jeudi 7 septembre 2017

ASTONISHING X-MEN #3, de Charles Soule et Ed McGuinness


Lecture positivement surprenante depuis son lancement, le troisième épisode de Astonishing X-Men, toujours écrit par Charles Soule et cette fois dessiné par Ed McGuinness, allait-il confirmer tout le bien que ce titre m'inspire ?

Coup de mou passager ? Ou début de dégringolade ? Inutile de faire durer le suspense : ce nouveau chapitre est une déception. Mais d'abord, un mot du contenu...

Toujours au sommet d'un building londonien, Psylocke veille au transfert dans le plan astral de Fantomex, Rogue, Gambit, Mystique et Old Man Logan, protégée par Bishop et Angel. Mais les autorités des forces spéciales britanniques s'impatientent, ignorant ce que fichent ces mutants dans le bâtiment. Angel décide d'aller à leur rencontre pour les rassurer...

Cependant, dans la dimension astrale donc, les X-Men se sont dispersés pour trouver celui qui les agressés psychiquement, Amahl Farouk alias le Roi d'Ombre. Loup solitaire par excellence, mais également étranger à notre Terre et notre époque (puisqu'il vient d'un futur apocalyptique et d'un monde parallèle détruit), Logan veut tuer cet adversaire qui, en vérité, joue télépathiquement avec l'âme de Charles Xavier - lequel tente de raisonner, en vain, le griffu. Ce qui permet à Farouk de le posséder et de le réveiller...

Charles Soule, depuis le début, joue en équilibre sur un fil narratif ténu : son argument - une agression psi par le Roi d'Ombre contre une bande de X-Men dans le cadre d'un match avec le Pr. X - tient à si peu de choses que tout l'intérêt se reporte sur le casting. A part Psylocke et, dans une moindre mesure, Fantomex, l'équipe qu'il a rassemblé se distingue par son inexpérience face à ce type d'attaque, ce qui aboutit à une forme de suspense sommaire mais jusqu'à présent efficace.

Le procédé fonctionnait en tout cas tant qu'on suivait un groupe perdu dans le plan astral tandis que les membres restants veillaient sur leur enveloppe corporelle dans notre dimension. Or, ce troisième épisode délaisse cette construction pour se concentrer sur Old Man Logan. Commercialement, ça peut se comprendre puisque le personnage est populaire (encore que je me demande s'il ne l'est pas par un effet de "suivisme", à la fois pour ceux qui ont lu Old Man Logan, la mini-série de Millar/McNiven puis de Bendis-Lemire/Sorrentino, et ceux qui sont nostalgiques de Logan/Wolverine).

Par contre, la dramaturgie propre à un team-book en prend un sale coup puisque, soudain, Mystique, Fantomex, Rogue et Gambit sont absents pendant vingt pages (on les voit bien sur une page, mais dans des cases isolées et sans impact sur l'action, autant dire que ça ne compte pas). Cela pose la question de savoir si les prochains épisodes vont eux aussi se focaliser sur un X-Man égaré dans le plan astral - on peut en douter en découvrant le cliffhanger de cet épisode, qui a le mérite d'être assez accrocheur pour avoir envie de lire la suite.

Soule n'a rien d'original à raconter sur Old Man Logan (pour ma part, je trouve cette version du personnage peu intéressante : en l'intégrant à la continuité, il a été banalisé, et même si Wolverine était parfois lourdement omniprésent - à la fois loner, X-Man et Avenger - , il était et reste la version canonique du griffu), et à cause de cela, il souligne justement la gratuité de sa présence dans cette série et dans le Marvel-verse actuel. Au fond, son entêtement à faire la peau au Roi d'Ombre, à défier Xavier, met en danger tout le monde : pour un type qui a juré d'être plus prudent pour ne pas répéter ses terribles erreurs (dans le futur dont il vient, il a décimé tous les mutants), il n'est en vérité pas bien malin.

Comme si la faiblesse du script ne suffisait pas, il faut aussi souligner la prestation très faible, paresseuse même, de Ed McGuinness : certes, dessiner le plan astral - par définition un no man's land dépourvu de décors précis - aboutit à des planches entières sans autre chose qu'un ou deux personnages sur fond noir ou blanc, mais si ces personnages étaient mis en scène dans des compositions soignées, pourvus d'une expressivité puissante, animés dans un découpage original, ce serait moins ennuyeux que ces vingt pages aussi vides, qu'on engloutit en quelques minutes, avec la désagréable impression de s'être fait rouler. Je n'ai rien contre la narration compressée, et McGuinness a du talent à revendre, mais ici, ni lui ni Soule ne mérite notre indulgence.

Premier faux pas donc. Souhaitons que le scénariste se ressaisisse, d'autant plus qu'il bénéficiera du renfort de Carlos Pacheco pour les illustrations, au prochain épisode.

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