jeudi 7 mars 2013

Critique 381 : X-MEN - BLANK GENERATION, de Brian Wood, David Lopez et Roland Boschi


X-Men : Blank Generation rassemble les épisodes 30 à 35 du volume 3 de la série X-Men, écrits par Brian Wood et dessinés par David Lopez (#30-33) et Roland Boschi (#34-35), publiés en 2012 par Marvel Comics.
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 La composition de l'équipe :
Storm, Psylocke, Pixie, Colossus et Domino.


Qui sont ces "monstres" surgis de nulle part ?
Des "proto-mutants", dont l'existence même bouleverse
celle des X-Men...

Suite au schisme entre Wolverine et Cyclops, Storm a pris le parti de ce dernier en restant basée sur l'île d'Utopia (au large de San Francisco). Scott Summers a confié à son amie la direction d'une équipe de "sécurité", chargée de repérer d'éventuels problèmes liés aux mutants et de les résoudre rapidement et discrètement. 
Néanmoins, les prises de position de plus en plus radicales de Cyclops commencent à agacer Storm, qui entend utiliser son groupe de manière plus autonome. Et justement, elle va avoir l'occasion d'affirmer ce choix avec sa nouvelle mission, où elle est accompagnée par Psylocke (elle aussi perplexe vis-à-vis de Cyclops), Colossus (davantage enclin à suivre la voie tracée par Scott Summers), Domino (qui est plus irrésolue) et la jeune Pixie (que ces problèmes de leadership concernent moins).

Un savant terroriste, cherchant à reproduire le virus de la peste noire, découvre accidentellement des souches d'adn provenant d'une très ancienne race de mutants, peut-être les premiers mutants de l'histoire. Il les développe et des monstres commencent alors à surgir aux quatre coins du globe.
Storm et ses co-équipiers sont envoyés sur place et découvrent que ces créatures sont littéralement dégénérées, corrompues scientifiquement. Pour résoudre cette énigme et remonter jusqu'à celui qui a réveillé ces "proto-mutants", Storm choisit non pas de s'en remettre à l'expertise du Dr Nemesis sur Utopia mais à de jeunes scientifiques indépendants, ce qui provoque de premières tensions au sein du groupe (Colossus lui reproche ouvertement de défier l'autorité de Cyclops, elle lui répond qu'elle sert la cause mutante et pas leur actuel leader).
Les X-Men localisent, grâce à un des proto-mutants qu'a intercepté Psylocke, David Michael Gray, le savant terroriste. Mais celui-ci a déjà préparé sa sortie et délivré un échantillon au chef de la secte de la Voie Céleste, qui veut utiliser la souche mutante à des fins eugénistes.
L'équipe doit donc infiltrer le paquebot où sont réunis les adeptes de la secte et récupérer le dernier prélèvement, avant que le navire ne soit coulé par les autorités américaines au courant de que veut faire l'illuminé...
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L'arrivée de Brian Wood, surtout connu pour ses creator-owned (les séries DMZ, Northlanders, Demo...), est une bouffée d'air frais pour cette série estampillée "X" et qui a eu du mal à trouver sa place dans une franchise très fournie (où l'on trouve Uncanny X-Men, X-Men Legacy, New Mutants, Astonishing X-Men, Uncanny X-Force, Wolverine & the X-Men, X-Men, X-Factor, Wolverine...). Après les sagas de Victor Gishler, peuplées de vampires (opportun après les succès cinéma de Twilight) et des team-ups avec d'autres personnages, il était temps de redéfinir la ligne de ce titre.
Cela passe d'abord par un casting rafraîchissant, d'où sont exclus les mâles alpha comme Cyclops ou Wolverine (enfin une série sans le griffu !). Avec quatre femmes, le propos de Wood est cependant moins de différencier le genre des personnages que de mettre en scène des héroïnes mutantes dont les relations avec Scott Summers et Logan rebattent les cartes après le schisme mutant et avant Avengers vs x-Men. A cet égard, Storm est définie non plus comme la partisane de l'un ou l'autre mais comme celle qui veut ouvrir une troisième voie (ni isolationniste comme Cyclops, ni traditionaliste domme Wolverine), et ce choix engendre des tensions très intéressantes au sein de son unité d'intervention, en particulier entre Colossus (fidèle à Cyclops) et Psylocke (proche de Wolverine) mais aussi Domino (dont l'évolution au cours des deux histoires de ce tome sert à mesurer le fossé qui se creuse entre les membres). La dynamique du groupe est très efficace et suffirait presqu'à assurer la réussite de l'entreprise de Wood.
Mais le scénariste n'en reste pas là et, avec son intrigue articulée autour de la découverte d'une race primordiale de mutants, il donne une profondeur inattendue à l'ensemble. Il s'agit bien alors de savoir pourquoi il est important de sauver ce qui peut l'être et ce qui va être fait avec ce qui sera sauvé. Ce qui réunit fondamentalement ces X-Men, c'est la conviction que les humains ne doivent pas disposer d'éléments aussi précieux sur les origines de la race mutante. Mais ce qui les distingue, c'est ce que les mutants modernes feraient de tels documents, et qui pourraient ne pas être plus noble que ce que les humains en feraient.
Pour Colossus, la question ne se pose pas en ces termes : il agit en bon soldat, aux ordres de Cyclops. Pour Storm (et Psylocke), l'enjeu dépasse les personnes, elle concerne la cause mutante. Est-il finalement bon d'exploiter ce qui reste des ancêtres des mutants ? Cela ne risque-t-il pas de creuser encore leurs relations avec les humains ? Mine de rien, Wood inscrit ces deux arcs, brefs, concis, denses, comme des pièces importantes pour ce que la saga Avengers vs X-Men va déterminer (la radicalisation politique de Cyclops, l'ivresse du pouvoir, le choc inévitable avec les héros - les Vengeurs - , la scission encore plus profonde entre les mutants).
La première histoire (Blank Generation, traduite en vf par "Génération Brute", mais qu'il aurait plus juste de renommer simplement "Première Génération") est admirablement menée : les personnages sont bien campées, leurs rapports bien cernés, l'apparition des "proto-mutants" spectaculaire, le dénouement habile. En quatre épisodes, Wood pose chaque élément narratif avec simplicité et intelligence, rien n'est tout blanc ou noir, il y a du rythme, de l'action et des séquences dialoguées intenses.
La seconde partie (Subterraneans) est un petit bijou de suspense, avec une course contre la montre, plus classique, et donnant le beau rôle au duo Psylocke-Domino, qui prolonge efficacement ce qui a précédé et offre une fin sur la forme mais pas dans le fond - il reste encore deux épisodes à Wood avant la fin de son run, où il est clair que le différend entre Storm et Colossus (et par ricochet avec Cyclops) va éclater.

