jeudi 19 juillet 2018

LOVE (Saison 3) (Netflix) (FINALE)


Pour sa troisième et ultime saison, les showrunners de Love, Paul Rust, Lesley Arfin et Judd Apatow, ont pu prévoir une vraie conclusion car Netflix avait annoncé le terme de la production auparavant. Toutes les séries n'ont pas cette chance (exemple : Gypsy, annulée au bout d'une saison). Mais s'il est impératif de bien lancer un projet, il est délicat de bien le terminer. Et Love, comme d'habitude, s'en sort de façon très inégale... 

 Mickey, Gus, Randy et Bertie (Gillian Jacobs, Paul Rust, Mike Mitchell et Claudia O'Doherty)

Randy, qui squatte toujours chez Mickey et Bertie (avec laquelle il sort), invite les deux filles et Gus à partir en week-end à Palm Springs dans la maison de son cousin, qu'il décrit comme luxueuse. Mais une fois sur place, tout le monde déchante : c'est un simple pavillon, loin de tout, avec pour voisin un fou furieux qui ne tolère pas la présence de ces étrangers...

Mickey et Gus

Invité au mariage d'une amie connue à l'université, Gus croise une de ses ex, Sarah, dont il n'avait jamais parlée à Mickey. Celle-ci dissimule mal sa jalousie, surtout en apprenant qu'ils ont été fiancés. Pire encore : Gus raccompagne Sarah à son hôtel car elle finit la soirée complètement soûle et Mickey doit rentrer par ses propres moyens !

Mickey

Alors qu'elle n'a jamais embrassé de garçon, Arya demande de l'aide à Gus avant de tourner sa première scène de baiser devant les caméras, ce qui retarde le tournage quand elle surprend son partenaire dans les bras d'une autre. Pendant ce temps, Mickey doit accompagner le Dr. Greg à une séance de dédicaces de son livre pour laquelle aucun lecteur ne s'est déplacé... Et qui finit en confessions pour l'ex-psy vedette de la station radio.

Mickey et Gus

Gus renonce à une sortie entre amis pour soutenir Mickey, qui souffre d'une gastro-entérite. Mais quand il tombe à son tour malade, il lui reproche son manque de précaution hygiénique car elle a attrapé cette infection sur son lieu de travail. Unis dans la nausée, ils se réconcilient.
  
Bertie

Bertie fête son anniversaire pour la première fois depuis qu'elle réside aux Etats-Unis (elle est originaire d'Australie). Mais ni Gus, ni Mickey, ni Randy n'y ont pensé. Heureusement elle est invitée par Chris, un ami cascadeur de Gus, qui est aussi serveur dans un restaurant, et à cette occasion, ils découvrent, sans se l'avouer, leur attirance réciproque.

Gus

Gus entame le tournage de son court-métrage pour lequel il a réquisitionné l'aide de tous les amis qui lui doivent quelque chose et pour lequel il a investi toutes ses économies. Mais l'équipe n'est pas concentrée et cela le décourage et l'énerve. Néanmoins, lorsqu'il téléphone à Mickey pour du réconfort, elle l'encourage à exiger le meilleur de ses partenaires. Il obtient de filmer des reshoots toute la nuit.
  
Mickey et Bertie

Bertie confie à Mickey qu'elle fréquente Chris en secret depuis qu'elle l'a accompagné à une audition pour des cascadeurs dans un parc d'attractions. Ils ont couché ensemble, mais elle éprouve désormais des remords vis-à-vis de Randy, même si elle sait qu'elle va devoir rompre avec lui. Le Dr. Greg gagne auprès de Mickey le droit d'intervenir dans l'émission de sa protégée, Stella, mais le show dégénère et il est mis à pied.

Arya (Iris Apatow)

Gus ose demander à Arya de participer au tournage de son court-métrage, espérant ainsi profiter de son talent et de sa notoriété. Mais quand le père de l'adolescente et la productrice de la série l'apprennent, ils menacent Gus de poursuites judiciaires s'il ne coupe pas ses scènes de son montage final.

