jeudi 9 novembre 2017

GUARDIANS OF THE GALAXY (VOLUME 3) #1-5 : EMPEROR QUILL, de Brian Michael Bendis et Valerio Schiti

Avant de savoir à quand Brian Michael Bendis commencera effectivement à écrire pour DC Comics, avec quel(s) dessinateur(s) et sur quelle(s) série(s), je vous propose de revenir sur son son dernier passage sur la série des Guardians of the Galaxy. Plus précisément le Volume 3 du titre et les épisodes produits après la saga globale Secret Wars, en 2015-2016. J'en avais écrit les critiques des 4 premiers épisodes juste avant de cesser d'alimenter ce blog fin 2016, mais j'ai décidé de reprendre du début à la faveur du recueil des chapitres en albums.

Auparavant, Bendis avait déjà rédigé l'intégralité du Volume 2, courant sur 27 épisodes, en compagnie de plusieurs artistes (Steve McNiven, Sara Pichelli, Olivier Coipel, Francesco Francavilla, Nick Bradshaw, David Marquez) jusqu'à ce que, dans la dernière ligne droite, il soit associé à l'italien Valerio Schiti, le seul dessinateur qui aura été capable d'enchaîner les singles issues.

Durant Secret Wars, le titre est suspendu, rebaptisé Guardians of Knowhere, toujours écrit par Bendis et illustré par Mike Deodato pendant quatre chapitres.


Lorsque ce Volume 3 démarre, la situation reprend là où s'achevait le précédent : Peter Quill/Star-Lord assume la succession de son père, J'son, régent destitué de la planète Spartax. Désormais, l'équipe des Gardiens de la Galaxie est dirigée par Rocket Raccoon, entouré de Groot et Drax. Flash Thompson/Venom est resté aussi dans la groupe qui accueille Ben Grimm/la Chose, seul rescapé (avec Johnny Storm/la Torche Humaine, resté sur Terre avec les Inhumains) des Fantastic Four. En revanche, rendue plus puissante au contact du Vortex Noir (un artefact cosmique introduit dans le crossover éponyme avec All-New X-Men et Nova), Gamora est partie traquer son père, le titan Thanos.


Dans la zone négative, Annihilus et la reine des Broods ont convoqué le conseil galactique, mais depuis la déchéance de J'son de Spartax, Gladiator (représentant des Shi'Ar), l'Intelligence Suprême des Kree et les Chitauri font défaut. Ils décident donc sans leurs partenaires d'élaborer un plan pour s'emparer du commandement de la galaxie...
Les Gardiens de la galaxie volent un artefact mystérieux aux Chitauri et Kitty Pryde suggère alors qu'il soit examiné par les scientifiques de Spartax, malgré les réticences de Rocket Raccoon. Mais à peine arrivés, les retrouvailles avec Peter Quill, qui s'ennuie dans son rôle de roi, sont interrompues par Hala, la dernière Accusatrice Kree qui vient d'infliger une sévère raclée à Gamora.


Hala accuse Quill et les Gardiens d'être responsables de la destruction de l'Empire Kree - en vérité provoquée par J'son. L'équipe tente de la raisonner puis de la maîtriser mais elle leur oppose une résistance implacable et balaie la garde royale sans effort. Elle promet alors à Quill de non seulement dévaster Spartax mais aussi la Terre (planète d'origine de feue sa mère).
  

Dans la station de Nulle Part, Yotat, un colosse brutal, flanqué de deux sbires, se renseigne pour localiser Drax qu'il veut tuer en qualité de destructeur de destructeurs. Un de ses complices l'avertit des agissements de Hala sur Spartax où sont les Gardiens et donc Drax. Mais avant qu'il ne s'y rende, Yotat est abordé par un émissaire de la reine des Broods... Les Gardiens, eux, parviennent à quitter Spartax, subissant toujours la colère de Hala, et récupère Quill dans une capsule en orbite, observant impuissant la nouvelle tentative, vaine, de Gamora de neutraliser l'Accusatrice Kree.
  

Bien que Rocket souhaite autant que ses amis sauver Gamora, il exige d'avoir un plan pour faire face à Hala. L'équipe unit ses forces et, en lui infligeant plusieurs assauts successifs, vainc l'Accusatrice Kree, même si elle refuse de pardonner à Quill les crimes de son père. Gamora, mal en point, survit. Le secours s'organisent dans la capitale ravagée. Mais Yotat surgit alors...


Par la ruse puis la force, le destructeur de destructeurs est à son tour mis au tapis. Kitty révèle alors à Quill que le groupe l'avait croisé deux mois auparavant, rackettant des commerçants à la station de Nulle Part, avant d'être appréhendé par les autorités. Ensuite Peter apprend qu'il est à son tour destitué du trône de Spartax car tenu pour responsable des dégâts infligés par Hala. Les Gardiens prennent la fuite, considérés comme des ennemis publics - ce qui fait l'affaire d'Annihilus et de la reine des Broods pour la suite de leur plan.

Comme je l'indiquai en préambule de cette entrée, le précédent Volume de la série, déjà conduit par Brian Michael Bendis, avait les défauts de ses qualités. Positivement, les 27 épisodes produits ont permis aux Gardiens de la Galaxie de gagner une visibilité supérieure - et donc encouragé Marvel Studios à investir dans une adaptation cinématographique de leurs aventures. Négativement, le défilé de dessinateurs a nui à la cohérence de cette relance, qui a dû en outre composer avec la saga Infinity (le temps de deux épisodes) puis un crossover, The Black Vortex, avec les séries All-New X-Men et Nova (dont les effets ont été surtout cosmétiques - un nouveau look pour Groot, des pouvoirs cosmiques pour Gamora).

