lundi 28 septembre 2015

Critique 715 : THORGAL, TOMES 1 & 2 - LA MAGICIENNE TRAHIE & L'ÎLE DES MERS GELEES, de Jean Van Hamme et Grzegorz Rosinski


Avant-propos :

Il y a quelque temps de ça, j'avais rédigé une critique du Cycle Qâ, comprenant les tomes 9 à 13 de la série Thorgal, mes préférés.

J'ai décidé de revenir sur ce titre, cette fois en démarrant depuis le début, en empruntant les 8 premiers épisodes. Je préfère ne rien promettre sur le nombre de chapitres que je critiquerai, ni d'ailleurs jurer que je vais en parler sans interruption, mais on verra bien. En ce moment, je redécouvre pas mal de séries que j'avais lues il y a longtemps (comme, récemment, Valérian) : c'est l'occasion de vérifier si c'est si bien que dans mes souvenirs et d'explorer à nouveau des aventures dont les héros et les décors sont souvent exotiques.

Au tout du célèbre viking d'être testé.


THORGAL : LA MAGICIENNE TRAHIE est le premier tome de la série, écrit par Jean Van Hamme et dessiné par Grzegorz Rosinski, publié en 1980 par les Editions du Lombard.
Cet album comporte deux histoires : La Magicienne trahie (30 pages), dont la suite et fin seront racontées dans le tome 2 (L'Île des mers gelées), et Presque le paradis... (16 pages).
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- La Magicienne trahie (30 pages). Refusant que sa fille, la belle et blonde Aaricia, épouse le scalde (troubadour) Thorgal Aergisson, le roi viking Gandal-le-fou abandonne ce dernier enchaîné à un rocher en pleine mer.
Thorgal est sauvé par la magicienne Silve qui veut se venger de Gandalf, qui l'a retenue prisonnière pendant neuf ans pour la forcer à l'épouser avant qu'elle réussisse à s'évader. Contre cette aide, Thorgal accepte de servir Silve pendant un an.
Ayant capturé Gandalf, Thorgal et Silve sont attaqués par les sauvages Baalds. Gandalf en profite pour s'échapper mais, blessé gravement, se réfugie dans une grotte au bord de la mer où sa fille Aaricia le veille. Thorgal refuse, comme le lui commande Silve, d'achever le roi.
La magicienne s'en va sur son drakkar de glace en jurant que cela n'en restera pas là...

- Presque le paradis... (16 pages). Thorgal tombe avec son cheval dans une profonde crevasse. A son réveil, il est veillé par deux séduisantes et machiavéliques soeurs, Ingrid et Ragnhild, qui se prétendent multicentenaires et veulent qu'il soit leur amant. Mais leur autre soeur, la jeune Skadia, offre son aide à Thorgal s'il l'accompagne hors de ce jardin intemporel.
Au terme de leur périple, Thorgal découvrira la véritable nature des trois soeurs et recouvrira sa liberté. 
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THORGAL : L'ÎLE DES MERS GELEES est le deuxième tome de la série, écrit par Jean Van Hamme et dessiné par Grzegorz Rosinski, publié en 1980 par les Editions du Lombard.
Cet album conclut l'histoire débutée dans la première partie du tome 1 (La Magicienne trahie).
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Revenu dans le village de Gandalf, Thorgal s'apprête à épouser Aaricia avant de partir d'établir avec elle ailleurs. Deux aigles enlèvent la jeune femme qui est emmené par un étrange seigneur.
Avec le fils de Gandalf, Bjorn, et plusieurs hommes, Thorgal part à sa poursuite mais une mutinerie éclate quand leur drakkar pénètre dans les mers gelées. Abandonnés dans un canot, Thorgal et Bjorn sont livrés à eux-mêmes puis séparés après une dispute.
Thorgal est recueilli par le peuple des îles locales, les Slugs, qui vivent sous le joug des Dominants, qui ont kidnappé Aaricia. Thorgal affronte leur chef qui s'avère être la fille de Silve, la magicienne, retranchée dans une curieuse forteresse, à l'intérieur de laquelle, avant de mourir, elle va révéler le secret des extraordinaires origines qu'elle partage avec le viking...

Créée en 1977 dans les pages du Journal de Tintin, Thorgal n'a pas tardé en devenir un des best-sellers des Editions du Lombard - à tel point qu'aujourd'hui (même si Jean Van Hamme en a confié l'écriture à Yves Sente), avec des tirages d'environ 180 000 exemplaires (!), cela reste un des titres sur lequel cette maison compte le plus pour rester à flot et qu'il génère désormais des spin-offs.

En revenant aux sources de la série, on peut facilement comprendre l'engouement qu'elle suscite car c'est une production très efficace, avec un potentiel initial indéniable. Son héros, athlétique, ténébreux, valeureux, évolue dans un cadre dépaysant, rattaché aux vikings, ces conquérants/explorateurs/commerçants/pirates scandinaves, Normands (hommes du Nord donc) de la période allant du VIIIème au XIème siècle.

Dès les premières pages du premier tome, on apprend dans quelles circonstances Thorgal hérite de sa célèbre balafre sur sa joue droite et l'origine de sa relation avec la belle et blonde Aaricia, fille d'un chef tyrannique au patronyme inspiré par un personnage emblématique du Seigneur des anneaux de J.R.R. Tolkien (Gandalf). Comment ne pas éprouver de l'empathie pour cet homme injustement traité, aimé d'une superbe jeune femme, et animé par un courage irréprochable ?

Très vite également, Van Hamme introduit une dimension fantastique dans la série en introduisant la magicienne Silve, dont le rôle permettra au terme du tome 2 de révéler les origines étonnantes qu'elle partage avec Thorgal. Le scénariste reviendra développer cet aspect par la suite, conférant au titre une singularité encore plus marquée. En ce sens, Thorgal est un peu l'équivalent de Conan dans la bande dessinée franco-belge, même si ses aventures possèdent une identité propre et bien différente mais s'inscrivent dans un genre semblable, l'heroic fantasy.

Le récit qui complète le programme du tome 1 est aussi une réussite : Presque le paradis... brille par son dénouement qui clôt une intrigue ambiguë à souhait sur les thèmes de l'immortalité et de la liberté. C'est aussi l'occasion de montrer le goût du scénariste et de son dessinateur pour les belles créatures féminines, souvent dangereuses (une figure récurrente, au point qu'elle est devenue un cliché vulgaire, dans l'oeuvre de Van Hamme - voir Largo Winch, XIII).

Graphiquement, les premières planches de Rosinski sont loin du style qu'il a développé par la suite : le découpage est simple, parfois un peu maladroit dans ses enchaînements, et le trait manque un peu de dynamisme. 

Mais l'artiste y affiche déjà des dispositions très prometteuses : il faut dire qu'il a un solide bagage puisqu'il a étudié à l'Académie des Beaux-Arts de Varsovie et, même si Thorgal, est sa première série, il s'est fait la main en illustrant une quantité impressionnante de pochettes de disques et de livres pour les enfants (ceux qui les possèdent ont chez eux des collectors valant une fortune aujourd'hui). 

Ainsi, on remarque déjà avec quelle beauté il représente les décors naturels et sauvages mais aussi sait camper des personnages typés, au charisme immédiat. Autant d'atouts qui vaudront de nombreuses récompenses à Rosinski.

Un retour aux sources bien sympathique, très accrocheur.

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