lundi 1 octobre 2012

Critiques 352 : REVUES VF OCTOBRE 2012

Batman Saga 5 :

Batman (#5 : Face à la cour) : Voilà une semaine que Batman a disparu. Où est-il passé ? En explorant les égouts de Gotham à la poursuite de la Cour des Hiboux, il a été attaqué par le tueur de cette société secrète, l'Ergot, et a repris connaissance dans un labyrinthe. Drogué, épuisé, il erre dans ce piège sans en trouver l'issue, en proie à des visions délirantes...

Alors que son intrigue commençait à ronronner doucement, Scott Snyder relance la machine de manière percutante avec un épisode hallucinant où Batman est vraiment, mais alors vraiment mis à mal, comme rarement il l'a été. Physiquement, après une semaine à tourner en rond dans un dédale, il est éreinté, mais psychologiquement, il n'est pas en meilleur état : le super-détective est déboussolé et l'avant-dernière page est renversante, au propre comme au figuré, un cauchemar.
Snyder confirme en tout cas sa maîtrise narrative, sa capacité à tenir le lecteur en haleine et à produire des rebondissements qui sont certes un peu mécaniques, avec le cliffhanger-choc de rigueur, mais une ambition réelle et solide. On frémit pour le héros, ce n'est pas si fréquent.

Pourtant, sans vouloir rabaisser la performance du scénariste, cet épisode restera d'abore comme celui de Greg Capullo qui y démontre une audace épatante. A la 10ème page, il transcende le script pour livrer des planches composées de manière à la fois baroque mais pas gratuite : le sens de la lecture change, les découpage est éclaté, les dimensions des vignettes sont altérées pour souligner la désorientation de Batman. Il faut carrèment, à un moment, lire l'épisode en tournant la revue à l'envers pour en suivre le déroulement.
Résultat garanti - et très accompli.

Cette saga rebondit très fort.
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Detective Comics (#5 : a/La roue de l'infortune - b/Roulette russe) : La disparition du Joker a engendré un culte macabre dans Gotham, qui sert aussi les ambitions politiques du maire désirant se débarrasser de Batman. Mais le justicier découvre qu'un tueur s'est glissé dans la horde des fans du Joker...
Cependant, le fils du Dr Hugo Strange, Eli, s'est allié avec Catwoman pour humilier le "Russe fou", un gangster, sans savoir que son père le surveille...

Pour son 2ème arc, Tony Daniel a décomposé cet épisode en deux parties : la première (13 pages) revient sur l'évasion du Joker et ses conséquences, la seconde (8 pages) est un complèment dont le lien avec la précédente n'est pas très claire et qui invite Hugo Strange dans la partie. Il est impossible, après avoir lu ceci, de savoir quel est le lien. Le Pingouin manoeuvre dans l'ombre et indique le retour de vilains iconiques de Batman. Reste à voir si Daniel va à nouveau verser dans le registre glauque et hyper-violent de sa première histoire.

L'auteur signe également les dessins de la première partie : un travail efficace à défaut d'autre chose, mais hélas ! toujours desservi par une colorisation hideuse.
Puis la back-up est illustrée par un certain Szymon Kudranski : son style s'inspire d'Alex Maleev, sans le génie de ce dernier. Ses planches ne sont par ailleurs pas toujours très lisibles.
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Batman & Robin (#5 : Mutinerie) : Damian a décidé de suivre Morgan Ducard/Personne, estimant que ses méthodes correspondent mieux à ses propres instincts de tueur mais aussi parce qu'il s'est lassé des mystères de son père. Lorsque Bruce Wayne constate la fugue de son fils, il se lance à sa recherche et se rappelle du passé d'Henri et Morgan Ducard avec lesquels il s'est jadis entraîné...

Lorsqu'on tient une série comme ça entre ses mains, c'est un mélange d'enthousiasme et d'appréhension à chaque nouvel épisode : d'un côté, on a hâte de découvrir la suite ; de l'autre, on se demande si les auteurs vont réussir à maintenir la qualité exceptionnelle de leurs prestations. Et, encore cette fois, Peter Tomasi ne déçoit pas : sa copie est impeccable, intense. Entre le partenariat redoutable qui se forme entre Robin et Personne et les souvenirs qui viennent hanter Batman, ces 22 pages sont d'une efficacité redoutable, avec une chute saisissante. 

Patrick Gleason tient aussi la grande forme : plus je découvre les pages de cet artiste (encrées et colorisées magnifiquement), plus il me fait penser à Mike Mignola, avec un trait plus rond mais cette même manière de composer des images dont la force est qu'elles fonctionnent à la fois indépendamment et ensemble, avec des à-plats noirs intenses. Il réalise même un authentique morceau de bravoure avec une double page de trente cases (!) qui est un modèle de découpage. Prodigieux.
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Batgirl (#5 : Cadeau à tiroirs) : bon, on va faire vite parce que c'est une vraie catastrophe.

