samedi 28 avril 2018

SPIDER-MAN : HOMECOMING, de Jon Watts


J'aurai bien aimé vous parler de Avengers : Infinity War, mais je ne l'ai pas encore vu (il n'est pas encore programmé par chez moi, mais j'espère que ça ne devrait plus tarder). Lot de consolation : une entrée consacrée à Spider-Man : Homecoming, sorti l'an dernier, que j'avais zappé lors de son exploitation en salles, et qui officialisait, après son apparition dans Captain America III : Civil War, l'intégration du Tisseur dans le MCU. Un retour aux sources (dixit le titre original) convaincant.

 Adrian Toomes/le Vautour (Michael Keaton)

Adrian Toomes a passé un gros contrat avec la Mairie pour nettoyer New York après le combat qui a opposé les Avengers à Loki et les Chitauri (cf. Avengers, 2012). Mais les opérations sont reprises en main par la société "Damage Control", une filiale de Stark Industries. Toomes est obligé de se retirer, non sans avoir subtilisé du matériel extra-terrestre avec ses ouvriers afin de le vendre sur le marché noir. 

Peter Parker (Tom Holland)

Huit ans après. Après avoir participé aux côtés de Iron Man et ses partisans à la "guerre civile" contre Captain America et ses amis, Peter Parker alias Spider-Man reçoit en cadeau, pour service rendu, le costume amélioré qu'a conçu pour lui Tony Stark, qui lui promet par ailleurs de le rappeler à l'occasion. Pour rester disponible, Peter quitte l'équipe de Décathlon académique et lutte contre les malfrats de son quartier, restant en contact avec "Happy" Hogan, le bras droit de Stark.

Peter Parker/Spider-Man (Tom Holland)

Une nuit, en patrouille, il surprend ainsi des gangsters en train de vendre des armes extra-terrestres à un certain Davis et tente de les arrêter. Mais en les poursuivant, Spider-Man est surpris par un homme masqué équipé d'ailes mécaniques qui l'écarte. En rentrant chez lui discrètement, il oublie qu'il avait donné rendez-vous à son ami Ned Leeds qui le surprend en costume et découvre donc sa double identité - mais promet de garder le secret. Ensemble, ils examinent une des armes que le Tisseur a pu récupérer. En suivant la signature énergétique de l'arme, Schultz, acolyte de Toomes, remonte jusqu'au lycée de Midtown où étudie Peter, qui réussit à coller un traceur au malfrat. La nuit venue, il peut ainsi le pister jusqu'au repaire de Toomes dans le Maryland qu'il identifie comme l'homme ailé qui l'a attaqué précédemment. 
  
Spider-Man

Contre l'avis de Ned, Peter désactive la balise de son costume, grâce à laquelle Hogan peut le localiser, et en déverrouille toutes les fonctionnalités avancées pour espérer vaincre le Vautour. Il tente ainsi le vilain de voler des armes dans un camion de "Damage Control" mais échoue à maîtriser son adversaire. En revanche, dans sa fuite, celui-ci a perdu un noyau semblable à celui qui alimente l'arme trouvé par Spider-Man, qui comprend alors que cet élément est explosif - ce qui compromet mortellement Ned (qui a conservé le premier noyau).

Le Vautour

Spider-Man se précipite au Décathlon académique mais les épreuves sont déjà terminées et les vainqueurs (ses camarades de classe) visitent le Washington Monument. C'est en parvenant au sommet en ascenseur que le noyau de Ned explose en tombant de sa veste. Spider-Man sauve ses amis in extremis. De retour à New York, Peter Parker retrouve Davis, l'acheteur de la première transaction qu'il a surprise, et celui-ci lui avoue que Toomes va faire affaire avec un certain McGargan sur le ferry de Staten Island. En tentant de faire échouer la transaction, Spider-Man est piégé par le Vautour et perd le contrôle de la situation, ne devant son salut (et celui des passagers) qu'à l'intervention d'Iron Man. Conséquence : Stark lui confisque le costume.  

Ned Leeds et Peter Parker (Jacob Batalon et Tom Holland)

Bon gré mal gré, Peter reprend sa vie de lycéen et invite Liz à être son cavalier au bal de promo. En allant la chercher chez elle, il découvre, sidéré, que son père n'est autre que Toomes, qui, ensuite, en les conduisant à la fête, déduit que Parker est Spider-Man et le menace discrètement de ne plus se mêler de son business. Mais Peter, mal à l'aise, disparaît de la soirée pour suivre Toomes et apprend qu'il va détourner un avion-cargo de Stark Industries.

Spider-Man vs. le Vautour

Revêtant son premier costume, artisanal et aux gadgets réduits, Spider-Man poursuit le Vautour dans les airs et l'affronte jusqu'à provoquer le crash de l'avion-cargo sur la plage de Coney Island. Au bout d'une dernière bagarre, il vient à bout de son ennemi et le livre aux autorités.

"Happy" Hogan, Tony Stark et Peter Parker (Jon Favreau, Robert Downey Jr. et Tom Holland)

Son père attendant son procès, Liz et sa mère quittent New York pour l'Oregon. Stark, impressionné, a révisé son jugement et offre à Peter un nouveau costume et une place au sein des Avengers. Mais le garçon préfère décliner et continuer à se perfectionner à se consacrant à son quartier. 

