mardi 21 novembre 2017

AMAZING SPIDER-MAN #25, de Dan Slott et Stuart Immonen


Voilà six mois que Stuart Immonen a rejoint Dan Slott pour assurer les dessins d'Amazing Spider-Man et, finalement, j'ai craqué pour le plaisir de lire un de mes artistes favoris, alors j'apprécie moyennement le scénariste de la série (série que, par ailleurs, je n'avais plus lu depuis un bail). C'est donc parti pour un premier arc, qui sera court (4 numéros) mais prometteur (le retour d'un des pires ennemis du Tisseur).


Contre l'assurance qu'il le laissera mener ses affaires tranquillement à San Francisco, Wilson Fisk alias le Caïd procure à Spider-Man une clé USB qui lui permettra de retrouver sa némésis : Norman Osborn. Direction : le Delvadia où l'ex-Bouffon Vert serait à la tête d'un trafic d'armes, le visage refait. Avec une équipe d'agents spéciaux locaux - Devil-Spider et Tarantula - et Mockingbird - représentant le SHIELD, supervisant l'opération - , le Tisseur attaque le repaire d'El Facoquero, supposé être Osborn. Mais une fois celui-ci arrêté et des examens d'identification effectués, ce n'est pas le cas.
   

Reste alors à Peter Parker à déterminer où pourrait le frapper son ennemi : il pense à une réception programmée à Honk-Kong en l'honneur de la Fondation Oncle Ben qu'administre sa tante May. Il confie cette dernière à son ami et associé Harry Osborn et prend un avion de ligne avec Bobbi Morse (Mockingbird). Durant le trajet, constatant la similarité de leurs situations, Peter drague sa partenaire mais c'est alors que May et Harry les surprennent, ayant embarqué à l'insu du couple dans le même avion pour participer à la réception.
   

Une fois à Honk-Kong, Spider-Man et Mockingbird visitent les bas-fonds de la ville à la recherche d'informateurs sur une vente d'armes. Après avoir tabassé plusieurs crapules locales, ils découvrent un dépôt dont le chef des gardiens passe aux aveux et apprennent qu'Osborn compte se rendre à la réception de la Fondation Oncle Ben.


Les deux héros rejoignent le plus vite possible les lieux mais en s'en approchant, Spider-Man, repère un sniper camouflé sur le toit d'un immeuble voisin. Il le neutralise et découvre qu'il s'agit d'une vieille connaissance, présumée morte, qui s'apprêtait en fait à exécuter Norman Osborn...

Evacuons d'entrée de jeu mon sentiment au sujet de Dan Slott : je l'ai toujours trouvé imbuvable en interview, le genre de bonhomme à se moquer de son interlocuteur, à à faire le malin, tout en justifiant ses choix d'écriture par des pirouettes et l'orientation de ses intrigues échevelées par des promesses dont n'importe quel fan sait très bien qu'elles sont intenables puisqu'il n'a pas la propriété du personnage qu'il anime depuis sept ans.

Cela n'en fait pas un scénariste dénué de talent, au contraire, même s'il faut bien avouer que certaines de ses obsessions sont lassantes (son favoritisme affiché pour Dr. Octopus, certaines sagas foireuses - cf. Spider-Verse). Il n'empêche, la critique lui accorde régulièrement de bonnes notes et le public suit (même si, en ces temps de crise, même les ventes d'Amazing Spider-Man ne sont pas faramineuses - surtout si on les compare à celles du concurrent direct, Batman).

Depuis 2015, Slott a établi Peter Parker dans une situation nouvelle (même si on sait déjà qu'elle est condamnée à n'être que temporaire) : après avoir été pendant des années un sympathique loser courant après l'argent pour payer ses factures, photographe-pigiste pour le "Daily Bugle" ou enseignant, il a breveté un système de communication électronique révolutionnaire qui lui a apporté la richesse et le statut de chef d'entreprise. Après la saga globale Secret Wars, en l'absence de Reed et Sue Richards, il installe le siège de son affaire dans le Baxter building avec l'accord de Johnny Storm/la Torche humaine et Ben Grimm/la Chose, ses amis. Son empire s'étend à travers le monde, lui attirant de nouveaux types d'ennuis (dont une rivalité avec Tony Stark, qui a désormais pour assistante Mary-Jane Watson, son ex).

Récemment, pourtant, pour déjouer le plan d'un ennemi, Peter a dû pirater son système informatique, ce qui lui a valu le courroux de ses clients. C'est dans ce contexte tendu que débarre l'histoire The Osborn identity où le Caïd offre au Tisseur l'opportunité de mettre la main sur Norman Osborn. Slott a fait de ce dernier un criminel de haut vol, versé dans le trafic d'armes, et qui se cache derrière des masques greffés sur son visage grâce à une technologie dérobée au Caméléon : l'idée est amusante bien que complètement irréaliste.

Ce premier chapitre se distingue par sa pagination, rien moins que quarante pages : même si ensuite on revient à un format traditionnel, sachant que la série sort toutes les trois semaines, il faut un artiste capable de tenir une cadence soutenu et avoir récupéré Stuart Immonen (après son escapade chez Mark Millar pour le premier volume d'Empress) est un coup gagnant.

Le dosage entre action et moments plus posés est parfait, même si on sent chez Slott une soif d'animer Spider-Man davantage que Peter Parker - quand bien même Parker reste le moteur de l'intrigue (selon la formule qui veut, chez Marvel, qu'une bonne histoire doit d'abord partir du personnage civil). Immonen est de toute façon à l'aise dans tous les registres et sait composer idéalement une scène dans un appartement ou une cabine d'avion en variant le découpage de manière alerte comme orchestrer des bastons spectaculaires à l'image du raid dans le Q.G. d'El Facoquero ou de la descente dans le quartiers mal-famés de Honk-Kong.

Entre temps, profitant du nombre de pages plus important, Slott glisse un début de flirt entre Parker et Bobbi Morse en exploitant le fait que tous deux vivent une double existence agitée qui les empêche d'être en couple. Mockingbird fait désormais partie de l'entourage de Spidey depuis une vingtaine d'épisodes car Parker fait affaire avec le SHIELD et qu'elle est la seule à savoir qu'il est Spider-Man (même s'il a engagé une doublure pour les occasions où il doit se montrer en public sans qu'on puisse le soupçonner d'être sous le masque du justicier). Les intentions du scénariste sont évidentes : Mary-Watson étant occupée ailleurs (dans la série Invincible Iron Man de Bendis), l'ex-épouse de Clint Barton sera bientôt la nouvelle compagne du Tisseur (en espérant qu'elle aura plus de chances que la moyenne de ses conquêtes, régulièrement menacées de mort ou sacrifiées au gré d'intrigues... Mais Mockingbird dispose de ressources pour se défendre que n'avaient pas les autres).

L'épisode se clôt sur une surprise comme les aime Slott avec le retour d'un personnage, historiquement lié à Spider-Man, mais qu'on croyait mort et dont la présence va générer d'immanquables tensions (son objectif croisant celui du héros tout en devant être accompli de manière plus radicale). C'est accrocheur. Et Immonen ayant signé pour un bail a priori assez long, je vais certainement rester accroché au Tisseur un moment.   

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