jeudi 28 mars 2013

Critique 387 : THE SIXTH GUN, BOOK 4 - A TOWN CALLED PENANCE, de Cullen Bunn, Brian Hurtt et Tyler Crook

The Sixth Gun, Book 4 : A Town Called Penance rassemble les épisodes 18 à 23 de la série créée et écrite par Cullen Bunn, et dessinée par Brian Hurtt (#18-22) et Tyler Crook (#23), publiée par Oni Press en 2012.
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Séparés après l'attaque du train dans lequel ils transportaient le cercueil du Général Hume avec l'aide de l'Orde de l'Epée d'Abraham, Becky Montcrief et Drake Sinclair sont désormais dans une situation compromise. La jeune femme a fui la protection de l'Ordre et arrive dans la bourgade de Penance, où l'ont conduite les visions du futur du 6ème pistolet en sa possession. De son côté, son acolyte est le prisonnier de l'Orde des Chevaliers de Salomon, auquel il a appartenu dans le passé et qui veulent les quatre pistolets en sa possession (mais qu'il a eu le temps avant d'être capturé de mettre à l'abri).
Quand à ce brigand de Kirby Hale, il accepte de louer ses services à Missy Hume pour récupérer les pistolets tout en espérant que Becky l'aime encore après qu'il l'ait trahie une première fois...
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Si Cullen Bunn s'en tient à son plan initial - une série d'une cinquantaine d'épisodes maximum - , alors ce 4ème tome de The Sixth Gun franchit presque la moitié du parcours et permet à la fois de mesurer le chemin parcouru tout en laissant de nombreuses pistes à explorer (j'enchaîne les métaphores spatiales...).
Les précédents épisodes du tome 3 coupaient l'intrigue en deux parties : on y assistait, d'un côté, à la séparation forcée (à la suite de l'attaque du train par les mercenaires de Missy Hume) de Becky et Drake ; puis, d'un autre côté, à la quête de Gord Cantrell pour trouver un moyen de neutraliser les pistolets magiques (qui, réunis, pourraient peut-être transformer toute la réalité, passée et présente).
Cullen Bunn exclut (pour le faire revenir dans les prochains chapitres) Gord Cantrell de son récit afin de mettre en scène la réunion de Becky et Drake. Il imagine un nouveau décor où arrive Becky et dont il a le secret et qui contribue à faire de The Sixth Gun ce mix détonant de western et de fantastique horrifique : un bled perdu du nom de Penance (Pénitence). Dans ce lieu vivent des habitants difformes, des proto-mutants, contaminés par l'eau empoisonnée par les Chevaliers de Salomon qui détiennent Drake. La trahison du shériff (à la mine, il est vrai, peu honnête) va achever de précipiter l'affrontement entre les Chevaliers et une partie de la population, résidant à la périphérie, et conséquemment sceller les retrouvailles de Becky et Drake dans un autre endroit étonnant.
L'épisode 21, qui se déroule dans le repère des Chevaliers, une cité souterraine, offre au scénariste - et son dessinateur - le prétexte pour un vrai défi narratif puisqu'il s'agit d'un chapitre muet, sans dialogues ni onomatopées, sur le principe des " 'Nuff Said" comme Marvel Comics en proposa il y a quelques années pour un épisode de toutes leurs séries le même mois. L'efficacité et la confiance acquises par l'auteur sur son projet sont désormais telles qu'il passe l'examen avec brio et produit un petit chef-d'oeuvre. C'est aussi cela qui rend The Sixth Gun si plaisant à lire, pour cette capacité non seulement à se jouer des codes des genres qu'il aborde mais aussi cet aspect ludique dans la relation des intrigues, ces "morceaux de bravoure" parfaitement exécutés.
L'action domine donc ce recueil, mais continue de développer des liens entre ses protagonistes : ainsi on apprendra de Drake Sinclair une révélation renversante sur son rôle vis-à-vis de l'usage des six pistolets dans le passé, un twist dramatique qui va sans doute impacter durablement la série. Le personnage de Jesup, un des Chevaliers avec lequel Drake a un sérieux contentieux, est destiné à revenir aussi, malgré ce qu'il subit à la fin du #22. Quant à Kirby Hale, son alliance avec la sinistre Missy Hume promet également beaucoup, même si les sentiments qu'il éprouve encore pour Becky interféreront certainement...
The Sixth Gun n'a pas fini de régaler ses fans. Pourquoi donc aucune maison d'édition française ne s'intéresse à la traduction de ce titre, alors qu'ici, où de Lucky Luke à Blueberry en passant par Les Tuniques Bleues (et d'autres), un tel western aurait toutes les chances de gagner des lecteurs ?!
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Brian Hurtt continue d'enchaîner les épisodes avec une régularité impressionnante. Son dessin n'est peut-être pas renversant au premier regard, mais il n'empêche que la série lui doit beaucoup car c'est assurément un storyteller bigrement doué. Son découpage est simple, sobre, mais redoutable, avec des effets bien dosés (voir la splash-page où a lieu un vrai feu d'artifices de dynamite, après des suites de séquences cadrées serré). Le flux de lecture est d'une souplesse telle qu'on engloutit les 150 pages de ce volume sans voir passer le temps.

La série a aussi trouvé avec Tyler Crook un fill-in artist parfait : il ne s'occupe ici que du #23, centré sur Kirby Hale, ce qui permet de bien distinguer les tâches dévolues aux deux dessinateurs. Son trait est plus relaché que celui de Hurtt, plus "cartoony" mais convient idéalement au titre, dont le visuel ne cultive pas un réalisme classique pour mieux faire passer les excentricités du script.

Et, encore une fois, la colorisation de Bill Crabtree est irréprochable. Quel plaisir, vraiment, de lire une série qui conserve une si bonne cohérence esthétique depuis ses débuts !
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Enocre une collection d'épisodes jubilatoires. Vivement la suite, qui promet d'être aussi délirante et palpitante !

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