mercredi 19 juillet 2017

DEFENDERS #1-2-3, de Brian Michael Bendis et David Marquez


Avant de découvrir la version en série télé sur Netflix, à partir du 8 Août prochain, examinons les trois premiers épisodes déjà disponibles de The Defenders, écrits par Brian Michael Bendis et dessinés par David Marquez. Un projet de longue date en vérité puisque le scénariste l'avait annoncé, discrètement lors du dernier épisode de son run sur New Avengers (à l'époque, l'auteur prévoyait de relancer le titre Heroes for Hire, avec Mike Deodato, mais le projet fut retardé pour je-ne-sais-quelle-raison...).

Diamondback is back ! Et il a pour projet de devenir le nouveau baron du crime organisé de New York. Son plan passe autant par la conquête que par la vengeance car, bien renseigné (même si on ignore comment, tout comme on ne sait pas encore comment il est revenu à la vie...), il s'attaque successivement à Jessica Jones (dans son agence), Luke Cage (dans la rue), Matt Murdock (dont il connaît la double identité en tant que Daredevil) et Danny Rand.
Une fois ses adversaires prévenus, il tente d'acheter la complicité de Black Cat qui lui tend un piège, mais va mesurer son erreur, tandis que DD convainc Jessica et Iron Fist de s'allier face à cette menace...

Bendis revient à ses racines, les street-level heroes, avec quatre personnages qu'il a longuement animés précédemment. Il imprime beaucoup de rythme à ce lancement, la cause de la réunion des quatre Defenders est simple et logique pour chacun (et le fait que ce soit DD qui la motive est habile). La dangerosité de l'ennemi est établie de façon tout aussi efficace : ça va chauffer, le méchant n'est pas là pour négocier !

Quant aux fameux dialogues "bendisiens", ils m'ont parus moins abondants qu'à l'accoutumée, donc j'estime que, pour cette fois, on ne pourra guère l'attaquer sur ce point.

David Marquez est un dessinateur qui grandit vite et bien : au début, je le trouvais un peu lisse (voir Ultimate Spider-Man), puis il a subtilement modifié son style (Invincible Iron Man) avant d'être très rapidement placé sur un event (Civil War II, où, compte tenu des contraintes de l'exercice, je l'ai trouvé à l'aise).
Ici, il a un peu durci et noirci son trait et ça lui va bien : ses pages sont découpées simplement, mais ses plans sont soignés (des décors fournis, des angles de vue dynamiques, des persos expressifs). Et la colo de Justin Ponsor ne gâche rien.

On n'est pas dans un décalque comics des productions Netflix avec ces persos. C'est très accrocheur et prometteur. 

Le retour (d'entre les morts) de Diamondback s'est soldé dans un premier temps par une correction en règle de Luke Cage, grâce à l'exploitation d'un de ses points faibles physiques. Direction : la clinique de la Night Nurse.
Cependant, Daredevil interroge Ben Urich sur ce qu'il sait au sujet du vilain et va prêter main forte à Jessica Jones, tandis que Danny Rand lance un audacieux défi au Caïd. Mais attention ! Un vigilant rode dans l'ombre, attentif à ces mouvements dans les bas-fonds...

Bendis est vraiment comme un poisson dans l'eau dans cette intrigue urbaine, et, passé le résumé des faits (de manière astucieuse), il entretient bien la tension engendrée par ce qui est arrivé à Luke. La complémentarité de ces Defenders est brillamment exploitée : de ce point de vue, la scène entre Rand et Fisk est une merveille (qui a de plus le mérite de montrer en effet Danny offensif et profitant de son rang social pour se glisser dans une soirée huppée). 
Un autre très bon moment se déroule dans la clinique de la Nurse Night, avec un invité surprise (mais judicieux). Et puis un grand classique, toujours savoureux, avec DD et Urich.
Pas de dialogues envahissants, mais un rythme très soutenu : pour un peu, on croirait que Bendis a voulu déjouer les attentes de ses détracteurs...

Visuellement, Marquez marque encore des points : il est à l'aise dans les séquences calmes, mais s'éclate et maîtrise les bastons (l'irruption de DD dans le repaire de Diamondback est superbement mise en scène et la bagarre qui suit est spectaculaire, avec des angles de vue très dynamiques - voir ci-dessus).

La colo de Ponsor est parfaite, traduisant bien cette ambiance entre chien et loup, sans couvrir le trait de Marquez. On sent qu'il y a eu un gros travail de préparation en amont entre chaque membre de l'équipe créative.

Très efficace. Vivement la suite !

(Par ailleurs, et c'est un motif de satisfaction supplémentaire, Marvel a eu la bonne idée de ne pas parasiter Defenders avec cette connerie sidérale de Secret Empire. Bendis a-t-il négocié cela pour démarrer tranquillement ce titre ? Et peut-être signifier son opinion envers cet event ? En tout cas, ça prouve que les séries les plus agréables à lire sont celles qui ne dépendent pas de ces grosses sagas, quand bien même ses personnages y figurent au milieu d'une foule d'autres...)

Après avoir reçu un avertissement du Punisher, Daredevil, Iron Fist et Jessica Jones rejoignent Luke Cage chez la Night Nurse et, avec pas de monde en ville, font le point sur le retour et les objectifs de Diamondback (auquel Black Cat vient d'oser tourner le dos). Comment, déjà, peut-il être revenu des morts ? Mais surtout il faut gérer Frank Castle qui, lui, veut surtout s'assurer que le prétendant au titre de nouveau Caïd de New York retourne en enfer...
 
 
 

Le récit de Brian Bendis continue à se développer sur un rythme soutenu, son aisance à animer ces personnages et à développer cette intrigue, en maintenant quelques interrogations, et en dosant les guests, en fait une série très plaisante. La dialoguiste revient de manière plus appuyé, mais la séquence principale (où les Defenders - et d'autres acteurs - cogitent sur les tenants et aboutissants) prouve surtout que le scénariste a bien révisé les antécédents de Luke Cage et Diamondback.

Et, une fois encore, l'épisode se conclut sur une image choc (qui est aussi un hommage à une célèbre scène de Batman...), qui renforce à la fois la dangerosité du méchant mais surtout donne envie de vite découvrir la suite.

David Marquez s'illustre avec moins de plages d'action mais sa gestion des séquences d'échanges est très astucieuse et simple (l'usage de gaufriers). Il n'use que d'une double-page (à la mise en scène diaboliquement fluide). S'il maîtrise tout le casting, sa manière de représenter Iron Fist (même dans ce costume que je n'aime pas) est remarquable.

Je vais me répéter, mais, même si vous n'êtes pas client de Bendis, essayez ses Defenders : ça envoie du bois !

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