lundi 7 août 2017

HAWKEYE, VOL. 2 : HAWKEYES, de Jeff Lemire et Ramon K. Pérez


Et donc, Marvel relança All-New Hawkeye après seulement cinq épisodes ! Une décision d'autant plus absurde donc que Jeff Lemire terminait son premier acte sur un cliffhanger saisissant, suffisant pour convaincre les fans de poursuivre l'aventure.
C'est donc parti pour six nouveaux chapitres, avec toujours l'excellent Ramon K. Pérez au dessin (et Ian Herring aux couleurs - impossible de ne pas le mentionner tant sa contribution est essentielle).

2 arcs de trois épisodes forment ce nouvel acte : Bishop's Man et Hawkeyes.


30 ans ont passé : Clint est un old man Barton et Kate n'est plus une jeunette non plus. Malgré leur rupture, en très mauvais termes, jadis, elle vient demander de l'aide à son acolyte en lui expliquant qu'ils ont commis une terrible erreur en laissant l'Hydra re-capturer les trois enfants.


A l'époque, en vérité, le SHIELD avait réussi à les récupérer et s'en est servi comme des armes de destruction massive, notamment en Chine. Le Mandarin, qui a pris le contrôle du pays dévasté, a gardé en otage un des trois terribles gamins, que Kate et Clint vont tenter de libérer.


Retour au présent : Clint apprend par Maria Hill que les trois enfants sont en fait des Inhumains. Pour les délivrer des griffes de l'Hydra, Clint et Kate montent un piège avec la complicité de Barney Barton.


Cette mission rappelle à Kate son enfance, durant laquelle elle découvrit les activités crapuleuses de son père et, déjà doté d'un caractère bien trempé, eut la vocation de de devenir justicière en assistant à l'arrestation du Matador par Hawkeye - et les Avengers...

Plus long d'un épisode, ce volume est pourtant plus nerveux mais aussi plus dense et original que le premier, comme si Lemire et Pérez s'étaient enhardis. Le scénariste nous entraîne trente ans dans le futur, revient sur des événements du présent, explore le passé de Kate, et tout ça sans égarer le lecteur, grâce à une narration formidablement fluide et nerveuse.

Lemire réussit particulièrement bien à caractériser Kate en soulignant son rapport difficile à la paternité : on comprend pourquoi elle refuse de considérer Clint comme son mentor (ce n'est pas qu'un caprice) tout en lui devant sa vocation (magnifique flash-back), et son tempérament volcanique est nuancé dans des scènes légères mais suggestives où Noh-Varr ou America Chavez sont convoqués. Pour Clint, Lemire se contente davantage de respecter la version de Fraction - un aimable loser, incapable de se sociabiliser sans ruiner ses relations, mais attachant, fidèle, pugnace, malin.

Pour illustrer cette trame étonnante, Pérez fait feu de tout bois en mixant trois styles graphiques : le présent est traité de manière classique, avec un trait simple et épuré, au découpage sage ; le passé est en couleurs directes (et Ian Herring accomplit un travail remarquable) façon aquarelles ; tandis que le futur se distingue par des représentations proches du croquis, comme réalisées par un artiste fatigué, à la main tremblante (un parti-pris audacieux, déroutant au début, mais intelligent).

Le run s'achève sur une note à la fois positive et mélancolique, qui offre, rétrospectivement, une passerelle idéale à l'actuelle série animée par Kelly Thompson et Leonardo Romero (avec l'ambition de Kate d'agir indépendamment, sans renier Clint). Ce dénouement produit une émotion inattendue, dont la pudeur est très louable.

Ainsi note-t-on que de Fraction/Aja à Thompson/Romero en passant par Lemire/ Pérez, Hawkeye a été bien gâté après de multiples tentatives infructueuses pour en faire un héros capable de générer un titre viable.

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