L'intermède durant Secret Wars, où la série a été débaptisée mais pas vraiment impactée, a permis à Bendis de repartir pour un tour avec un artiste régulier, Valerio Schiti, et un plan autorisant l'intégration d'éléments extérieurs (la saga Civil War II, qu'il écrira).

L'intrigue de ce premier arc narratif ne perd pas de temps : en cinq épisodes, l'affaire est pliée, et prime est donnée à l'action et au grand spectacle. L'objectif est simple, on peut le deviner dès le départ, il s'agit de rétablir Peter Quill comme membre (voire leader) de l'équipe après l'avoir quitté en train de succéder sur le trône de Spartax, suite à la déchéance de son père, J'son, à laquelle il a activement participé (il faut dire que son géniteur était une fieffé canaille, aux fréquentations douteuses et dont la relation avec son fils - explorée dans la médiocre série Legendary Star-Lord - était plus que conflictuelle).

Pour mener son histoire à bien, Bendis utilise un procédé dont il a l'habitude et qui rappelle celui de l'arc Powerloss dans New Avengers (Vol. 1, 2005) : les héros s'accaparent un objet dangereux (pour eux et les autres) et, en voulant l'analyser, s'attirent des ennuis imprévus puisque provenant d'un adversaire sans rapport avec ledit objet. Sur ce prétexte, qui renvoient les Gardiens chez Peter Quill, le scénariste organisent la réunion des membres de l'équipe et leur rencontre avec une menace d'envergure.

Schiti ne ménage pas ses efforts pour exprimer la pleine (dé)mesure de la puissance de Hala, l'Accusatrice Kree, qui ignore d'abord qu'elle s'en prend à Peter Quill à tort puis s'en fiche car elle estime que les fautes sont transmises à l'héritier du véritable responsable de la destruction de son monde et  qu'elle doit passer ses nerfs sur quelqu'un. La bataille est tellement mal engagée pour les héros qu'ils doivent même battre en retraite un moment !

Pour corser le tout, Bendis ajoute un second danger, plus ciblé, avec le colosse Yotat, dont le mobile est à la fois scrupuleux (il rackette des commerçants), vaniteux (il veut être reconnu comme celui qui vaincra Drax) et pathétique (il compte impressionner Hala pour la séduire). Cette succession d'adversaires donne aux Gardiens un aspect dérisoire - ce sont des pirates-justiciers de l'espace sans grands pouvoirs - mais aussi une identité - ils ne peuvent triompher qu'ensemble et autrement que par la force brute.

Schiti traduit merveilleusement, grâce à son trait expressif et un découpage qui s'adapte aussi bien aux moments calmes qu'à ceux plus déchaînés, les caractères saillants de l'équipe que Bendis nuance en usant de malice : l'autorité de Rocket est mise à mal parce qu'il est un raton-laveur râleur face au charme mutin de Kitty Pryde, dont l'expérience au sein des X-Men lui a apprise qu'il faut savoir ménager les egos pour obtenir des résultats conformes à ses souhaits (une page irrésistible, quasi-muette, où elle fait comprendre à Rocket qu'il faut aller sur Spartax pour faire examiner l'artefact). 

L'artiste et le scénariste jouent aussi sur les contrastes visuels pour définir les rôles et attitudes : avec son nouveau look, Groot (dont les dialogues sont toujours aussi limités) ressemble à une sorte de rasta baba-cool alors que Venom est immédiatement plus inquiétant avec sa silhouette massive et noire et sa bouche dévoilant des crocs. Ben Grimm, dont la carrure rocailleuse mais le tempérament est doux, éclipse physiquement Drax (que Schiti dessine plus fin qu'auparavant) alors que ce dernier évoque instantanément un guerrier avec ses armes blanches, ses tatouages. Enfin, il démystifie la réputation de combattante la plus dangereuse de l'univers de Gamora (ce qui fait tiquer les puristes) en lui opposant Hala dont la puissance est redoutable.

Enfin, comme on le remarque dans le prologue et l'épilogue de cet arc, Bendis ménage un subplot avec Annihilus et la reine des Broods et il l'alimentera, discrètement, jusqu'à la fin (un peu comme dans New Avengers, vol. 2, avec Daniel et Jericho Drumm).

Ce traitement peut dérouter, après les odyssées cosmiques à grande échelle de Abnett et Lanning et la constitution de Gardiens de la galaxie suite à une vague d'annihilation et sur la base du rassemblement de personnages disparates. Bendis choisit, lui, d'animer ces héros en leur conservant une place de marginaux mais sympathiques, qui tiennent plus d'une famille dysfonctionnelle que d'une véritable équipe super-héroïques, avec un zeste de malice et des membres étonnants - mais logiques (Venom tient son pouvoir d'un symbiote alien, Ben Grimm est un ancien pilote d'essai et a vécu de nombreuses aventures spatiales, Kitty Pryde a elle aussi sillonné le cosmos avec les X-Men et s'est entichée de Peter Quill durant le crossover avec All6new X-Men, The Trial of Jean Grey).

On perd donc peut-être en spectacle (quoique...) ce qu'on gagne en empathie, mais le divertissement offert est quand même accrocheur.

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