mardi 16 septembre 2014

Critique 507 : JOHAN ET PIRLOUIT, TOME 5 - LE SERMENT DES VIKINGS, de Peyo


JOHAN ET PIRLOUIT : LE SERMENT DES VIKINGS est le 5ème tome de la série, écrit et dessiné par Peyo, publié en 1957 par Dupuis.
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De retour d'une mission chez le baron de Troumanach, sur la côte, Johan et Pirlouit regagnent le château du bon Roi quand ils sont surpris par la pluie. Ils trouvent heureusement rapidement refuge chez une famille de pêcheurs non loin de la plage. 
Alors que Pirlouit distrait les trois enfants en leur racontant un conte, Johan remarque l'intelligence de l'aîné, Jacques, mais son père déplore de ne pouvoir encore le garder longtemps auprès de lui, en expliquant que le baron l'engagera certainement comme valet d'écurie. L'écuyer propose une alternative : l'emmener avec lui pour qu'il devienne page. Mais Johan se heurte au refus du père.
Le lendemain matin, un viking se présente à la porte de la maison et annonce à Johan qu'il vient chercher Jacques. Le garçon est enlevé sans que l'écuyer et Pirlouit puisse l'empêcher.
C'est alors qu'un second drakkar passe par là et embarque nos deux héros, l'équipage désirant comme eux libérer le garçon qui est au centre d'une lutte pour le trône du Snoeland...

Cela fait trois ans qu'il est publié dans les pages de Spirou quand Peyo se lance dans cette 5ème aventure de Johan et Pirlouit. Il est devenu une des vedettes de la revue et la série jouit d'une popularité grandissante auprès des lecteurs.

A ces titres, il participe au projet Risque-Tout, un nouveau journal de bande dessinée que lance les éditions Dupuis dès 1955 et dans laquelle il place plusieurs histoires courtes : Le Dragon vert (au n°2), Enguerran le preux (au n°9), Sortilège au Château (au n°22) et L'Auberge du Pendu (au n°25).
 
Mais le format long manque visiblement à Peyo et, dès le n° 920 de Spirou, fin 1955, il commence la publication du Serment des Vikings. La série n'a pas encore atteint des sommets artistiques, mais son auteur a acquis une vraie maîtrise de narrateur et c'est un artiste en constant progrès.
L'argument peut sembler assez banal avec son duo de héros embarqué dans une aventure qui les dépasse, dont ils ignorent les tenants et aboutissants : Johan croit bien faire en s'en mêlant mais entraîne un Pirlouit réticent dans l'affaire, avant de savoir le fin mot de l'histoire.

En examinant attentivement le découpage de cet album de 44 planches, on se rend néanmoins vite compte qu'il s'agit d'un récit très dense : on a droit à une moyenne de 11 à 12 plans par page, et il faut bien ça pour illustrer lisiblement la succession soutenue de rebondissements de cette longue course poursuite à bord de drakkars, à l'assaut d'un château, aux nombreux combats, aux retournements de situations multiples. En outre, le casting des seconds rôles est abondant et les patronymes des vikings, bons et méchants, offrent une note d'exotisme certain (on y croise des Olaf, Thor, Ingjald, Sveinn, Karle, Bodhvar, Mjolnir, Starkadh, Sigurd...).

Peyo fait feu de tout bois : visuellement, cette histoire réserve son lot de pages superbes, aux décors soignés, aux costumes évocateurs. Les scènes les plus spectaculaires, avec les flottes de drakkars, ou les batailles en mer ou dans le château  de Sigurd (dans lequel Johan et Pirlouit s'introduisent au moyen d'une ruse savoureuse), sont merveilleusement composées, sans pourtant requérir de grandes cases mais en utilisant au maximum l'espace de chaque cadre (une leçon que ferait bien d'étudier bon nombres d'artistes actuels...).

Il manque peut-être la pointe de poésie qui transformera les futurs albums en des récits de qualité encore supérieure, mais l'efficacité de l'action et les quelques notes de fantaisie suffisent à assurer une lecture très divertissante. 

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