vendredi 18 mai 2018

X-MEN : RED #4, de Tom Taylor et Mahmud Asrar


Il y a du mieux dans ce quatrième épisode de X-Men : Red. Ce n'est pas encore transcendant, loin s'en faut, mais reconnaissons le progrès de la part de Tom Taylor, toujours bien aidé par Mahmud Asrar. L'intrigue avance nettement, l'équipe se forme enfin, le méchant dévoile son plan : on entre dans le vif du sujet - il était temps. Pourvu que ça dure...


A l'approche du Wakanda où l'équipe Rouge de Jean Grey rentre après leur expédition en Inde où a été sauvée Trinary, Storm l'attaque en foudroyant la Sentinelle qui leur sert de vaisseau. Jean se charge de raisonner son amie, laissant aux autres membres du groupe le soin de protéger les wakandais.
  

A cette occasion, l'équipe Rouge fait la connaissance de Gentle, mutant wakandais, avant que T'challa et Jean examinent Ororo, inconsciente. Ils localisent avec Trinary une nanite dans le cerveau de la déesse africaine qui a affecté son comportement. 


Trinary l'identifie le dispositif comme une Sentinite, une technologie très perfectionnée capable, à partir de son implantation dans l'amygdale, de provoquer des troubles mentaux comme la haine anti-mutants qui s'est récemment répandue.


Pour lutter contre ce danger, Jean veut s'éloigner du Wakanda afin de sécuriser sa population et demande l'asile à Namor (qui avait soutenu son discours à l'ONU). L'équipe Rouge trouve ainsi refuge dans une cité sous-marine proche du royaume d'Atlantis. Trinary a confectionné au Wakanda des combinaisons fonctionnant comme des pare-feux contre les Sentinites tandis que Namor, Storm et Gentle se joignent au groupe.


Cependant, Cassandra Nova est elle aussi active : elle rencontre des dirigeants européens, africains, asiatiques, nord-américains pour leur offrir des Sentinites, produites par Forge (qu'elle contrôle mentalement), afin de détecter et éradiquer les mutants - Jean Grey la première !

Je n'ai jamais rien eu contre la narration décompressée - j'aurai du mal à dire le contraire en tant que fan de Bendis, un adepte de ce style d'écriture - mais à la condition de ne pas avoir le sentiment que le scénariste ne cherche pas à gagner du temps ou traîne trop pour développer son intrigue.

De fait, que Tom Taylor ait eu besoin de quatre épisodes pour établir vraiment le propos de son premier arc narratif reste trop long et il est impossible de ne pas penser qu'il aurait pu accélérer davantage pour (au choix et tout à la fois) former l'équipe Rouge des X-Men, introduire le vilain de l'histoire, présenter la nature de la menace.

Ce qui étonne le plus dans cette lenteur, c'est que, par ailleurs, Taylor a su immédiatement imposer le retour de Jean Grey, comme si elle n'était jamais partie (et donc n'avait jamais ressuscité), asseoir son leadership, crédibiliser les liens qui l'unissent aux membres de son unité. Pourquoi alors quatre épisodes pour poser tout cela définitivement ?

Si la méthode laisse donc à désirer, maintenant qu'on est arrivé, l'intérêt revient après la curiosité (pourtant méfiante) du tout début. Sur le groupe de mutants assemblés, X-Men : Red offre une formation intéressante, quoique Wolverine/Laura Kinney et Honey Badger fassent doublon (toujours cette surpopulation de griffus dans laquelle Marvel ferait justement bien de tailler avec le retour de Logan) - et bien qu'elle partait, pour moi, avec un handicap, Honey Badger se taille la part du lion (la scène où elle se moque de Namor, toujours aussi marmoréen, vaut à elle seule le détour. En termes de diversité (ethnique et de pouvoirs), il y a de quoi faire, même si le nombre (huit membres - peut-être même neuf si Gambit finit par resurgir) est conséquent.

La menace ensuite est classique mais ingénieuse dans la perversité et le plan d'exécution de Cassandra Nova se révèle ambitieux et minutieux, en tout cas tout s'explique parfaitement (les agressions anti-mutants, leur raison, la cible prioritaire). On reste dans le thème rabâché de la persécution et de l'extermination (juste avant une saga globale imminente au titre évocateur X-Termination, mais qui semble surtout destiné à se débarrasser des X-Men originaux, les All-New X-Men provenant du passé par Bendis), sans surprise - comme je l'ai dit au sujet de la mini Rogue & Gambit, personne à part Kelly Thompson ne semble avoir l'idée de raconter d'histoire avec des mutants sans cela.

Mahmud Asrar a porté le titre depuis le début et, sans lui, j'aurai abandonné si tout n'avait progressé ce mois-ci. Sa prestation est du tonnerre encore une fois, c'est comme si on retrouvait l'artiste brillant qui avait eu la lourde tâche de succéder à Immonen sur All-New X-Men, avec un trait qui évoque justement son illustre collègue en s'en affranchissant.

Asrar a la bonne et simple idée de concentrer sa narration en fonction du/des personnage/s qui occupent le premier plan. Quand il met en scène le duel Jean-Storm, on ne voit qu'elles. Sinon, il s'attache à représenter l'équipe dans sa totalité dans des plans généraux pour souligner que c'est un corps uni dans l'urgence et la nécessité, qui intègre le nouveau venu, Gentle, pour le rassurer mais aussi pour son talent, qui recrute Namor de manière naturelle.

A contrario, Cassandra Nova joue seule sa partition avec une détermination apparemment infaillible, suivant une stratégie terriblement bien huilée (une assurance évidente puisqu'elle est quand même la soeur jumelle de Charles Xavier).

Qu'espérer pour la suite ? Que Tom Taylor continue ce qu'il a atteint ici : une progression constante, un récit qui se déploie, de l'action. Avec Mahmud Asrar, il dispose d'un atout indéniable. Qu'il ne gâche ni ce qu'il a réussi ni ce dont il bénéficie.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire