vendredi 28 août 2015

Critique 697 : BATMAN SAGA #40 (Août 2015)

 Batman Saga #40 :

- Batman #38 : Fini de jouer, quatrième partie (Scott Snyder / Greg Capullo) :

Le virus lâché par le Joker continue de rendre folle la population de Gotham. Batman oriente ses recherches en direction du docteur Paul Dekker, dont les travaux sur la régénération cellulaire pourrait permettre de concevoir un antidote. Mais le savant est du côté du Joker et va obliger Batman à s'en remettre à un autre de ses adversaires...

Le récit de Scott Snyder marque, pour la première fois depuis son commencement, légèrement le pas dans ce 4ème chapitre : on y renoue avec un Batman moins engagé dans des scènes d'action spectaculaires, même si la folie qui traverse Gotham réserve encore des moments saisissants, et davantage occupé à enquêter sur les complices du Joker et la recherche d'un antidote.
Néanmoins, l'intrigue demeure passionnante, avec une mise en perspective vertigineuse entre les légendes sur les immortels et la figure du Joker elle-même, dont le scénariste fait une créature quasi-mythologique - un angle de vue fascinant.
Le cliffhanger indique que Snyder compte lier cette saga avec le tout début de son run, ce qui, si cela est bien établi, formerait un tour de force assez épatant.

Greg Capullo maintient un niveau graphique toujours aussi percutant aux épisodes : son découpage très nerveux, ses cadrages inventifs, son emploi des à-plats noirs (superbement encrés par Danny Miki), donnent à tout ça une dimension épique et angoissante impressionnante.

- Detective Comics #38 : Anarky, deuxième partie (Brian Buccellato, Francis Manapul / Francis Manapul) :

Anarky, après avoir failli faire sauter la tour Wayne, accomplit un nouveau coup d'éclat en effaçant toutes les empreintes digitales des gothamites - et du même coup leurs dettes bancaires, leurs casiers judiciaires... Batman et le détective Harvey Bullock doivent alors faire face à des exactions commises par des malfrats lâchés dans la nature. Jusqu'à ce qu'une bavure se produise...

Ce deuxième volet de l'arc ne change guère l'opinion qu'on peut avoir sur la production scénaristique du duo formé par Brian Buccellato et Francis Manapul : leurs idées ne sont pas mauvaises ni exemptes de rythme, mais peinent à accrocher. La faute en incombe au fait que, pour l'instant, Batman n'affronte pas directement Anarky, trop occupé à contenir le chaos qu'il sème.

On sent bien que la série s'articule autour des inventions graphiques de Manapul, capable effectivement de produire des planches au découpage bluffant, mais le procédé a ses limites. Le titre historique de la chauve-souris est donc superflu, même s'il est séduisant : il ne rivalise pas avec la puissance des épisodes de Snyder tout en marchant étrangement dans ses pas (Gotham dépassé par les événements, méchant possédant un coup d'avance...).

- Batman & Robin #37 : L'éveil de Robin - Trou noir (Peter J. Tomasi / Patrick Gleason) : 

Batman affronte Darkseid sur Apokolips pour récupérer et évacuer la dépouille de Damian Wayne, mais aussi avoir une chance de le ressusciter grâce un éclat du cristal du chaos...

Peter J. Tomasi orchestre un duel de toute beauté entre deux personnages qu'on n'associe pas volontiers car leurs univers sont distincts (le cosmique divin avec Darkseid, la justice urbaine avec Batman). Pourtant, ça fonctionne, et pas qu'un peu : le scénariste réussit à retranscrire avec force l'énergie du désespoir qui anime Batman, au point qu'il défie Darkseid sur son propre territoire, mais avec un objectif imparable (la résurrection de son fils).
Alors que la série approche de son dénouement (au #40), tout porte à croire que sa fin sera grandiose.

Patrick Gleason livre une nouvelle fois des planches magnifiques : chez ce faiseur d'images, la sensation passe avant la construction et on retiendra longtemps la méticulosité folle avec laquelle il représente le seigneur d'Apokolips, son visage de pierre, son royaume infernal, tout comme l'intimité poignante des retrouvailles entre Bruce et Damian.

- Batgirl #38 : Aimée (Brendan Fletcher, Cameron Stewart / Cameron Stewart, Babs Tarr) :

Batgirl voit sa popularité monter en flèche depuis qu'elle communique sur les réseaux sociaux en tant que protectrice du quartier de Burnside. Barbara Gordon, elle, doit composer avec la défiance de son petit ami, l'agent Liam Powell, qui n'apprécie pas qu'une justicière masquée entrave l'action de la police...

Le run de Brendan Fletcher et Cameron Stewart affiche désormais sa singularité, pour le meilleur et le pire : les épisodes se suivent et se ressemblent dans leur structure, partagée entre l'exposition des soucis quotidiens de son héroïne, traités avec légèreté sinon avec superficialité, et la lutte avec un ennemi, au charisme très limité, au pouvoir de nuisance peu élevé.
La fraîcheur du dispositif n'excuse pas un défaut de plus en plus prononcé d'inspiration : c'est dommage, mais ne perdons pas espoir. Si d'aventure, les auteurs finissent par imaginer une menace plus consistante, cela profitera à leur héroïne.

Babs Tarr, toujours d'après le storyboard dressé par Stewart, continue d'illustrer ça avec beaucoup de pep's : en cela, son dessin est parfaitement raccord avec le projet, mais le potentiel de cet artiste gagnerait lui aussi à servir des intrigues plus intenses.

- Grayson Annual #1 : Une Histoire de géants, grands et petits (Tim Seeley, Tom King / Stephen Mooney) :

Helena Bertinelli, la "matrone" de l'agence Spyral, est kidnappé par Rockin' Rob, un expert en explosifs irlandais, qui veut la livrer aux sbires de St Francis en échange d'une rencontre avec ce dernier. Mais dans cette transaction, personne n'est celui qu'il prétend être...

A peine 5 épisodes et la série de Tim Seeley et Tom King a déjà droit à son Annual, un format plus long qu'à l'ordinaire (une trentaine de pages), avec une intrigue qui, tout en restant relié à l'arc en cours, permet un angle de vue un peu décalé.
L'intrigue doit, à l'évidence, beaucoup à Tom King, ancien des forces spéciales, et bien documenté sur l'Irlande. Mais davantage que cela, c'est le jeu sur le fait de raconter des histoires - le propre des espions en somme, qui doivent tromper leurs ennemis pour les démasquer et les vaincre - qui séduit. Toute la nuance entre le récit et le mensonge devient jubilatoire au terme de cet épisode.

Mikel Janin laisse sa place au dessinateur irlandais Stephen Mooney (révélé avec la série indé Half Past Danger chez IDW), dont le style, bien différent, est très efficace. Parfois, quelques plans trahissent des maladresses avec des compositions inégales, mais le trait est affirmé, réaliste, avec un découpage habile.

Bilan : toujours très positif - la revue est vraiment un régal à lire, son programme est riche, dense, varié, et la format anthologique mais thématique (le Bat-verse) profite même aux titres plus faibles (Batgirl, Detective Comics). Des séries comme Batman, Batman & Robin et Grayson affichent un niveau narratif et graphique impressionnant, surtout que DC peut se vanter d'y avoir des auteurs et artistes très réguliers.

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