lundi 24 juillet 2017

WOLVERINE, de Paul Cornell et Alan Davis


J'ai évoqué Paul Cornell (pour Captain Britain & MI 13) et Alan Davis (pour les Annuals des New Mutants). Soyons synthétiques et parlons de leur collaboration sur Wolverine en 2013.
Sur les 13 épisodes de cette saga, 10 sont dessinés par Davis et les trois autres (au centre) par Marco Pierfederici

Le premier arc, qui forme le début de l'histoire totale, s'intitule Hunter season et compte quatre épisodes où lors d'une prise d'otages, le responsable est tué par Wolverine sous les yeux de son fils (le fils du malfrat). La situation prend un tour vraiment imprévisible lorsque le marmot, avec la curieuse arme de son père (un pistolet qui désintègre sa cible !) continue à canarder des civils puis Wolverine. Le griffu découvre en enquêtant avec Nick Fury Jr. qu'un attentat biologique, va être commis par une bande de savants fous, créateurs de ce flingue...

On retrouve dans ces épisodes le rythme très rapide de Captain Britain & MI 13 et les dessins de Davis augmente encore cette impression avec un découpage spectaculaire, des personnages très expressifs. Ce qui séduit aussi, c'est l'humour malicieux de Cornell, qui, visiblement, venge pas mal de lecteurs en ironisant sur Fury Jr. et sa légitimité au sein du SHIELD et plus généralement dans le Marvel-verse. L'anglais est aussi pince-sans-rire avec Logan qui s'en remet à une nouvelle équipe d'experts ("Another team ? What a loner you are !" souligne Fury Jr), mais qui joue un rôle déterminant : en effet, le scénariste a planté une graine qui va grandir durant la suite de l'intrigue car, ayant été blessé, Wolverine ne se doute pas des conséquences de cet élément...

Un arc court, percutant, spectaculaire et un brin sarcastique, qui montre la belle complicité entre Davis, magistral, et Cornell, inspiré. 

Les choses se gâtent durant les trois épisodes suivants parce qu'inexplicablement Davis ne les dessine pas. Marco Pierfederici qui, d'habitude, a un style voisin de Daniel Acuña (mais en moins bon quand même) est ici encré traditionnellement (notamment par le vétéran Tom Palmer) et le résultat est vraiment moche, soulignant les faiblesses de l'artiste et le gouffre sidéral avec la maestria de Davis.

Par ailleurs, ces trois n° n'apportent pas grand-chose à l'ensemble : le SHIELD convainc Wolverine de les accompagner dans une mission pour retrouver la source de la bombe sale qui devait servir à l'attentat. On apprend que le virus utilisé est d'origine alien, mais en route, tout l'équipage de l'héliporteur est manipulé télépathiquement et s'emploie à tuer Wolverine. Il faut attendre les dernières pages de Drowning Logan (#6) pour voir le griffu sucrer les fraises et lire Mortal (#7, un one-shot) pour que le Fauve nous confirme qu'il a perdu son healing factor (suite à la blessure apparemment bénigne reçu dans le premier arc).

Cornell doit se ressaisir, et il va y arriver avec brio ! 

Killable conclut la saga avec 6 épisodes où Davis revient, ragaillardi. Après un détour par le Wakanda, avec Storm, où est détenue the Host (une jeune femme qui est un virus sur pattes), et un retour à l'école Jean Grey (où la vidéo-surveillance a surpris Mystique), Wolverine comprend que ses (nombreux) ennemis sont au courant de son état de santé et lui tendent un piège. Logan retourne donc où on l'attend, là où il est né, accompagné par Kitty Pryde (qui redoute une manoeuvre suicidaire de son ami). Le griffu n'est pas tranquille car il sait que les obstacles seront nombreux et que Sabretooth est derrière tout ça...

Un personnage tel que Wolvie est un vrai problème pour les scénaristes puisqu'il est virtuellement immortel. Jason Aaron expliquait que pour lui faire mal, il fallait que ses ennemis s'en prennent à ses amis. Cornell l'a rendu vulnérable en le privant d'une partie essentielle de son pouvoir mutant, mais il engage aussi l'autre partie importante du griffu, le sens de l'honneur, la mythologie du samouraï, et le fatalisme (abordé dans les épisodes 5 à 7 via des rencontres avec le Fauve ou Thor). Devenu "tuable", le réflexe de Wolverine n'est-il pas d'accomplir un baroud d'honneur et de mourir vite, les griffes sorties, plutôt que souffrir, vieillir, décliner ? C'est la question qu'incarne Kitty Pryde, dont la relation avec Logan est joliment exploité (tout comme des clins d'oeil à d'autres périodes du perso - Patch, le séjour au Japon durant l'après 2nde guerre mondiale...).

Cornell prend plus de temps pour finir son récit mais sans perdre de temps non plus ni en profiter pour aligner les méchants. On a quand même droit à Batroc (dont les dialogues ne sont heureusement pas en français - petit jeu qui a toujours donné des phrases grotesques), Fiber (un caméo, et apparemment une création originale pour l'occasion), Mystique, le Samouraï d'Argent et donc Sabretooth (très sobre, très sadique, très efficace).

Quant à Davis, il est impérial : son trait rond, puissant, sert à merveille un découpage moins spectaculaire que dans le premier arc mais dont la simplicité renforce la dramaturgie. C'est un régal de voir Logan si bien servi (et si bien représenté, c'est-à-dire trapu, dur au mal, tragique - la dernière page produit une vraie émotion, poignante), et le supporting cast est superbement traité.

Après ça, air connu : relaunch, l'abominable Ryan Stegman au dessin, et la mort de Wolverine au bout du compte (et depuis l'intégration de Old Man Logan au Marvel-verse classique : à mon humble avis, une fabuleuse connerie...).

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