vendredi 17 juillet 2015

Critique 668 : ANT-MAN #1 (Juillet 2015)

 ANT-MAN #1 :

- Ant-Man #1-2 : Travail de fourmi (Nick Spencer / Ramon Rosanas) :
(Ci-dessus : extrait de Ant-Man #1.
Textes de Nick Spencer, dessins de Ramon Rosanas.)

Scott Lang alias Ant-Man se présente à un entretien d'embauche chez Stark Industries à San Francisco pour en diriger la sécurité. Tony Stark l'humilie en le mettant en concurrence entre trois autres prétendants et en ne misant pas sur lui. La nuit venue, Ant-Man se réintroduit dans les locaux pour pirater le système de surveillance afin de prouver ses compétences : il obtient alors le poste... Sauf que son ex-femme lui apprend qu'elle part s'installer à Miami avec leur fille. Il doit choisir entre son job et sa fille...
(Ci-dessus : extrait de Ant-Man #2.)

Etabli à Miami, Ant-Man obtient un prêt auprès d'une banque pour louer un local pour son agence de sécurité. Grizzly, un ennemi de l'ancien Homme-Fourmi Eric O'Grady, débarque alors avec l'intention de se venger. Réalisant sa méprise, il accepte de seconder Scott Lang dans son boulot...

Publié depuis le mois de Mars aux Etats-Unis, cette série consacrée à Ant-Man est opportunément et rapidement traduite par Panini dans une revue bimestrielle à son nom pour profiter de la sortie du film de Peyton Reed (en salles depuis le 14 Juillet chez nous).
Si on ne peut que se féliciter d'avoir aussi vite ce titre en France, on peut néanmoins s'interroger sur sa publication, tous les deux mois et dans une revue de 72 pages à 4,60 E, avec en complément un épisode d'Iron Man datant de Décembre 2010 (!), alors que le mois dernier Panini sortait un autre bimestriel, SHIELD, pour surfer sur la vague du feuilleton télé (diffusé sur W9). N'aurait-il pas été plus judicieux de publier un seul bimestriel, certainement plus solide et attractif artistiquement et commercialement, avec deux épisodes de SHIELD et Ant-Man à 4,90 E ? Ou une formule, bimestrielle aussi et avec deux épisodes d'une série, sans complément de programme bizarroïde, à disons 4 E-4,20 E ? (Bien entendu, ces hypothèses suggèrent qu'on soutire moins d'argent aux clients, ce qui est naïf de ma part)
On parie combien que tout ça finira par être reformaté et renuméroté dans quelques mois si les ventes sont décevantes ?

Mais soit, passons sur cela et concentrons-nous sur le contenu. Et de ce côté-là, n'hésitez pas, vous ne serez pas déçu.

S'il y a un enseignement à tirer des succès du Hawkeye de Matt Fraction et David Aja ou du run de Daredevil par Mark Waid et Paolo Rivera puis Chris Samnee, c'est qu'ils ont permis à Marvel de développer des séries qui ne se posent pas en concurrentes des blockbusters classiques mais ciblent un public en quête de productions différentes, mixant des éléments super-héroïques avec un ton emprunté aux comics indépendants (sur le modèle de Vertigo chez DC Comics ou d'Image Comics, par exemple).
Cela passe par une écriture qui propose une vision iconoclaste d'un héros et un graphisme soigné mais original. Et l'équipe formée par Nick Spencer (révélé par Morning Glories, chez Image, puis scribe entre autres de Avengers World ; Superior Foes of Spider-Man) et Ramon Rosanas (artiste sur Spider-Man 1602 ; Night of the Living Deadpool) répond à ces critères.

La situation de Scott Lang (qui a aussi été choisi pour être Ant-Man au cinéma, interprété par Paul Rudd) est clairement exposée dans un flash-back, facilitant la compréhension des origines du héros : ex-repris de justice, successeur de Hank Pym, père divorcé à la recherche d'un emploi, membre secondaire des Avengers ou des FF, c'est un personnage immédiatement attachant qui, au moment où il pense sortir des ennuis, est confronté à un dilemme moral.

Nick Spencer raconte ces deux premiers épisodes avec beaucoup de rythme, un humour pince-sans-rire bienvenu, dans des décors dépaysants (San Francisco puis Miami) et un supporting cast bien défini (la relation père-fille entre Scott et Cassie, le couple défait de Scott et Peggy, la hiérarchie établie avec Iron Man version Superior - qu'on peut suivre dans la revue "Avengers Now !" - , l'irruption de l'improbable vilain Grizzly). La voix-off est très présente également, mais ce que pense Ant-Man ne répète pas bêtement ce qu'il fait donc l'effet est inspiré. Le deuxième épisode s'achève sur un cliffhanger accrocheur.

Les dessins de Ramon Rosanas témoignent d'une réelle exigence de sa part : même si le traitement des décors est parfois un peu froid (car entièrement conçu par un assistant numérique), il faut retenir qu'une grande majorité de plans possède un décor fouillé. Les attitudes et expressions des personnages sont aussi très bien rendues, et le nouveau design du costume de Ant-Man est réussi.

Un sentiment de densité graphique est palpable avec ces cases, ces pages bien remplies, au découpage classique mais fluide. C'est exceptionnel, mais sur 50 pages (le premier épisode en fait 30), on ne compte que deux splash-pages - et bien disposées ! Le trait est élégant, avec un encrage bien net (réalisé par Rosanas) et une colorisation nuancée (due à Jordan Boyd).

Bilan : si le format de la revue aurait mérité mieux, cette nouvelle série est un plaisir auprès duquel il ne faut pas passer. On tient là un remplaçant possible à Hawkeye et Daredevil (même si le projet est moins ambitieux, narrativement et visuellement). Par contre, épargnez-vous la lecture d'Iron Man : Titanium (par Matteo Casali et Steve Kurth) : ça vous gâcherez la vue, à moins que (comme pour moi) ça ne vous tombe des mains.

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