Le troisième volume de X-Men s'achève au #40 (avec Seth Peck au scénario)... Avant un relaunch au mois de Mai, avec à nouveau Brian Wood (et Olivier Coipel au dessin, pour un casting 100% féminin !). 
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L'autre question posée par l'apparition 
de ces "proto-mutants" est : qui est responsable
de leur retour ?

Le tandem David et Alvaro Lopez (Fallen Angel, Catwoman, Hawkeye and Mockingbird, New Mutants) se chargent des dessins des épisodes 30 à 33. Les deux espagnols oeuvrent avec des personnages féminins qu'ils excellent à représenter, mais aussi avec un découpage très dynamique. Leur complicité avec Brian Wood est évidente (et le scénariste a d'ailleurs déclaré qu'il souhaiterait retravailler avec eux dans le futur).
Puis c'est le français Roland Boschi qui signe les épisodes 34 et 35. Là, le résultat est beaucoup plus faible, à tel point qu'on a même du mal à reconnaître le style de cet artiste. Boschi n'a certes jamais été un dessinateur très élégant, son trait n'est pas joli, mais il compensait par un vrai savoir-faire pour le cadrage. Ici, rien de tel, ce qui donne la désagréable sensation d'un travail de commande bâclé, et qui gâche la fête après les belles pages des Lopez. Dommage (mais les ibères reviennent pour la suite).
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Six épisodes très plaisants, qui sont de très bon augure pour le volume 4, avec un auteur qui a visiblement des plans intéressants pour Storm et Psylocke, en marge des locomotives mutantes du relaunch "Marvel Now !". 2013 s'annonce passionnant pour les amateurs de mutants, qui n'auront pas été aussi gâtés depuis longtemps.