Mickey et Gus

Alors qu'elle l'accompagne au premier concert du groupe dont il est le bassiste, Mickey apprend que Gus va partir pour un week-end dans le Dakota du Sud pour voir sa famille. Comprenant qu'il l'a vexé en ne l'invitant pas à venir avec elle, Gus, après son passage sur scène, corrige sa bévue, bien qu'il appréhende ce déplacement et ce qu'il pourrait enseigner sur son sujet à Mickey.

Les parents de Gus (Ed Begley Jr. et Kathy Baker)

Mickey est présentée aux parents, aux deux frères et à la soeur de Gus, et offre son meilleur jour à la famille Cruikshank. De son côté, Bertie fait appel à Chris pour un problème de plomberie, ce qui contrarie Randy. Interrogé sur ses projets avec Mickey, Gus commet une terrible gaffe en affirmant qu'il ne souhaite pas avoir d'enfant avec elle, dans l'immédiat - il avouera plus tard à la jeune femme que c'est parce qu'il a peur qu'elle se remette à boire.

Gus et Mickey

Blessée, Mickey décide de rentrer à Los Angeles le jour de la fête de l'anniversaire de mariage des parents de Gus. Mais auparavant, elle apprend de nouveaux secrets sur le passé de son compagnon qui, pour la retenir, avoue devant toute sa famille tous les échecs qu'il a récemment subis - le tournage calamiteux de son film, qui est raté, sa carrière en berne, et le sabotage de son couple. Bouleversée par sa franchise, Mickey lui pardonne tout et reste avec lui pour la fête.

Gus et Mickey

Mickey et Gus décident, sur un coup de tête, mais aussi en dressant le bilan de leur relation ces derniers temps (surtout depuis leur déplacement chez les Cruikshank), de se marier. Ils invitent tous leurs amis pour la cérémonie à Catalina mais durant l'échange de leurs voeux, un incident a lieu, les incitant à tout annuler. La fête prévue ensuite est malgré tout maintenue, mais ils faussent compagnie à leurs invités pour s'unir au clair de lune.

Depuis le début de la série, j'ai toujours été embarrassé au moment d'en parler car Love, si elle peut être une série touchante et drôle, sombre aussi souvent dans la vulgarité et se complaît à décrire ses héros comme de pathétiques losers de l'amour, des trentenaires peu aimables auxquels on a du mal à s'attacher.

Pourtant, malgré ces défauts, le show finit toujours par surmonter le pire grâce à son format court (des épisodes de trente minutes en moyenne) et un certain art à ne rien raconter tout en ne racolant pas le téléspectateur. Ce n'est pas un projet aimable, malgré son titre, il faut persister pour lui reconnaître des qualités.

Conçu par Paul Rust, qui tient un des rôles principaux, sa femme Lesley Arfin, et le cinéaste Judd Apatow, Love est donc un objet difficile à critiquer : on le taillerait volontiers en pièces pour ces facilités déplaisantes mais on est aussi enclin à l'indulgence pour son refus de plaire à tout prix, sa peinture des relations amoureuses sans concessions, envisagées comme une suite d'obstacles dérisoires ou plus conséquents.

Trois ans d'existence pour une série, ce n'est pas long, mais Netflix avait prévenu les showrunners qu'ils n'iraient pas au-delà. Rust, Arfin et Apatow, avec leur équipe de scénaristes, ont donc pu travailler à une conclusion sans être pris de court. Mais s'il est important de bien se lancer, pour accrocher le public, il est aussi délicat de bien finir. Et c'est là où les choses se gâtent...

