vendredi 25 mai 2018

JUSTICE LEAGUE : NO JUSTICE #3, de Scott Snyder, James Tynion IV, Joshua Middleton, Riley Rossmo et Marcus To


Pour son troisième acte, Justice League : No Justice ne freine pas, mais, hélas ! subit quelques changements désagréables avec l'absence de Francis Manapul peu avantageusement remplacé par Riley Rossmo - ce qui tend à montrer une impréparation éditoriale pour un projet qui a dû être établi pour s'assurer d'une cohérence graphique. Malgré ce bémol, on passe encore un excellent moment, entre le dénouement de l'intrigue sur Colu et ses conséquences sur notre Terre.


Sur Terre, Amanda Waller et Green Arrow ont trouvé dans le cercle arctique la graine déposée là par les Titans Oméga mais divergent sur quoi en faire - elle veut la détruire, lui préfère s'en remettre au Green Lantern Corps. Cependant, sur Colu, l'équipe Entropie de Batman a libéré de la prison de l'Ultra-Pénitence Vril Dox, le fils cloné de feu Brainiac, qui leur confirme que son père prévoyait de sauver sa planète en sacrifiant la Terre.


Les quatre Ligues de Justice décident de tout faire pour contrarier ce plan en empêchant le Titan Oméga sur Colu de profiter des quatre arbres qu'elles protègent. Wonder Woman sauve l'arbre de la Merveille grâce à son lasso de vérité qui écartent les créatures démoniaques qui le protègent.


Cyborg réussit, lui, à absorber toutes les données sur les habitants de Colu collectées dans l'arbre de la Sagesse grâce son armure dont la technologie provenant d'Apokolopis déjoue les blocages de la combinaison de Brainiac.
  

Sinestro accepte, à contrecoeur, à la demande de Starfire et sur l'ordre de Superman, d'extraire tous les containers de l'arbre du Mystère avec son anneau. De son côté, l'équipe Entropie de Batman évacue les habitants de Colu et embarque Vril Dox. Pour leur permettre, à tous, de fuir, Starro se sacrifie en attaquant le Titan Oméga qui pour se débarrasser de lui détruit la planète (et périt avec).


Mais les manoeuvres de quatre Ligues ont des conséquences immédiates sur Terre, comme l'avait prévu Amanda Waller : quatre nouveaux arbres éclosent (à côté de S.T.A.R. Labs, de la prison de Belle Reve, de la Tour du Dr. Fate et de la Forteresse de Solitude de Superman) et les trois Titans Oméga restants surgissent au-dessus de notre monde, prêts pour leur récolte...

Il paraîtra sans doute curieux de parler d'épisode de transition pour évoquer le troisième et pénultième chapitre de cette mini-série, mais c'est pourtant l'impression qui se dégage de cette lecture. A l'évidence, les trois scénaristes - Scott Snyder, James Tynion IV et Joshua Middleton - ont voulu clore ici une partie de l'intrigue avant d'aborder le grand final sur Terre.

La mort de Brainiac et l'apparition de son fils cloné dans les deux épisodes précédents ont servi à la fois de cliffhangers et de twists pour alpaguer le lecteur tout en présentant rapidement les enjeux, la menace, et les protagonistes (même si, en vérité, pour ces derniers, on se rend compte que la caractérisation reste sommaire compte tenu de leur nombre pléthorique et du nombre de pages limité).

L'explication de texte que Vril Dox dispense à l'équipe Entropie au début permet d'éclaircir définitivement ce qu'il était déjà facile de deviner auparavant, à savoir que le kidnapping de héros et de vilains par Brainiac pour sauver Colu, n'était qu'une tactique pour sacrifier la Terre et lui permettre de passer aux yeux de ses semblables de super-criminel à celui de nouveau messie.

Mais, en prime, les auteurs nous en disent davantage sur les arbres qu'ont jadis planté les Titans Oméga et on comprend désormais parfaitement le sens des noms de code de chaque Ligue de Justice formée pour cette mission par Brainiac. Le Mystère désigne une nurserie avec ses containers remplis de mondes miniaturisés, la Merveille rassemble à la fois le savoir scientifique et mystique de Colu, la Sagesse est une banque de données géantes sur tous les habitants de la planète. Vril Dox personnifie l'Entropie, soit la fonction exprimant le principe de la dégradation de l'énergie menaçant Colu à cause des Titans Oméga.

Si les ficelles dramatiques ne sont guère subtiles et les symboles simples, il n'en reste pas moins que la pilule passe bien parce que les trois scénaristes passent vite dessus : il s'agit de prétextes pour cette "union sacrée" de héros et de vilains ourdie par un méchant machiavélique. Le rythme sauve littéralement cette mini-saga qui ne joue pas sur la finesse mais mise tout sur le grand spectacle.

Et, comme auparavant, les dessinateurs collent à cette ambition en multipliant les doubles pages en guise de découpage. A force, il faut bien admettre que le procédé est à la fois trop systématique et empêche l'émergence de moments forts et saillants au profit d'un sentiment d'urgence permanent. Les personnages sont majoritairement sacrifiés, et n'émergent que quelques figures comme le Martian Manhunter ou, cette fois-ci, Starro, dont le sacrifice est vraiment étonnant. De fait, cela répond tout seul à la question : fallait-il une vingtaine de protagonistes sur Colu, des équipes de cinq membres ? Sans doute le récit aurait-il gagné à privilégier moins de monde et mais plus de spécialistes (à part libérer Vril Dox et évacuer tout le monde, à quoi à servi l'équipe Entropie, avec pourtant Batman et Luthor ?).

On y gagne d'autant moins que Francis Manapul ne signe que la couverture de l'épisode, suppléé par Riley Rossmo et Marcus To pour les pages intérieures (je n'ai pas compté mais il me semble qu'ils en réalisent le même nombre chacun). Rossmo est peu inspiré et son trait est laid (voyez comme il enlaidit Wonder Woman), alors que To, classique mais solide, assure le boulot avec professionnalisme et plus d'élégance. La transition de l'un à l'autre saute aux yeux, bénéficiant à To, mais il est déplorable que le staff éditorial d'une série hebdomadaire en seulement quatre épisodes n'ait pas suffisamment préparé la parution pour permettre à Manapul de livrer 80 pages à temps.

La dernière page promet beaucoup et la fin de l'histoire sera indéniablement spectaculaire, sans certainement causer de nouvelles victimes parmi les "gentils" mais en justifiant la redistribution des Ligues en vue des prochaines séries qui leur seront dédiées.

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