mercredi 11 octobre 2017

WOLVERINE #11-16, de Peter David, John Buscema et Bill Sienkiewicz


Nous voici arrivés au terme du contenu de ce Marvel Epic Collection : Wolverine, avec les épisodes 11 à 16, écrits par Peter David (qui effectue la transition entre le run de Claremont et celui, ensuite, d'Archie Goodwin) et les derniers dessinés et encrés par la paire John Buscema-Bill Sienkiewicz.

Ces six épisodes forment un arc complet : The Gehenna Stone Affair.
 

Archie Corrigan, l'aviateur, convainc son ami "Patch" (alias Wolverine) de l'accompagner à San Francisco pour démêler une affaire familiale qui oppose sa soeur Ruth et son frère Burt à propos de leur héritage. Jessica Drew entend parler de ce déplacement et s'invite pour ce voyage afin de décider si elle doit fermer son agence d'investigations privées à Frisco et revenir ensuite à Madripoor.
Une fois sur place, elle est engagée par le directeur d'un musée pour retrouver un fragment d'une pierre précieuse. Mais ce qu'elle ignore, c'est qu'il a été subtilisé par Burt Corrigan qui prétend à Archie et "Patch" être depuis traqué par des vampires !

 

Le pire, c'est que, bien que connu pour son caractère excentrique, Burt a raison comme le prouve l'irruption en plein tribunal de goules. Jessica, Archie et "Patch" prennent la fuite ensemble en tentant de semer les vampires et la police dans les rues de San Francisco. Dans l'ombre, un mystérieux personnage détient une orbe à laquelle ne manque que quelques fragments : il s'agit de la Pierre de Gehenna aux pouvoirs légendaires !
Cependant à Madripoor, deux malfrats jumeaux descendent au "Princess Bar" de O'Donnell avec, en leur possession, un autre fragment de la pierre qui exacerbe les tensions entre eux et ceux qui les approchent.

 

En route pour l'aérodrome où est stationné l'avion de Archie Corrigan, Burt explique à "Patch" et Jessica Drew l'histoire de la Pierre de Gehenna qui appartint jadis au démon Ba'Al ("le maître") avant qu'un chevalier le tua et ne brisa l'orbe maudite. Depuis, ses éclats sont recherchés par des archéologues ou d'autres individus moins recommandables dans l'espoir de profiter de son pouvoir.
Pendant ce temps, à Madripoor, au "Princess Bar", les malfrats jumeaux s'entretuent dans leur chambre d'hôtel et sont découverts par O'Donnell, qui récupère leur morceau de la Pierre avant de prévenir la police. Lindsay McCabe, la partenaire de Jessica Drew et chanteuse au bar, se sent alors irrésistiblement attirée par O'Donnell.

 

Piégés à l'aérodrome par Ba'Al ressucité et ses sbires, "Patch", Archie, Burt et Jessica les prennent chasse jusqu'à Madripoor. Wolverine n'a plus le choix : il doit dévoiler sa véritable identité pour arrêter leurs ennemis et enfile son costume pour passer à l'action. Malgré tout, Ba'Al parvient à s'échapper, en sacrifiant ses acolytes vampires.
Le Prince de Madripoor, Baran, accepte de recevoir Ba'Al dans son palais car il possède le dernier fragment de la Pierre. O'Donnell succombe au charme de Lindsay avant que l'intendant du Prince ne surgisse dans leur chambre pour leur subtiliser leur fragment de la Pierre.

 

De retour à Madripoor, Wolverine et Jessica sont affranchis de la situation par O'Donnell qui, comme Lindsay, savait qui il était depuis longtemps. Mais il leur faut maintenant agir ensemble pour empêcher Ba'Al de reconstituer l'orbe de Gehenna.
Un groupe formé par le chef de la police Taï, O'Donnell, Archie, Burt, Jessica et Wolverine se rend donc au palais du Prince Baran en pleine transaction avec Ba'Al.

 

Tandis que ses amis affrontent les sbires du démon, Wolverine affronte Ba'Al. Qui sortira vainqueur de cette bataille ? Et où a disparu Burt Corrigan en profitant de la confusion ?

La nouveauté essentielle de cette histoire tient à son format : Peter David rompt en effet avec le rythme de Claremont, qui composait des récits brefs et très mouvementés, dans le cadre exotique de Madripoor, alors qu'ici on a droit à un arc narratif classique, comme on en trouve encore aujourd'hui, en six parties, plus décompressé.

Néanmoins, l'action prime toujours mais le nouveau scénariste fait sensiblement basculer le titre dans une nouvelle dimension : lorsque "Patch" n'a plus le choix, il enfile à nouveau son costume de Wolverine (marron et jaune) pour aller se battre. Tout ce qui tournait autour du mystère supposé de son identité (puisque Logan et les X-Men étaient considérés comme morts au combat depuis la saga Fall of the mutants) est donc terminé... Mais ça l'était en vérité depuis un moment si on en croit Jessica Drew, Lindsay McCabe et O'Donnell qui avouent au griffu l'avoir reconnu depuis son arrivée à Madripoor. Il est certain que ce n'est pas avec un simple bandeau sur l'oeil gauche et un usage discret de ses griffes que Logan passait vraiment inaperçu...

L'intrigue ne vaut, objectivement, pas tripette : cette affaire de pierre maudite, de démon ressuscité, de chevalier dont Wolverine serait le digne successeur, d'emprise mentale, n'est qu'un mince prétexte pour une cavalcade entre San Francisco (avec des cascades dignes d'un cartoon - voir la façon dont Burt Corrigan surgit en plein tribunal ou celle avec laquelle "Patch" éloigne les policiers lancés à ses trousses) et Madripoor (où la situation réserve pourtant des développements nettement plus intéressants, comme le rapprochement entre O'Donnell et Lindsay, ou le rôle équivoque du Prince).

Peter David est plus convaincant quand il use d'un second degré salvateur (comme Claremont en avait fait preuve lors des deux épisodes avec Joe Fixit/Hulk) et met en scène Wolverine apprenant, bougon, que tous ses proches dans la principauté n'ont jamais été dupe de son identité, ou quand il conclut son récit par une ultime pirouette (dans laquelle Burt Corrigan confirme qu'il est vraiment mythomane et adopte le nom du plus célèbre des espions...).

Graphiquement, je reste toujours aussi réservé sur la collaboration entre John Buscema et Bill Sienkiewicz. J'ai déjà expliqué pourquoi je n'appréciai pas le mélange entre la rondeur du trait puissant du premier avec l'encrage nerveux du second, mais les défauts me paraissent encore plus flagrants sur ces épisodes qui correspondent avec une publication bimensuelle de la série : sachant que Buscema, dans de telles conditions, devait fournir des crayonnés peu poussés, Sienkiewicz a dû les achever et y imprimer encore plus son style (cela me semble flagrant avec le démon Ba'Al, et plus généralement dans le traitement des décors - ou plutôt l'absence de décors). Malgré tout, on ne peut nier à ces chapitres une énergie grisante, mais bon, le départ d'Al Williamson n'a jamais été suppléé.

On peut trouver ces épisodes dans le troisième volume des recueils Wolverine Classic en v.o., et dans la collection "Version Intégrale" de la série Serval chez Semic ou en albums "Deluxe" chez Panini (mais dans ce dernier cas, au risque de casser votre tirelire). 

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