dimanche 10 juin 2018

CAPTAIN AMERICA #703, de Mark Waid, Leonardo Romero et Alan Davis


C'est l'avant-dernier épisode du run de Mark Waid (qui se conclura dans quinze jours) et l'intrigue file toujours à toute allure, dans une narration très compressée, haletante. Le scénariste peut toujours compter sur le talent de Leonardo Romero pour l'illustrer, et le concours d'Alan Davis invité pour quelques pages.


Jack Rogers a libéré du cube cosmique Crâne Rouge alors qu'il espérait y trouver son ancêtre, Captain America. Pour que le nazi l'épargne après avoir appris son nom de famille, il lui explique comment s'emparer du pouvoir en Amérique alors que Washington est en proie au chaos depuis qu'il a découvert les secrets du général Pursur. En échange, Crâne Rouge devra sauver le fils de Jack.


Autrefois. Captain America est prisonnier du Melter et de Radioactive Man qui tentent, par la torture, de lui extorquer les codes de la sécurité du manoir des Avengers. Mais le héros résiste assez longtemps pour que ses acolytes - Hawkeye, Scarlet Witch et Quicksilver - le tirent de ce mauvais pas.


Une fois à la Maison-Blanche, Crâne Rouge neutralise facilement, grâce à la puissance du cube cosmique qu'il a assimilée, les gardes du général Pursur, qui se cache après avoir pris en otage le fils de Jack Rogers. Une fois dans la salle des archives, Crâne Rouge, guidé par Jack, dévoile au public que Pursur a déployé partout des agents dormants Kree pour prendre le pouvoir.


En infériorité numérique face à la foule déchaînée, les Kree sont vaincus et Pursur demande des renforts via un portail spatial. Crâne Rouge continue de consulter les archives et découvre que le fils de Jack porte le prénom de Captain America et est malade. Jack profite que le nazi soit distrait pour localiser Pursur.


Jack affronte le général et délivre son fils, mais Pursur affirme que les renforts Kree arrivent et vont reprendre le dessus. Mais Jack affirme avoir encore un atout dans la manche...

En ayant ouvert l'équivalent de la boîte de Pandore lorsqu'il a libéré Crâne Rouge du cube cosmique où il était détenu depuis sa dernière bataille contre Captain America, Jack Rogers a, comme son aventure, changé dramatiquement de statut. Désormais, il doit composer avec les conséquences de ses actes tout en sachant qu'il lui faudra ruser pour sauver et son fils et le monde pris en tenaille entre le nazi ressuscité et les manigances du général Pursur.

Mark Waid, dont on pouvait craindre qu'en perdant son partenaire Chris Samnee, connaîtrait des difficultés à animer son récit sur un tempo aussi vif, prouve qu'il fonce toujours pied au plancher san faire n'importe quoi. 

L'épisode est dense, jonglant avec plusieurs niveaux de lecture tout en restant focalisé sur le personnage de Jack : ce dernier s'est conduit jusqu'à présent comme subissant la situation, conscient qu'il n'était pas un héros, désirant seulement sauver son fils, mais improvisant avec maladresse jusqu'à devenir un fugitif. Maintenant, il lui faut faire face à plusieurs forces d'ampleur contre lui et sa détermination se manifeste par une attitude plus pro-active. Il manipule Crâne Rouge, suffisamment pour qu'il ne le tue pas et surtout pour qu'il écarte les gardes de Pursur. Puis il affronte directement le général, même si celui-ci obtient des renforts Kree.

Cette fois-ci, Waid n'interrompt l'histoire que par un flash-back mais il est révélateur : Captain America est torturé et résiste jusqu'à ce que les Avengers le localisent et l'aident. Il s'agit d'un intermède situé à l'époque où le héros est le chef de l'équipe, après les départs de Hulk, Ant-Man, la Guêpe, Iron Man et Thor - remplacés par Hawkeye, Scarlet Witch et Quicksilver, trois malfrats repentis. Ainsi entouré, Cap' est dans la même configuration que son descendant Jack, allié à Crâne Rouge, mais surtout il donne l'exemple en ne résignant pas.

Ce passage bénéficie des dessins d'Alan Davis et c'est toujours un régal de voir des pages de ce grand artiste qui, ces dernières années, s'est fait moins rare, mais tout de même discret en collaborant avec Jim Starlin sur des histoires avec Thanos (dont l'écho est resté confidentiel - Starlin a d'ailleurs fait part de son mécontentement concernant la promotion de ces épisodes alors que Marvel mettait le paquet pour populariser le titan fou en vue du film Avengers : Infinity War. Solution : ces récits sont désormais hors continuité et le scénariste a claqué la porte). On espère en tout cas que l'artiste rebondira vite (C.B. Cebulski lui fera-t-il cadeau d'une nouvelle production avec Excalibur ou Clandestine ?).

Le reste de l'épisode est dessiné par Leonardo Romero dont la prestation est comme toujours de haute volée. On ne peut que s'incliner devant la qualité de l'italien qui non seulement a su soutenir la comparaison avec Samnee en le remplaçant, mais qui s'est adapté à la narration de Waid en fournissant des épisodes impeccables, avec un vrai souffle.

Rendez-vous dans quinze jours pour le dénouement et la fin du run de Mark Waid, aussi imprévisible que méritoire et captivant.

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