May Parker (Marisa Tomei)

En rentrant chez lui, il trouve pourtant sur son lit un paquet livré par Stark avec son costume et l'enfile. C'est alors que sa tante, May Parker, le surprend et découvre qu'il est Spider-Man !

Deux scènes supplémentaires interviennent durant le générique de fin :

- 1/ Adrian Toomes retrouve en prison McGargan qui lui propose de faire tuer Spider-Man car il connaîtrait sa véritable identité. Mais l'ex-Vautour refuse, préférant sans doute se réserver le privilège de se venger.

- 2/ Dans une vidéo éducative, Captain America vante les bienfaits de la ténacité et de patience au public avant de s'interrompre pour demander au réalisateur combien de messages comme celui-ci il doit tourner.

Avant que Disney-Marvel n'acquiert récemment Fox studios et donc récupère les droits d'exploitation cinématographiques de plusieurs de ses personnages (X-Men, Fantastic Four), le cas de Spider-Man était une véritable épine dans le pied du géant du divertissement. Comment se passer d'un de leurs héros les plus populaires plus longtemps ? C'est que le détenteur du Tisseur pour le grand écran était un autre géant des médias, Sony, peu disposé à vendre la poule aux oeufs d'or.

Finalement, un accord fut trouvé pour une sorte de prêt qui permettait à Spider-Man d'intégrer le Marvel Cinematic Universe en partageant les bénéfices des films entre Disney-Marvel et Sony. Le personnage fut d'abord injecté dans l'intrigue de Captain America III : Civil War, d'une manière un peu forcée (comme s'il avait toujours été prêt au service mais sans être appelé à participer aux "festivités", sans rappel de ses origines qui plus est). Mais finalement l'impact fut positif car l'intervention du Tisseur dans l'histoire marqua les esprits et annonçait de futures productions.

Le perdant dans cette affaire fut Andrew Garfield, qui endossa le costume dans les deux films (honnêtes) de Marc Webb (également éjecté, depuis revenu à un cinéma plus modeste). La volonté de Disney-Marvel étant de revenir à un héros plus jeune, adolescent, pour cibler un public du même âge et coller aux comics originaux (et à la version "Ultimate" de Brian Michael Bendis et Sara Pichelli, remerciés au générique). Là encore, pourtant, ce pari est gagnant car Tom Holland, le successeur de Tobey Maguire et Garfield, compose un Peter Parker/Spider-Man idéal, à la fois vanneur, courageux, ingénieux, et pugnace, assurant certaines de ses cascades (il a une formation de gymnaste et de danseur) : il apporte une fraîcheur indéniable, loin de l'air de cocker horripilant de Maguire, et plus candide et juvénile que Garfield.

Le réalisateur Jon Watts, qui a également co-écrit le scénario (avec pas moins de cinq collaborateurs : Jonathan Goldstein, John Francis Dailey, Christopher Ford, Chris McKenna, Erik Sommers) a fait des choix narratifs et filmiques au diapason de ce casting, en n'hésitant pas à miser sur la culture du public qui a connu déjà deux incarnations et autant d'origin stories du personnage en 15 ans ! Ainsi il ne fait qu'évoquer les circonstances dans lesquelles Peter a acquis ses pouvoirs, dans un dialogue bref, et supprime toute allusion à des seconds rôles familiers comme Gwen Stacy, son père, Mary-Jane Watson (quoique le personnage incarné par Zendaya Coleman suscite une certaine confusion en étant appelé "M.J", mais c'est si peu développé, et si pauvrement joué par une comédienne sans talent, qu'on le remarque à peine), J. Jonah Jameson et le "Daily Bugle" (Peter Parker ne travaille pas pour payer ses études comme photographe). Un coup de balai salvateur.

Parfois, ce dépoussiérage fonctionne merveilleusement et dynamise le film en se recentrant sur son héros, son ennemi (Michael Keaton est épatant en Vautour, un méchant aux motivations originales, passé du "côté obscur" par la faute de Stark Industries qui a mis son affaire sur la paille), ses alliés (Iron Man apparaît dans un rôle de mentor équivoque, mais Robert Downey Jr. a la bonne idée de rester sobre - même si, ça reste le point le plus discutable du projet, Spider-Man devient du coup la créature de Stark, qui lui a fabriqué un costume, le parraine comme futur Avenger...). Parfois aussi, ça coince car les intentions marketing sont un peu trop voyantes (Flash Thompson est interprété par Tony Revolori, qui était le groom Zero dans The Grand Budapest Hotel, et qui n'a donc plus rien du personnage des comics, véritable brute envers Parker). Et certains s'émeuvent du rajeunissement sexy de tante May (même si Marisa Tomei a 54 ans, elle affiche une beauté incroyable et donne un sacré coup de fouet à son rôle)...

Toutefois, il serait déplacé de faire la fine bouche devant le programme offert car le film est redoutablement efficace et ses 135 minutes filent à un train d'enfer, avec un récit trépidant, très équilibré entre la part accordé à la vie quotidienne des personnages et l'action spectaculaire, qui compte quelques scènes mémorables. Tout concourt à rendre justice au personnage, avec le savoir-faire des studios Marvel, sanctionné par un succès mérité. Et puis, qui résisterait à la délicate attention du compositeur Michael Giacchino qui a réussi à glisser, en le réorchestrant, le thème musical du dessin animé des années 70 dans le générique du début ? 

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