on désigne un criminel imitant le modus operandi d'un autre - ici, Catwoman donc. Mais Joelle Jones en dit à la fois beaucoup et peu, et son histoire en souffre. Le lecteur, en tout cas, ne sait pas sur quel pied danser.

Les scènes les plus intéressantes, mais hélas ! les plus rares, sont celles qui, jusqu'à présent, montrent Selina Kyle d'une part, et d'autre part Selina composant avec les conséquences de son mariage avorté avec Bruce Wayne (quand bien même c'est elle qui a choisi de ne pas l'épouser). Frappée d'insomnie, refusant de ses séparer de la bague que lui avait offerte son amant, et désormais absorbée par cette affaire d'imitatrice(s), elle est aussi perdue que nous, mais tout de même résolue à percer ce mystère.

Dans ces moments-là, tout en retenue, le dessin de Joelle Jones montre l'héroïne fragile, touchante, loin de la voleuse effrontée, et on se dit que si l'auteur avait choisi de commencer son run par un récit plus introspectif, on ne lui en aurait pas voulu.

En revanche, lorsqu'elle doit mettre en scène Catwoman en action, le résultat est moins convaincant. Il faut d'abord dire que le redesign du costume n'est pas réussi, avec son corset, sa texture vinyle : pourquoi avoir voulu modifier le look parfait conçu par Darwyn Cooke ? Voilà un autre mystère. Ensuite, les séquences de combat sont empruntées : Jones ne parvient jamais à les découper de manière dynamique et efficace, les coups portés ou reçus manquent d'intensité, la composition des images est parfois maladroite. C'est tout de même embarrassant pour un personnage aussi félin que Selina Kyle (que Mikel Janin dans le Batman de Tom King dessinait superbement).

La méchante (dont on ne connaît même pas le prénom) semble tout droit sortie de l'imagination peu subtil d'un Garth Ennis et suscite un malaise auquel la colorisation bizarrement délicate de Laura Allred convient mal. On devine que les blessures physiques qu'elle cache ont dû être causées par Catwoman, ce qui justifierait son plan tordu pour la piéger, mais, si c'est la cas, alors ce n'est guère original.

Quant à l'unique scène avec l'inspecteur Ylmaz et son collègue Will, elle semble avoir été placée pour rappeler au lecteur que la police est toujours impliquée dans la traque de Catwoman. Le dialogue entre les deux hommes n'apporte rien (l'un veut arrêter l'héroïne, l'autre se venger - et ce n'est pas compliqué de déduire que les deux vont s'affronter pour arriver à leurs fins).

Mené sur un rythme mollasson, cet épisode, comme le précédent, n'accroche guère. Il y a quelques jolis plans, une vague ambiance, mais un manque évident de tempérament, déplorable pour un personnage aussi fort. Il va falloir, rapidement, que Joelle Jones enflamme son affaire au risque d'essuyer un échec. Catwoman mérite mieux.

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