dimanche 13 décembre 2015

Critique 771 : BRANLEUR(S), de Jules et Tom Fradet


BRANLEUR(S) est un récit complet écrit par Jules Fradet et dessiné par Tom Fradet, publié en 2011 par manolosanctis.
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Laurent revient à Nantes pour y poursuivre ses études après le divorce de ses parents à Chartres. Il retrouve son meilleur ami d'enfance, Alan, qui lui raconte entamer une carrière de rockeur.
Les deux copains se rendent à une soirée où Alan présente sa petite amie, Nadège, à Laurent, qui en tombe immédiatement amoureux sans oser le lui dire.
Après avoir volé du cannabis chez un certain Martin, les deux garçons ont un accident de la route, sans gravité pour eux mais qui les séparent ensuite, car Alan craint des représailles.
Laurent croise un jour, par hasard, Nadège et cette nouvelle rencontre révèle le trouble qui les saisit...

Jules et Tom Fradet sont deux frères (nés respectivement en 1976 et 1980) originaires de Nantes. Ils se font connaître avec le recueil 13m28 et On dit à Lyon / On dit de l'An 2000, publiés par Les Quenelles Graphiques. Ils participent aussi au fanzine "L'Ours en Vrac" et au magazine "Kostar".

Branleur(s) est leur premier album, publié par manolosanctis, une maison d'édition participative spécialisée dans la bande dessinée, promouvant de jeunes talents sélectionnés par des internautes et un comité de lecture interne.

Il s'agit donc d'une expérience particulière et attachante, les premiers pas de deux auteurs avec lequel il faut accepter d'être indulgent. Ce qui ne signifie pas de l'être trop. Car en vérité, voilà bien le problème de cette BD : j'aurai aimé l'aimer davantage, c'est un effort sympathique, bien exécuté, mais inabouti.

L'histoire proprement dite aurait fait une très bonne nouvelle mais sur un album de plus de 60 pages, ses faiblesses deviennent trop manifestes pour que la sympathie qu'inspirent les frères Fradet et leurs héros emportent une pleine adhésion. Lorsque l'on arrive à la dernière case de la dernière page, un sentiment de frustration saisit le lecteur car on aurait aimé que la situation soit développée.

La description de la glande est bien vue et a inspiré au scénariste quelques péripéties comiques efficaces, comme lorsque Alan avoue à Laurent qu'il n'a pas encore le permis après lui avoir présenté la voiture qu'il customise, ou le rocambolesque vol de cannabis dont on devine qu'il va mal finir. Mais Jules Fradet reste souvent à la surface de ce qu'il raconte, comptant sans doute trop sur un effet de connivence avec le lecteur pour qu'il n'ait pas à souligner davantage la caractérisation. C'est dommage.

On a aussi le sentiment qu'il n'a pas sur choisir son sujet : la relation amicale bancale entre ses deux branleurs ou la romance suggérée entre Laurent et Nadège (avec les complications qu'elle entraînerait vis-à-vis de Alan). Tout ça se lit sans déplaisir ni ennui, car il y a du rythme, mais l'écriture ne fait qu'affleurer alors que pitch était plein de potentiel.

Visuellement, Tom Fradet a du style : l'influence de Christophe Blain est évidente mais sans chercher à le singer. Le découpage témoigne d'un souci louable de jouer avec des cadres précis en recourant à des pages où on compte beaucoup de strips ternaires. 

Avec un peu plus d'audace, il aurait pu composer des gaufriers encore plus efficaces (j'y ai sans pensé puisque j'ai lu cet album juste après The Autobiography of a mitroll de Bouzard, où ce procédé était employé avec une épatante maîtrise).

Projet attachant mais aux finitions un peu lâches, cet opus mériterait une suite car les Fradet ont des personnages et une histoire faits pour cela.

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