Gail Simone n'a pas été brillante, loin s'en faut, avec son premier arc : elle réussit pourtant à faire pire avec ce nouvel épisode où, en prime, l'explication sur le rétablissement de Barbara Gordon est expédiée en une phrase (la solution est d'une telle faiblesse qu'on sent le manque totale de conviction de la scénariste, se débarrassant d'une question embarrassante). Le nouvel adversaire de Batgirl est tout aussi peu excitant que Miroir... Il faut se faire violence pour ne pas lâcher l'affaire avant la fin - mais le mois prochain, je zappe.

Ce n'est donc pas bien écrit. Mais ce sera aussi mal dessiné : les planches d'Ardian Syaf et Vicente Cifuentes sont parmi les plus moches que j'ai vues depuis des lustres. Quand on voit ça après avoir lu Batgirl : Year One, c'est terrible.
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Bilan : la revue est coupée en deux, depuis le départ. Detective Comics est en suspens. Batgirl déjà perdu. Mais Batman et Batman & Robin sont d'un tel niveau que vous êtes consolés de bien des misères (y compris du prix de la revue) : avec deux séries pareilles, "Batman Saga" peut voir loin - et haut.

X-Men Classic 3 :

Les Nouveaux Mutants (vol. 1, #18-22 : Chasse à mort - Siège - Terres mortes - Soirée pyjama ! - Une ombre en moi) : Les nouveaux élèves du Pr Xavier (Rocket, Solar, Magie, Felina, Magma) doivent aider leur camarade et leader, Moonstar. Celle-ci, ayant pressenti au cours de cauchemars que le Démon-Ours qui a tué ses parents allait maintenant s'en prendre à elle, va défier la créature. Gravement blessée, elle est transportée à l'hôpital mais son ennemi l'y poursuit et engage le combat avec les jeunes mutants.
Après cette aventure, les adolescents s'offrent une soirée de détente, mais qui va être troublée par l'arrivée sur terre de l'extraterreste techno-organique Warlock.
Enfin, Rahne Sinclair, la benjamine du groupe, entreprend la rédaction d'un conte qui pourrait bien annoncer des évènements futurs, tandis que le père de Solar intègre le Club des Damnés.

28 ans après leur publication, ces épisodes mythiques de la série New Mutants, personnages créés à l'origine en 82 par Chris Claremont et Bob McLeod, provoquent toujours la même sidération. Le responsable est le dessinateur Bill Sienkewicz qui a totalement bouleversé les codes graphiques des comics à partir de cette période, après avoir été un émule de Neal Adams.
On peut encore aujourd'hui éprouver ce qu'ont ressenti les lecteurs de l'époque quand l'artiste a remplacé Sal Buscema sur cette série : ses compositions décoiffantes, ses effets visuels, ses découpages destructurés, l'expressionnisme radicale de ses images ont conservé toute leur puissance, et même un regard habitué à des audaces de tous genres est choqué par cette production qui ne ressemble à rien de connu.

La saga du Démon-Ours imaginée par Claremont compte à peine trois épisodes mais le script atypique du scénariste plus les dessins incroyables de Sienk' aboutissent à une expérience renversante, qui brouille nos repères.
Les deux autres épisodes au programme de cette revue sont un chapitre plus long, Slumber party !, qui va aussi durablement révolutionner la donne en introduisant le personnage de Warlock : à lui seul, il peut résumer Sienkewicz avec son allure baroque, et l'histoire qui le met en scène est un parfait mix de drôlerie et d'angoisse comme Claremont savait les doser, avec des héros apprenant tout juste à être des héros, avec maladresse.
Panini boucle le sommaire avec l'épisode 22 qui laissera les amateurs sur leur faim, dans l'attente d'une hypothétique réédition (avec cette revue, on n'est hélas ! sûr de rien, alors qu'entre Excalibur et New Mutants, on pourrait avoir tous les deux mois un programme en alternance copieux), car il sert de prologue à une autre saga.
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Bilan : LA revue du mois (même si j'ai un peu triché en l'incluant dans ma revue de presse d'Octobre alors qu'elle est sortie le mois dernier). Quelle claque !  

Avengers 4 :

Les Vengeurs (Avengers Assemble #2 : Zodiaque) : Tandis que Thor, Oeil-de-faucon, Iron Man et La Veuve Noire affrontent le Taureau, Hulk gagne la Stark tower pour y rencontrer Captain America. Les Vengeurs réunis dans un héliporteur sont en possession de ce que cherchait à voler le Taureau, un objet mystérieux mais très puissant - dont ils vont devoir défendre la possession alors que le reste de l'équipe du Zodiaque les attaque.

