dimanche 13 mai 2018

ROGUE & GAMBIT #5, de Kelly Thompson et Pere Perez (FINALE)


Avec ce cinquième épisode, c'est la fin de la mini-série Rogue & Gambit écrite par Kelly Thompson et dessinée par Pere Perez. Une des productions les plus rafraîchissantes parmi la franchise mutante de Marvel, loin des poncifs et pleine de pep's jusqu'au bout.


Rogue et Gambit ont découvert que Lavish et le Dr. Grand ont créé une armée de facsimilés d'eux-mêmes à partir de leurs souvenirs recueillis lors de séances thérapeutiques dans la clinique de Paraiso où le duo enquêtait sur la disparition d'autres mutants.


Ils doivent à présent, pour récupérer leurs souvenirs et leurs pouvoirs, combattre leurs doubles et les détruire. Conséquence : à chaque clone tué, ils se remémorent des moments de leur passé plus ou moins agréables. Pour accélérer la manoeuvre, Rogue a une idée pour laquelle elle demande à Gambit de lui gagner du temps.


Rogue s'en prend au Dr. Grand en a la confirmation qu'elle est une créature, un golem modelé par Lavish, conçu pour supporter les pouvoirs qu'il absorbe. Détruite, le Dr. Grand oblige Lavish à lancer ses troupes dans un ultime assaut que ne peut contenir seul Gambit.


Rogue absorbe tous les pouvoirs des soldats de Lavish, ce qui pulvérise Lavish en cendres, mais laisse la mutante en proie à la confusion à cause des énergies qu'elle doit contenir. Soutenue par Gambit, Rogue se rend à l'hôpital de Paraiso où elle rend leurs pouvoirs aux patients qui y avaient échoué dans un état apathique.
  

Leur mission accomplie, Rogue présente ses excuses à Gambit pour avoir pensé qu'il ne voulait être avec qu'elle que pour la séduire à nouveau. En même temps, la solidarité dont il a fait preuve a réveillé les sentiments de Rogue pour son partenaire qui l'invite à reprendre leur vie ensemble.

Ce qui frappe dans cet épisode, comme dans les précédents, et qui signe la manière d'écrire de Kelly Thompson, c'est la profonde affection qu'elle éprouve pour ses personnages principaux. Cette rédaction qu'on pourrait qualifier de sentimentale lui permet de trouver un ton juste et bienveillant, de nous rendre les héros attachants tout en nous les montrant à un tournant de leur relation.

Au commencement de la mini-série, Rogue n'est pas ravie de devoir faire équipe avec Gambit qu'elle a aimé et qui l'a plusieurs fois délaissée, tandis que Gambit pense une fois de plus profiter de la situation pour la courtiser, de manière légère, sans intention de s'engager. Progressivement, pourtant, à la faveur de la comédie qu'ils doivent jouer pour mener leur enquête dans une clinique sur des couples à problèmes, ils livrent leurs ressentiments l'un envers l'autre et, subséquemment, se rappellent aussi les bons moments qu'ils partagèrent depuis leur rencontre.

De manière subtile et malicieuse, Rogue admet que Gambit n'a pas toujours mal agi, et Gambit reconnaît ses fautes mais aussi son affection sincère pour Rogue. Thompson met cela en parallèle avec leurs recherches sur la clinique où on conçoit des clones à partir des souvenirs des patients qui, une fois répliqués, disparaissent mystérieusement tandis qu'à l'hôpital voisin des malades hagards débarquent sans que les médecins comprennent de quel mal ils souffrent.

Le procédé est habile qui voit des êtres dépossédés de leur personnalité quand les deux héros, en confiant à une psy - par ailleurs complice d'un mutant créateur de golems pour partager les pouvoirs qu'ils volent à ses semblables - leurs aventures communes, prennent connaissance de leurs caractères et de leur complicité. La scénariste fait passer tout cela dans des dialogues ciselés, ponctués de flash-backs, et assaisonnés de scènes d'action explosifs, dans une construction narrative qui fait référence à Un Jour sans fin (puisque Rogue et Gambit sont manipulés mentalement pour oublier ce qu'ils ont fait la veille).

Le final est plus classique, avec une grande baston où le couple doit abattre les golems façonnés à leur image, à partir de leurs souvenirs - une autre forme de thérapie où chacun casse la figure du clone de l'autre pour se défouler et apprécier leur complémentarité. La solution trouvée par Rogue aboutit à un happy end où les victimes de Lavish récupèrent leurs pouvoirs après la mort du méchant et, surtout, où Gambit regagne l'amour de sa chère en reconnaissant lui-même qu'il l'aime vraiment.

J'ai pu paraître sévère ou insatisfait par la partie graphique assurée par Pere Perez, dont je trouve le style un peu trop lisse. Mais, sans me dédire, je lui reconnais des qualités indéniables : d'abord, il est très régulier dans la qualité, assurant les cinq épisodes sans faillir, osant même quelques découpages très soignés, faisant de beaux efforts sur l'expressivité, toujours au service du script si enchanteur de Thompson. Ensuite, lui aussi semble sincèrement apprécier les deux héros et s'être solidement documentés pour les représenter à la fois dans les flash-backs (qui renvoient tous à des périodes précises) et les scènes de foule (dans les combats contre les clones).

Son traitement des décors est plus impersonnel car il fait appel massivement à l'infographie sans ajouter des effets de textures ou d'ombres et lumières qui atténueraient le rendu un peu froid. Mais sans doute faut-il y voir un sacrifice nécessaire pour tenir les délais. Et, une fois n'est pas coutume, la colorisation de Frank d'Armata n'est pas trop sombre, ce qui contribue à la lisibilité de l'ensemble (le décor exotique obligeant à cela aussi).

Clos sur une note très drôle (où on apprend pourquoi Rogue aime les chats, qui lui ont permis d'éviter le courroux du Pr. Xavier...), Rogue & Gambit donne surtout l'envie que Kelly Thompson, comme la rumeur le laisse croire, hérite d'un titre mutant plus exposé et plus long car elle a prouvé le tonus et la singularité avec lesquels elle pouvait animer ces personnages trop souvent abordés à travers des thèmes vus et revus. 

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