X-Men : Human Being rassemble les épisodes 36 et 37 du volume 3 de la série X-Men, écrits par Brian Wood et dessinés par David Lopez, publiés en Novembre et Décembre 2012 par Marvel Comics.
Ces deux épisodes, formant un arc complet, concluent le run du scénariste sur ce volume de la série.
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Avec la complicité de la mutante israélienne Sabra, l'équipe de X-Men menée par Storm met la main sur Gabriel Sheperd, le dernier des proto-mutants en liberté. Les pouvoirs de cet homme multi-centenaire sont notamment mentaux et il manipule les héros alors qu'ils l'interrogeaient puis leur échappe. Pixie parvient à le rattraper et, tandis que la tension entre Colossus et Storm monte après l'échec de la mission, Sheperd fait entendre son point de vue à la jeune mutante...
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Le départ de Brian Wood après seulement huit épisodes de la série X-Men a fait jaser, bien que l'auteur ait expliqué qu'il ne s'était engagé que pour cette durée. La rumeur prétendait que lui et Marvel ne s'étaient pas accordés sur la direction de l'histoire. Aujourd'hui, alors que le titre va être relaunché dès le mois prochain, avec Olivier Coipel aux dessins, la vérité est tout autre : Wood préparait la refonte de l'équipe (qui sera entièrement féminine) et l'orientation des nouvelles intrigues (demeurée secrète - un exploit à l'heure où tout fuite des mois à l'avance).
Wood conclut donc son premier run avec cet arc en deux épisodes, qui développe l'histoire des proto-mutants sans vraiment lui donner une résolution claire (en vue de la reprendre plus tard ?). Quand on examine la totalité de ses huit épisodes, plus que l'intrigue en fait, ce sont les personnages - et leur relation de groupe - que le scénariste a redéfinis. Chacun a eu son moment et leurs rapports reflétaient l'impact des sagas comme Schism (de Jason Aaron - la scission entre Cyclops et Wolverine) puis Avengers vs X-Men (par Bendis, Fraction, Aaron, Hickman et Brubaker - le retour du Phénix et la corruption criminelle de Cyclops).
L'opposition entre Storm et Colossus éclate dans ces deux derniers épisodes, les anciens partenaires en venant carrément à l'affrontement physique. En contrepartie, les liens entre Storm et Psylocke se soudent. Domino  se distingue comme l'électron libre de l'équipe. Reste Pixie.
La benjamine du groupe est au coeur de cette histoire : face à Gabriel Sheperd, le dernier des proto-mutants qui ne désire que vivre tranquille, surtout après avoir découvert que ses semblables sont morts récemment, la jeunesse de Pixie est mise à l'épreuve. D'abord naïve, puis interrogative, elle va comprendre que la "mutanité" est plus que jamais au bord de l'implosion et regrettera presque de ne pas avoir pu suivre Sheperd, qui lui apparaît alors à la fois comme un ancêtre et un guide. Lorsqu'il lui demande de veiller à ce plus personne n'utilise son peuple à des fins immorales, cela peut être interprété à la fois comme une adresse aux individus comme David Michael Gray (qui avait redécouvert et réveillé les proto-mutants) mais aussi aux mutants eux-mêmes, tentés par une action plus radicale (comme Cyclops donc, dans la saga AvX).
D'un personnage plutôt nunuche (créé pour remplacer Nightcrawler, dont elle a les pouvoirs mais pas le charme), Wood fait soudain de Pixie une jeune fille touchante, dont le désarroi préfigure celui de nombreux personnages dans l'event AvX. C'est brillant - et on espère que le scénariste sera aussi inspiré pour son relaunch.
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David et Alvaro Lopez reviennent épauler l'auteur pour la fin de son run et rendent une très belle copie. Le découpage est aéré, fluide, le trait élégant, les personnages expressifs, les décors simples mais suggestifs. Le tout est rehaussé par les magnifiques couleurs de Rachelle Rosenberg.
Wood a apprécié sa collaboration avec les espagnols et on espère qu'ils se retrouveront (peut-être pour dessiner, en alternance avec Coipel, les épisodes du relaunch - la série aurait fière allure avec des artistes pareils en rotation).
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Un peu frustrant, donc. Mais aussi, surtout même, très alléchant pour la suite.

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