lundi 15 août 2016

Critique 986 : SEPT FOIS FEMME, de Vittorio de Sica


SEPT FOIS FEMME (en v.o. : Woman Times Seven) est un film réalisé par Vittorio de Sica, sorti en salles en 1967.
Le scénario est écrit par Peter Baldwin et Cesare Zavattini. La photographie est signée Christian Matras. La musique est composée par Rizo Ortolani.
Dans les rôles principaux, on trouve : Shirley MacLaine (Paulette, Maria Teresa, Linda, Edith, Eve, Marie, Jean), Peter Sellers (John), Rossano Brezzi (Giorgio), Vittorio Gassman (Cenci), Clinton Greyn (Mac Cormick), Lex Barker (Rick), Patrick Wymark (Henri), Alan Arkin (Fred), Michael Caine (le détective), Anita Ekberg (Claudie), Philippe Noiret (Victor).
Sept fois femme est une collection de sept sketches dont l'action se déroule à Paris et dont l'argument est la représentation de la femme dans tous ses états (le chagrin, la colère, l'amour, la jalousie, le désespoir, la mélancolie). Seule l'interprète féminine ne change pas dans ces sept épisodes, endossant les identités et les états des héroïnes. 
Paulette et John
(Shirley MacLaine et Peter Sellers)

- Paulette (Funeral Procession). Alors qu'elle suit le corbillard emmenant son mari dans sa dernière demeure, Paulette, soutenue par un ami médecin de leur couple, le riche John, se laisse convaincre de refaire vite sa vie en sa compagnie.
Maria Teresa

- Maria Teresa (Amateur Night). En rentrant chez elle plus tôt que prévu, Maria Teresa surprend son mari au lit avec sa maîtresse. Lors de la dispute qui suit, elle jure de se venger en se donnant au premier venu cette nuit-là et ressort. Elle rencontre une bande de prostituées à qui elle se confie et qui l'encourage en lui cherchant un client. Mais les remords la gagnent... 
Linda

- Linda (Two Against One). Linda, une jolie interprète, est courtisée après un congrès par deux savants, l'italien Cenci et l'écossais Mac Cormick. Elle les entraîne chez elle en l'absence de son époux pour leur lire de la philosophie et leur montrer des diapositives dans le plus simple appareil afin de vérifier lequel des deux sera prêt à l'aimer au-delà de l'attirance physique.
Edith

- Edith (Super Simone)Edith est mariée à Rick, un feuilletoniste célèbre mais mufle, qui lui décrit les héroïnes fantasmatiques qu'il invente sans lui accorder la même importance. Lorsqu'elle essaie de hisser au niveau de ces muses, elle est prise pour une folle...
Eve

- Eve (At The Opera). En apprenant que la femme d'un autre notable va apparaître à une soirée à l'opéra avec la même robe de haute couture qu'elle, Eve, grande bourgeoise capricieuse, exige de son mari qu'il lui évite cette humiliation. Mais sa vengeance sera ruinée par une autre femme... 
Marie

- Marie (The Suicides)Marie et Fred sont deux amants déçus par la vie et ils ont décidé de mettre fin à leur jour dans une chambre d'hôtel minable. Lui compte régler ça avec un revolver, elle avec des cachets. Mais quand ils doutent chacun que l'autre ira jusqu'au bout, ils se disputent... 
Jean

- Jean (Snow). Jean se promène le long des Champs-Elysées avec son amie Claudie quand elles remarquent qu'un homme les suit. Pour savoir laquelle des deux est prise en filature, elles se séparent. Mais la cible du bel inconnu ignorera jusqu'au bout qu'il s'agit d'un détective privé engagé par son mari jaloux. 

Ceux qui me lisent savent à quel point je suis un fan de Shirley MacLaine (et, à travers elle, de celle que je considère comme son "héritière", Emma Stone) : c'est à cause de cela que j'ai cédé à un de ces plaisirs coupables en découvrant ce film à sketches de 1967, Woman Times Seven, véritable ode à l'actrice.

Le réalisateur Vittorio de Sica s'était, à cette époque, fait une spécialité de ces co-productions aux airs d'Euro-pudding, avec des castings improbables, et de gros moyens, souvent sous forme de collections d'histoires courtes. Deux ans auparavant, il avait signé une grande réussite avec le triptyque qui formait Mariage à l'italienne, avec le couple Sophia Loren-Marcello Mastroianni. Cette fois, il a à sa disposition Shirley MacLaine pour brosser sept portraits de "la" femme dans tous ses états.

Le résultat est bien sûr, par définition même, inégal, mais pourtant il s'en dégage un charme indéniable, comme une pépite rétro et pop, presque une relique. Les deux scénaristes confrontent deux formes d'humour difficilement conciliables, l'un sarcastique, l'autre plus bouffon, et la réalisation est souvent paresseuse (de Sica a déjà 66 ans à l'époque, il mourra 7 ans plus tard), mais les segments les plus aboutis sont très réussis et compensent les autres plus faibles, voire ratés.

Parmi les échecs, je compte Maria Teresa (Amateur night) dont l'argument de départ n'est pas exploité alors qu'il était prometteur (on aurait pu imaginer que non seulement elle se venge mais, prenant goût aux bras d'un autre homme, elle finisse par tapiner et s'attire l'ire des prostituées qui l'avaient précédemment encouragée). Edith (Super Simone) est interminable, ni drôle ni émouvant, malgré un personnage humiliée mais aux sentiments indéfectibles. Et, enfin, Eve (At the opera) sombre dans une hystérie trop convenue et pas assez méchante, alors que la situation initiale promettait un joyeux délire (effleuré avec l'emploi d'une bombe).

 Par contre, le reste du programme réserve de belles surprises et même d'authentiques trésors :

- Dans Paulette (Funeral procession), en moins de dix minutes et une seule scène, la manière dont une veuve est réconfortée au point de quitter le défilé suivant le cercueil de son mari est très marrante, et permet d'assister à un échange entre Peter Sellers (très sobre et pince-sans-rire) et Shirley MacLaine.

- Linda (Two against one) est d'une réjouissante loufoquerie, avec MacLaine nue (mais les parties les plus affriolantes de son anatomie sont toujours habilement dissimulées) la plupart du temps tandiq que Vittorio Gassman, déchaîné comme d'habitude, est impayable (volant sans difficulté la vedette au fade Clinton Greyn).

 - Marie (The suicides) est l'épisode le plus accompli de tous et aussi le plus simple et le plus noir. Donnant la réplique à un formidable Alan Arkin, dépressif et couard, Shirley MacLaine est impériale en désespérée soupçonneuse mais méticuleuse (enregistrant ses dernières volontés, ayant préparé ses cachets, refusant d'être tué par balles pour ne pas apparaître abîmée dans son cercueil...). Ce huis-clos audacieux, surprenant, offre un quart d'heure jubilatoire. 

- Enfin, dans Jean (Snow), on a droit à une petite fable émouvante et cruelle, dans le cadre superbe du Paris juste avant Mai-68. Le dénouement est cynique mais habilement servi, avec la présence inattendue de Philippe Noiret (qui s'exprime dans un anglais parfait). C'est aussi l'occasion de reformer le duo Shirley MacLaine-Michael Caine (qui ne prononce pas un mot), après Un hold-up extraordinaire.

Quatre sur sept, un peu plus que la moyenne donc, mais un vrai festival Shirley MacLaine : ça ne se refuse pas !

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