dimanche 12 juillet 2015

Critique 663 : BATMAN SAGA #38 (Juillet 2015)

BATMAN SAGA #38 :

- Batman #36 : Fini de jouer (2) (Scott Snyder / Greg Capullo) :

Batman neutralise, avec difficulté, Superman sous l'emprise du Joker, mais il lui faut ensuite localiser son ennemi, qu'il croyait mort après leur dernier affrontement. Il retourne dans l'asile désaffecté d'Arkham (dont les pensionnaires résident désormais dans l'ancien manoir Wayne) où il va faire une découverte sidérante...

Démarré sur les chapeaux de roues, cette histoire se développe avec une intensité remarquable : Scott Snyder alterne parfaitement séquences d'action et enquête pour nous mener jusqu'à un cliffhanger haletant, qui signe le retour du Joker.
Difficile, pour ne pas dire impossible de ne pas être saisi par l'efficacité redoutable du dispositif et les promesses qu'il annonce, amenées à profondément bouleverser la série.

Greg Capullo évolue graphiquement dans ce théâtre d'ombres comme chez lui : son style très détaillé sait se dépouiller pour évoquer des ambiances dignes de Mignola, un mélange détonant mais d'une grande puissance.

Palpitant, musclé : irrésistible. 

- Detective Comics #36 : Terminal (2) (Benjamin Percy / John Paul Leon) :

L'aéroport de Gotham est mis en quarantaine après qu'un avion, avec tous ses passagers tués par un mystérieux et foudroyant virus, s'y soit posé. Batman est lui-même atteint mais l'attentat a été revendiqué et, avec l'aide de Dick Grayson, il va pouvoir pister le terroriste. 

Suite et fin de cette aventure en deux parties : Benjamin Percy a conduit avec habileté son récit qui doit plus au registre de l'épouvante qu'aux comics d'action traditionnels. L'utilisation de Dick Grayson est facilement providentielle, mais ce n'est pas très grave car le véritable intérêt était ailleurs.

Et l'atout maître de ce diptyque, ce sont les dessins de John Paul Leon, avec encore une fois une prestation extraordinaire : voilà un artiste capable de transcender n'importe quel récit et qui anime Batman comme les plus grands.

Le mois prochain, retour aux manettes de la team Brian Buccellatto-Francis Manapul (ce dernier vient d'ailleurs d'annoncer son départ de la série, qui va être très impactée par le Batman de Snyder).

- Batman & Robin #35 : L'éveil de Robin - Les portes de l'enfer (Peter J. Tomasi / Patrick Gleason) :

Batman a dérobé dans le Q.G. de la Justice League une armure avec laquelle il s'est téléporté sur Apokolopis où la dépouille de son fils Damian a été emmenée par Glorious Godfrey. Cepedant à Gotham, Red Hood, Robin et Batgirl confient la protection de la ville à Batwoman pendant qu'ils partent rejoindre leur mentor... 

Voilà un titre que j'étais impatient de retrouver car, lorsque j'avais acheté les premiers numéros de la revue, il était mon préféré du sommaire. On est à présent dans la dernière ligne droite puisque la série va se conclure au #40 (elle sera remplacé par Robin, son of Batman, qu'écrira et dessinera Gleason).
L'intrigue de Peter Tomasi présente le mérite d'être immédiatement accessible (grâce aussi au rédactionnel irréprochable de l'équipe d'Urban Comics, dont le travail sur ce point est d'une qualité incomparable avec Panini) : le cadre d'Apokolips, créé jadis par Kirby, reste toujours aussi impressionnant et la quête de Batman et ses disciples y revêt une dimension épique.

Patrick Gleason produit des planches inégales : inspiré quand il évolue dans l'enfer de Darkseid, un peu plus relâché dans la partie à Gotham, mais l'ensemble de l'épisode est tout de même de grande qualité visuellement.

Vivement la suite.
  
- Batgirl #36 : C'est parti pour l'apocalypse ! (Brendan Fletcher, Cameron Stewart / Cameron Stewart, Babs Tarr) :

Barbara Gordon doit mener de front deux enquêtes : trouver qui a découvert qu'elle était Batgirl en lui envoyant un e-mail et arrêter les voleuses de deux motos expérimentales élaborées dans le campus qu'elle fréquente. Et si les deux affaires étaient liées ?

Les bonnes dispositions affichées par l'équipe créative dans l'épisode du précédent numéro se confirment et font de la série un de mes coups de coeur : quelle énergie ! Les références manga m'ont en revanche laissé froid (mais je ne suis pas client de BD japonaises en général).

C'est surtout graphiquement que cette nouvelle Batgirl est jubilatoire : le découpage très dense et pourtant très dynamique de Cameron Stewart associé au dessin cartoony de Babs Tarr est un régal à lire, en parfaite adéquation avec la narration de Brendan Fletcher.

Décalé par rapport au reste du sommaire, mais agissant comme une bien agréable respiration.

- Grayson #4 : La chasse (Tom King, Tim Seeley / Mikel Janin) : 

Dick Grayson est sur ses gardes : Monsieur Minos, le chef de l'agence Spyral qu'il a infiltrée, a compris qu'une taupe a infiltré son organisation et a confié à Helena Bertinelli la mission de l'identifier. L'ex-Nightwing doit aussi faire face à de jeunes recrues de St Hadrian, l'académie rattachée à Spyral, désireuses qu'elle le remarque car il leur plait.

Ce 4ème épisode fonctionne encore sur le principe du done-in-one : il n'y a pas vraiment d'intrigue comme dans le précédent numéro, mais la série dégage un vrai charme, qui ne s'inscrit finalement pas dans le registre super-héroïque mais plus dans le récit d'aventures et d'espionnage (on n'est pas si loin du Winter Soldier de Brubaker, avec moins de gravité). Le duo Tom King-Tim Seeley (qui se partage la conception de l'histoire et sa mise en forme) accomplit un excellent boulot.

L'autre artisan de cette réussite est Mikel Janin qui dessine cela avec un plaisir si évident que le lecteur le ressent : son trait glamour introduit une distance bienvenue mais sans négliger des effets de mise en scène sophistiqués (une cascade de petites vignettes pour résumer la mission dans le QG du chevalier noir, la splash-page pour la poursuite entre les élèves de St Hadrian et Grayson).

Très séduisant.

Bilan : Batman Saga affiche un sacré programme et offre de grands moments de lecture. Bien qu'axé autour du Batverse, on a quand même droit à une revue aux séries bien contrastées, menées par des équipes artistiques aux styles affirmés et distincts. 

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