mercredi 28 février 2018

SUPERMAN #10-11, de Peter J. Tomasi et Patrick Gleason


Je sais que ça va vous paraître curieux de découvrir une critique sur la série Superman, co-écrite par Peter Tomasi et Patrick Gleason, ce dernier en étant aussi un des dessinateurs, alors que le titre va bientôt (en Juin pour être exact) être relancé avec Brian Michael Bendis et Ivan Reis aux commandes. Qui plus est un article sur les épisodes 10-11... Mais je peux tout vous expliquer en vous disant que c'est pour préparer une entrée imminente sur le premier recueil de la série Super Sons, également écrite Par Tomasi et dessinée par Jorge Jimenez, et donc ces deux numéros constituent en quelque sorte le prologue (même si on peut les zapper). Maintenant, voyons comment Damian Wayne et Jonathan Kent se sont rencontrés pour la première fois avant de faire équipe dans leur propre mensuel... 


Robin, avec l'aide de Nobody, enlève Jonathan Clark dans son école à Hamilton et l'embarque jusqu'à la Bat-cave afin de l'examiner, craignant qu'il ne représente un danger car il ne maîtrise pas bien ses pouvoirs. Lorsque Batman découvre la situation, il n'a pas le temps de la réprouver que Superman surgit, furieux, et exige des explications.


Finalement, les deux héros reprennent leur calme et conviennent d'approfondir les tests médicaux entamés par Damian Wayne : ils découvrent ainsi que les pouvoirs de Jonathan sont à la mesure des émotions qu'il éprouve et, donc, qu'il lui faut apprendre à se contrôler.


Dans cette seconde partie de l'arc narratif In the name of the father, nous allons voir comment Superman et Batman vont s'employer à entraîner Jonathan Kent tout en donnant une leçon à Damian Wayne.


Pour réprimander son fils et évaluer Jon, mais aussi voir s'ils peuvent être partenaires, Batman avec la complicité de Superman a concocté aux deux garçons un parcours du combattant où leurs aptitudes et leur solidarité seront éprouvées.
  

En unissant leurs forces, ils s'en sortent avec succès et les deux garçons admettent eux-mêmes leur complémentarité. Alfred Pennyworth les baptise "Super Sons", ce dont s'enorgueillit Damian en s'attribuant tous les mérites... Jusqu'à ce que, agacé, Jon ne riposte ! C'est pas (encore tout à fait) gagné...

Je suis passé à côté du run du tandem Peter Tomasi-Patrick Gleason sur Superman, trop conquis par la reprise de Batman par Tom King et sa dream team d'artistes. Et je le regrette un peu, même si je ne peux pas tout lire, qu'il faut donc faire des choix, et que j'avais adoré la série Batman and Robin de cette équipe (durant l'ère des "New 52").

Mais récemment, après tourné autour un bon moment, j'ai découvert le spin-off, Super Sons, également écrit par Tomasi, et je suis tombé sous le charme de ce titre plein de pep's... Dont je viens d'apprendre qu'il serait annulé en Mai prochain au 16ème épisode !

Ce dernier est facilement accessible, il n'y a à vrai dire aucun besoin de lire cet arc de Superman pour être accroché et tout saisir. Mais disons que si on l'a lu auparavant, le plaisir en est accru. Il ne s'agit après tout que de deux numéros, divinement rédigés et superbement dessinés : pourquoi s'en priver ?

L'intrigue tient sur un ticket : Robin surveille, avec Nobody, sa partenaire occasionnelle, Jonathan Kent, le fils de Superman et Lois Lane, installés dans la bourgade d'Hamilton, et découvre qu'il a hérité des pouvoirs de son père mais sans bien les maîtriser. Comment toujours avec Damian Wayne, mieux vaut prévenir que guérir et il enlève donc le garçon pour lui infliger une batterie de tests qui déterminera sa dangerosité. Evidemment, rien ne va se passer comme prévu, surtout quand leurs pères respectifs vont s'en mêler...

Mais qu'importe le prétexte et son peu d'épaisseur, car ces deux épisodes sont aussi une manière de démontrer que le statu quo "Rebirth" n'est pas un reboot mais bien un cycle de corrections par rapport à la période des "New 52" qui l'a précédé. Tout n'a pas été effacé et relancé, il s'agit plutôt de rééquilibrer certains éléments, de consolider certaines fondations, de redonner de la profondeur, d'aligner la perspective. Ainsi, le scénario multiplie les allusions à l'ère précédente (Damian évoque sa mort, puis l'entreprise de son père pour le sauver des griffes de Darkseid, sa résurrection ; Nobody renvoie aux huit premiers épisodes de Batman and Robin et à la mini-série -partiellement - écrite et dessinée par Gleason Robin, son of Batman, tout comme Goliath).

Pourtant Damian Wayne n'est pas une création de Tomasi mais de Grant Morrison, introduite lors de son long passage sur la série du Dark Knight. Mais le personnage a su traverser les années sans perdre de son piquant, devenant même le Robin de référence (depuis Dick Grayson, et devant Tim Drake ou Jason Todd) : doté d'un caractère de cochon, et d'un génie du combat quasi-égal à celui de Batman, c'est, il est vrai, un héros en or, capable de corser n'importe quelles histoire ou série.

Que pèse Jonathan Kent face à lui ? Au départ, pas grand-chose : le fils de Superman et Lois Lane est aussi bienveillant et charmant que son illustre daddy, et même s'il aurait envie d'utiliser davantage ses pouvoirs, il obéit aux recommandations de ses parents. Puis l'aventure dans laquelle il est embarqué le révèle comme un garçon plus dégourdi et malicieux qu'il n'y paraît, capable de rabattre son caquet à Damian. Il est plus attachant aussi, s'attirant la sympathie du lecteur par son humilité et son endurance. Enfin, on se réjouit quand il moque Robin en lui rappelant qu'il est plus grand, plus fort, plus puissant que lui... Et la mine affligée de Batman et Superman quand, à la fin, pensant que leurs rejetons vont former un duo aussi prometteur que le leur, vaut son pesant de cacahuètes.

Pour exprimer toutes ces émotions en donnant du souffle à deux épisodes riches en action, Gleason ne faillit pas et livre des planches merveilleuses, que l'encrage (majoritairement produit) par Mick Gray sublime. Familier des jeunes personnages, il les anime à la perfection en sachant les rendre expressifs sans verser dans l'outrance, et lorsqu'il passe aux scènes avec leurs pères, il souligne subtilement ce qui les distingue (la carrure plus massive et majestueuse de Superman, l'attitude professorale et agressive de Batman). Si bien qu'en fait, on jubile de voir en Damian et Jon aussi bien de jeunes super-héros en devenir que des quasi-mini-répliques de leurs paternels.

Cette sensibilité comique plus le brio graphique qui l'illustre fait de ce prologue officieux à Super Sons un amuse-bouche dont il serait bien dommage de se priver.

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