D'abord, Netflix a accordé non pas dix mais douze épisodes à cette saison 3, et ça fait une différence notable car on mesure vraiment à quel point deux épisodes de plus dans la dernière ligne droite peuvent peser. En l'occurrence, ils plombent sérieusement ce cru qui n'est déjà pas fameux dans son ensemble car les auteurs ont voulu développer leur concept aux personnages secondaires : le résultat, c'est que ça donne rien de passionnant, en tout cas d'indispensable. Il n'y a rien d'intéressant à dire sur le premier baiser de cette peste incurable d'Arya (jouée par Iris Apatow, la fille de...), encore moins sur la dépression de cet abruti définitif de Dr. Greg (Brett Gelman). Quant à la fin de la romance bancale entre Randy (Mike Mitchell) et Bertie (Claudia O'Doherty), on s'est toujours demandé comment leur couple a pu durer si longtemps.

Ensuite, la relation de Gus et Mickey, centrale dans la série, se poursuit comme si de rien n'était alors que la saison 2 s'achevait sur une infidélité de la jeune femme, qu'elle réussissait à cacher à son compagnon en se jetant dans ses bras après de multiples crises. Tout cela interroge sur Mickey - véritable garce ou paumée ? - et Gus - gentil con ou crétin aveugle ? - , mais surtout sur la fiabilité de leur duo. Comme si la note n'était déjà pas assez salée, les scénaristes enfoncent le clou cette année en ajoutant de nouveaux cadavres dans le placard du jeune homme : il a été fiancé, humilié par la moitié des professionnels du cinéma à Hollywood suite à une dispute avec Ridley Scott, rechigne à avoir des enfants avec Mickey avant plusieurs années car il craint qu'elle ne sombre à nouveau dans l'alcoolisme, est rongé par des crises de panique et de colère... N'en jetez plus !

A force de charger la mule, le personnage ne ressemble plus à rien et même la scène où il déballe tout son mal-être devant sa famille et Mickey paraît trop forcée pour tout résoudre d'un claquement de doigts. De toute manière, cela était déjà suggéré ou même formulé dans le saisons précédentes, alors pourquoi en rajouter ?

Mickey n'est pas plus gâtée : on la savait menteuse, capricieuse, lunatique, là voilà jalouse, susceptible... Ce qui entre en contradiction avec la réussite qu'elle rencontre enfin au niveau professionnel. Cela devrait lui donner de la confiance (en elle et les autres), de l'assurance, de la compassion : elle apparaît surtout aigrie, cherchant sans cesse la petite bête quand elle ne provoque pas elle-même la crise (l'épisode où elle tombe malade et contamine Gus en sachant très bien que c'est de sa faute). Si Gus est fébrile, Mickey donne plus souvent qu'à son tour le sentiment de vouloir ruiner son couple.

Je crois que c'est Pierre Desproges qui disait : "il ne suffit pas d'être heureux, encore faut-il que tous les autres soient malheureux." Et c'est ce que semble exprimer la série avec ces héros désirant le bonheur et la paix mais le repoussant toujours lorsqu'ils se présentent. C'est usant, lassant.

Ni Paul Rust, acteur limité (dont ce sera sans doute le rôle de sa vie), ni Gillian Jacobs (excellente pour être aussi crédible dans l'exaspération qu'elle inspire, mais qu'on préférait dans Community - contrairement à Alison Brie avec GLOW, elle n'a pas décroché un rôle aussi sympathique et valorisant) ne parviennent à sauver le show de l'ennui, de l'agacement. Seule Claudia O'Doherty alias Bertie vaut la peine qu'on s'y accroche, bien la seule à être touchante et attachante, mais trop rare dans la narration (deux épisodes lui sont vraiment directement consacrés).

A la fin, pourtant, dans un sursaut improbable, Love prend le large, direction Catalina, pour des noces bien entendues acrobatiques, mais à la conclusion euphorisante et tendre. Comme des gamins savourant enfin leur relation, Gus et Mickey se marient, seuls, au clair de lune. C'est sur cette dernière image que le rideau tombe et on aurait bien aimé, quand même, connaître la suite plutôt qu'avoir eu à attendre trois ans (même si l'histoire n'aura duré que huit mois) pour atteindre ce joli moment.

Si le but était de nous donner des regrets, alors c'est réussi. Mais en vérité, c'est surtout de la frustration qu'aura engendrée Love

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