samedi 7 juillet 2018

SHADE THE CHANGING WOMAN #5, de Cecil Castellucci et Marley Zarcone


C'est le pénultième épisode de Shade the Changing Woman... Et, pour être tout à fait franc, c'est avec soulagement que j'attends la fin désormais, tant l'enthousiasme des débuts m'a progressivement quitté, et ce, même si j'ai pu déplorer l'annulation abrupte du titre. L'inspiration a de plus en plus manqué à Cecil Castellucci tandis que Marley Zarcone sauve ce qui peut encore l'être.
  

Ayant échoué à retrouver son coeur enterré dans le désert, Loma erre sans but, oscillant entre rage et désespoir. Son état physique s'en ressent également puisqu'elle vieillit précocement, comme si elle se fissurait - ce que ses amis et ennemis ressentent.     

Sur la planète Meta, Lepuck éprouve lui aussi la souffrance de son amie et décide d'aller à son secours même si on le met en garde contre les humains. Loma tente une opération de la dernière chance pour repousser l'invasion de The Cray contre la Terre et comprend que ce n'est qu'en sauvant sa planète d'adoption qu'elle se sauvera aussi.                                                                                                            

Lepuck, une fois chez nous, ne tarde pas à retrouver le coeur de Loma mais il est aussitôt arrêté par la police anti-extraterrestre. Toutefois, juste avant d'être emmené à la Faculté de Floride, il a le temps de donner à River le coeur de Loma.


A la Fac, justemnt, Mrs Deeps lave le cerveau des généraux de l'armée sur le pied de guerre. Surprise par River, elle lui explique être à l'origine de l'invasion en cours de The Cray et comment leurs membres vont neutraliser toute résistance pour conquérir notre monde.
  

Les événements s'accélèrent dramatiquement en tout sens : Teacup est agressée par Gan, le tueur provenant de Meta, mais elle réussit à l'écarter ; Lepuck est livré à Mrs Deeps à qui il promet de la faire juger et condamner ; Loma sollicite l'aide de Shade qui réclame qu'elle lui rende son manteau de folie. Mais elle refuse et découvre que le poète l'a dupée depuis le début...

Il n'y a guère plus triste spectacle pour un lecteur de séries que de voir s'envoler, inéluctablement, le charme d'un titre qui, justement, l'avait séduit par sa capacité à l'embarquer ailleurs, à le séduire imprévisiblement. C'est ce qui s'est passé lorsque Shade the Changing Girl a mué en Shade the Changing Woman.

Pourtant l'idée de poursuivre les aventures de l'extraterrestre de Meta dans le corps de Megan Boyer mais à l'âge adulte était prometteuse. Mais entre temps la série a été raccourcie en vue de son annulation subite et surtout c'est comme si la scénariste Cecil Castellucci avait perdu son mojo, n sachant ni modifier ses plans mais surtout faire grandir son histoire comme son héroïne désormais partie dans un récit beaucoup moins passionnant et moins maîtrisé.

Je ne veux pas l'accabler ni donner l'impression de brûler ce que j'ai aimé, surtout donc que Castellucci a du composer avec l'agenda remanié de la collection "Young Animals" (dont seul Doom Patrol a échappé à l'arrêt ordonné pour Cave Carson have a cybernetic eye et Mother Panic). Mais il est évident qu'elle n'avait visiblement pas d'idée aussi forte à développer pour cette nouvelle étape. On lit donc désormais les épisodes d'un air plus détaché, limite indifférent, car les situations et les personnages échouent à nous faire vibrer, à nous étonner. Loma elle-même est devenue agaçante, errant dans sa propre histoire, capricieuse, déconnectée de ses amis et de toute réalité, aux prises avec une invasion fomentée par sa pire ennemie, avec un subplot (le tueur en série Gan) complètement décalé du reste.

Marley Zarcone dessine encore avec une exemplaire rigueur une série qui avance comme privée de direction. Elle a du mérite car c'est vraiment son travail qui suscite le plus d'intérêt. Mais son style, fin et délié, paraît aussi fragilisé, ne pouvant plus assurer la douce dinguerie de ce projet.

Les couleurs acidulées de Kelly Fitzpatrick donnent un aspect gentiment psychédélique à l'ensemble mais sans l'ivresse qui pourrait assurer au lecteur un vrai trip. C'est l'effet domino : le scénario s'effilochant, ni le dessin, ni ce qui l'accompagne et le soutient ne résistent au déclin de l'affaire.

DC a le culot de tenter des choses, avec des labels ("Young Animals", "The New Age of Heroes"), mais il manque à ces projets un vrai chef d'orchestre, une densité, une identité au-delà du gadget (qui consiste à faire du post-"Vertigo" ou des variations de Marvel). On verra si la collection offerte à Bendis (avec Scarlet, Pearl, Cover...) sera mieux bâtie (en comptant sur des artistes bien plus solides).     

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