dimanche 18 mars 2018

MARVEL TWO-IN-ONE #4, de Chip Zdarsky et Valerio Schiti


Tout d'abord, publions un erratum : contrairement à ce que j'avais annoncé (mais, pour défense, en croyant sincèrement l'avoir lu), ce n'est pas Jim Cheung qui dessine cet épisode mais toujours Valerio Schiti (Cheung devrait, en revanche, revenir pour le #6, qui seront ses derniers numéros - mais j'en parlerai plus loin). Chip Zdarsky reste, lui, aux commandes du scénario et, pour ceux qui se plaignaient du manque d'action de la série jusqu'à présent, il corrige franchement le tir cette fois...


En compagnie du Dr. Rachna Koul, Ben Grimm et Johnny Storm entament leur voyage dans le Multiverse, après avoir dit "au revoir" à Alicia Masters et Spider-Man. Traversant le Multiplan, ils se dirigent vers le première Terre parallèle à leur portée où, espèrent-ils, ils retrouveront Reed, Sue, Franklin et Valeria Richards.


Après un atterrissage plutôt périlleux en plein coeur de New York, Rachna laisse les deux héros localiser le Baxter Building tandis qu'elle part en ville procéder à des relevés énergétiques. Rapidement, pourtant, Ben et Johnny sont pris à parti par Wolverine et She-Hulk, missionnés par le SHIELD, qui les soupçonnent d'être des Skrulls. 


Après une brève altercation, le malentendu est levé et les visiteurs apprennent que ce monde a dû faire face à une invasion massive (plus d'un million d'individus ont été remplacés par des Skrulls), ce qui a poussé les autorités à adopter des mesures drastiques, dont Reed Richards est le concepteur.


Mais en faisant la connaissance de ce dernier, Johnny et Ben comprennent immédiatement qu'il ne s'agit pas de leur beau-frère et ami : Sue et la Chose sont mortes, Johnny s'est retiré, comme le leur explique Hank McCoy/le Fauve.


Le sort de cette Terre s'est joué après une énième attaque de Galactus contre lequel le Dr. Doom s'est interposé avec succès : il a terrassé le géant en absorbant son énorme puissance. Promettant de ne jamais dévorer ce monde, il s'est par contre rassasié en engloutissant tout le reste du système solaire !

Chip Zdarsky a pris son temps pour installer son aventure, peut-être effectivement un peu trop si on le juge avec le recul. Effectivement car d'après les sollicitations de Marvel, l'arc The Fate of the Four doit prendre fin au n°6, ce qui suggère qu'on aura alors à la fois droit à la réunion des Fantastic Four et, dans la foulée, l'annonce d'une nouvelle série mensuelle qui leur sera consacrée (à la condition que les chiffres de vente de Marvel Two-in-One aient convaincu l'éditeur...).

Mais, avec cet épisode, les choses bougent vraiment : cette fois, ça y est, nous voilà partis pour explorer le Multivers à la recherche du reste de l'équipe. La première Terre parallèle visitée offre une situation étonnante et palpitante, riche en éléments dramatiques (une invasion Skrull sévèrement réprimée, Doom devenu Galactus). Il y a là une matière particulièrement dense qui mériterait d'être exploitée, d'autant plus qu'on apprend vite que ce n'est pas sur ce monde que Ben Grimm et Johnny Storm retrouvent Reed, Sue et leurs enfants - ce qui pose tout de même un problème relatif à la résolution promise de l'arc narratif dans deux épisodes : ça semble plus signifier que c'est ce qui se passe sur cette Terre qui sera solutionné que la quête de la Chose et de la Torche humaine...

L'autre piste qui interrogera le lecteur (et s'ajoute au problème précité), c'est l'agenda secret de Rachna Koul qui ne s'est pas imposée dans ce voyage dimensionnel juste par goût de l'aventure mais bien, comme le suggèrent les premières pages, parce qu'elle cherche de quoi soigner quelqu'un.

En somme, c'est comme si, après avoir démarré lentement, Zdarsky nous en donnait soudain presque trop, ouvrant plusieurs pistes, exposant des enjeux d'envergure, avec toujours, comme une épée de Damoclès, les pouvoirs déclinant de deux Fantastiques. Ce déséquilibre souligné par l'imminence programmée de la fin de l'arc narratif a de quoi interroger. D'autant plus que...

... Que l'absence de Jim Cheung correspond à une double actualité parallèle : l'artiste a produit un dessin promotionnel pour Marvel "Fresh Start", le nouveau statu quo éditorial de la "maison des idées". On y voit, comme toujours dans ce genre d'opération publicitaire, une image réunissant les personnages destinés à occuper le devant de la scène dans les prochains mois, et parmi ceux-ci il y a Ben Grimm... Mais pas Johnny Storm. Doit-on comprendre que seule la Chose reviendra de ce périple et que, donc, The Fate of the Four signifie que le personnage sera le dernier des FF vivant ?

Ensuite, Cheung, toujours, en annonçant que sa prestation sur le titre, s'achèverait au #6 a anticipé de peu l'annonce officielle de son arrivée chez DC, où il va dessiner le relaunch par Scott Snyder de la série Justice League. C'est une autre vedette qui passe à la concurrence (on se demande maintenant qui sera le prochain).

Concomitamment, Valerio Schiti ne va pas faire non plus de vieux os sur Marvel Two-in-One puisque lui aussi a trouvé un nouveau job régulier en devenant le prochain partenaire de dan Slott sur une nouvelle série Iron Man. L'italien (dont on peut penser que, si Bendis était resté chez Marvel avec la promesse de l'éditeur de lui confier Fantastic Four, il aurait dessiné leur série) donne tout ce qu'il a sur cet épisode : l'avoir associé, en alternance, à Cheung, est une idée brillante car leurs styles se complètent. 

Schiti est moins obsédé par la belle image détaillé mais il est supérieur en termes de storytelling, sachant donner vie à n'importe quelle scène, brillant dans l'action, le mouvement, soulignant l'expressivité pour traduire les émotions du récit. Ce dynamisme du script est donc parfaitement servi par l'artiste (et laisse donc des regrets car il ne dessinera plus ces héros qui lui conviennent si bien).

Bien malin qui pourra, au terme de ce quatrième épisode, où va Marvel Two-in-One (mini-série au dénouement qui promet d'être expéditif ? Ou préparation prolongée à un hypothétique retour des FF ?). La lecture est agréable mais le flou entretenu quant au terme de cette aventure éditoriale intrigue au moins autant que l'histoire racontée par Zdarsky.   

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