jeudi 23 juillet 2015

Critique 672 : CONVERGENCE SHAZAM ! #2 (of 2), de Jeff Parker et Evan Shaner


CONVERGENCE SHAZAM #2 : RETURN OF THE THUNDER est la seconde partie de l'histoire écrite par Jeff Parker et dessinée par Evan Shaner, publié en Mai 2015 par DC Comics.

Rappel des faits : Telos, une entité née d'une planète hors du temps, veut tester les champions de terres parallèles en provoquant des batailles entre leurs super-héros. Il s'en prend, entre autres, à la Terre-S, le monde dont Captain Marvel/Shazam est le champion, en la recouvrant d'un dôme qui prive Billy Batson, son alter ego, et ses alliés, Mary Marvel et Freddy Freeman, de leurs pouvoirs. Les trois adolescents surprennent le Dr Sivana et ses acolytes, Mr Atom, King Kull et Ibac dans les souterrains de Fawcett City, sur le point de profiter de la crise, lorsque des explosions en surface retentissent. Le ciel est envahi par un escadron de dirigeables qui dévaste la ville... 

La Terre-S est attaqué par celle du Gaslight Universe, dont le champion est un Batman de l'ère anglo-victorienne. Les deux héros s'affrontent brièvement avant de comprendre que leurs mondes risquent la même fin. Mais Mr Atom a saisi l'occasion pour disparaître et afin de s'assurer la victoire il a libéré les ennemis de Batman. A moins que l'immense robot ne soit qu'une diversion pour un autre ennemi...

J'ai bien cru ne jamais pouvoir lire ce second épisode, mais grâce à un libraire et le reasort, j'ai pu récupérer un exemplaire de ce dernier volet du diptyque écrit par Jeff Parker et dessiné par Evan Shaner. Ouf !

Contre quelle terre parallèle du Multivers, le monde de Captain Marvel/Shazam allait-il devoir prouver sa valeur dans le test cosmique lancé par Telos ? DC Comics avait annulé tout suspense dès le premier numéro en annonçant au verso de la couverture l'identité de l'adversaire : c'est ballot, mais ça restait prometteur puisqu'il s'agissait du Gaslight Universe, découvert en 1989 dans le récit complet Gotham by Gaslight de Brian Augustyn (scénario) et Mike Mignola (dessins).

J'ignore si Jeff Parker a choisi cet opposant ou si l'éditeur le lui a imposé, mais l'idée a inspiré l'auteur qui a compris tout le parti qu'il pouvait tirer d'une confrontation entre l'univers coloré et optimiste de Shazam et celui sombre et glauque de ce Batman issu de l'ère victorienne. Le contraste philosophique et esthétique entre ces deux mondes et leurs champions donne du relief au récit et assure un spectacle de qualité.

Par ailleurs Parker est dans son élément avec cet argument qui lui permet d'assumer son goût prononcé pour l'action, les rebondissements et une sorte de fantaisie foutraque : la forme même de ce diptyque l'autorise à jouer avec un casting étonnamment fourni pour une aventure de seulement deux épisodes et 40 pages. Certes, le dénouement est un peu précipité du coup, mais c'est aussi un gage de réussite que de faire ressentir au lecteur l'envie d'en avoir plus... Même si, hélas ! il semble peu probable que DC Comics lance une série régulière avec cette version de Shazam (ou de Batman), et avec cette équipe artistique.

La révélation concernant Mr Atom rappellera aussi certainement aux fans de Photonik de Ciro Tota le dénouement de la mythique "Saga du Minotaure", parue dans les années 80 dans les revues "Mustang" puis "Titans" (même si Jeff Parker et le staff éditorial de DC ne doivent jamais l'avoir lue)...

Visuellement, Evan Shaner produit une nouvelle fois une superbe prestation : toute l'affection qu'il porte à Shazam transpire de ses planches et il anime ce personnage magnifiquement, avec une candeur appropriée mais sans niaiserie. Familier de son casting (qu'il a dessiné à maintes reprises avant de pouvoir enfin réaliser ces épisodes), il les maîtrise tous parfaitement : Mary Marvel, Captain Marvel Jr, Tawny, Oncle Dudely, Sterling Morris, Mr Atom... C'est un régal.

Restait à savoir comment il s'appropriait les designs si spéciaux de Mignola avec l'intervention du Gaslight Universe. Pas de souci là non plus : sans chercher à imiter le créateur d'Hellboy, il s'empare de ce Batman bien particulier avec une facilité confondante et nous donne à voir à quel point le personnage ainsi relooké avait de l'allure. Le temps de quelques plans, Shaner dispose même de l'opportunité de dessiner des versions victoriennes de la rogue gallery de l'homme chauve-souris : le Joker, Poison Ivy, l'Epouvantail, Clayface, Killer Croc, Two-Face, le Pingouin, Mr Freeze, Batlash, Harley Quinn !

Il faut enfin saluer la colorisation encore une fois remarquable de Jordie Bellaire, qui colle à merveille au style de Shaner et embellit encore plus ces deux chapitres grâce à une palette bien choisie (ce second acte privilégie les gris et bleus).

C'est jubilatoire mais trop court, trop vite passé ! Si le crossover Convergence avec sa saga centrale a reçu des critiques très mitigées, la réussite du Shazam de Parker et Shaner n'a pas fait débat. Dommage vraiment que DC n'ait pas prolongé l'expérience après de les si bons retours déjà obtenus par The Multiversity : Thunderworld Adventures de Grant Morrison et Cameron Stewart.    

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