Brian Bendis a conçu une intrigue qui se dévoile lentement mais qui de toute évidence a une envergure épique comme en atteste les premières pages de ce 2ème épisode. Il n'est pas trop difficile de deviner sur quoi les Vengeurs ont mis la main (un cube cosmique) et quel doit être le personnage à l'origine de la reformation du Zodiaque (Thanos) quand on a vu le film Avengers de Joss Whedon, puisque cette série a elle-même été entreprise comme son extension.
C'est énergiquement raconté, tout ça ne prend guère de temps à être lu, avec une prime à l'action plutôt agrèable. Mais je n'irai pas plus loin puisque j'arrête d'acheter cette revue ce mois-ci.

Mark Bagley est au diapason : il livre des planches pleines de fougue, au découpage dynamique, sans perdre de temps pour peaufiner ce que contiennent ses images - des personnages et des décors rapidement exécutés, que ne viennent pas embellir l'encrage désastreux de Danny Miki.
C'est dommage : comme Romita Jr, Bagley était tout indiqué pour animer les Vengeurs mais le résultat n'est pas à la hauteur.
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Les Vengeurs (vol. 4, #24.1 : Vision du futur) : De retour dans l'équipe au cours de sa précédente aventure, la Vision apprend pourquoi elle a avait été détruite par Miss Hulk, et donc ce qui s'est passé avec sa femme, la Sorcière Rouge. Une conversation avec la géante verte et Magnéto s'impose pour l'androïde.

Brian Bendis sacrifie à un de ces épisodes ".1", censés à la fois opérer une transition entre deux aventures et permettre à de nouveaux lecteurs de découvrir la série. Le scénariste accorde donc tout ce chapitre au cas de la Vision, un personnage qu'il avait sauvagement détruit au début de son run il y a sept ans dans la saga Disassembled (geste qui souleva l'ire de certains fans). C'est l'occasion de faire le point pour et sur le personnage et donc de revenir sur des évènements marquants de manière décalée, comme House of M.
La réconciliation avec Miss Hulk est bien écrite, mais le morceau de choix est la confrontation tendue entre la Vision et Magnéto. L'épilogue, avec Captain America, avec une morale à la fois amère et pacificatrice, est également bien vu.

Au dessin, Brandon Peterson livre une copie honnête : ses personnages sont moins grimaçants que dans son épisode d'Ultimates (même si parfois quelques expressions crispées dénotent avec le ton des scènes). Trois pages de flash-back, dessinées par David Finch, sont tirées des épisodes d'Avengers disassembled.
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Captain America (vol. 6, #9-10 : Sans défense) : Privé de ses pouvoirs, Steve Rogers est impuissant face à la crise de folie qui s'empare des new-yorkais à cause des madbombs. C'est au Faucon de mener l'enquête, ce qui le conduit droit dans le piège de Bravo. Quant à Sharon Carter, elle a libéré le Technoforgeron pour guérir Rogers - et mieux piéger l'ennemi in fine.

Ed Brubaker conclut avec ces deux épisodes son nouvel arc : depuis le relaunch de la série, la prestation du scénariste, qui a profondèment repensé le personnage de Captain America, est moins inspirée. En changeant de ton, pour aller vers des récits plus portés sur l'action, il a perdu ce qui faisait la singularité de son regard sur le héros.
Néanmoins, cette histoire demeure agrèable, efficace, menée sur un bon rythme, avec un suspense ingénieux. Il est aussi frappant de voir que plus qu'une série sur Steve Rogers, le titre fait la part belle à un casting étendu, avec Iron Man, Hawkeye, Sharon Carter, le Fauve, qui ressemble à l'équipe des Vengeurs classiques qu'aurait pu écrire Brubaker.

Alan Davis, au dessin, aura été l'invité de luxe de ces cinq épisodes et, même s'il n'a pas forcé son talent, ses planches dégagent une énergie irrésistible, en particulier dans les scènes d'action où il a su bonifier le script. Sans doute aussi est-ce pour lui que le scénariste ne s'est pas contenté que d'une nouvelle aventure de Captain America...
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Captain America & Oeil-de-faucon (#631 : Créatures féroces) : rien à dire là-dessus puisque j'ai zappé. Même si l'infâme Alessandro Vitti est secondé sur quelques planches par Matteo Buffagni, plus supportable, inutile de se gâcher la vue.
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Bilan : allez, on va dire "moyen". Captain America avec Alan Davis ont été les seules raisons pour lesquelles je me suis procuré ce numéro. Le nouveau crossover Avengers vs X-Men va impacter les Vengeurs dès le mois prochain et comme j'ai décidé de ne pas le lire, je cesse par conséquent d'acheter la revue avec son tie-in. On verra ce que contiendra la revue quand l'event sera passé, avec le big relaunch que prépare Marvel pour l'occasion, pour savoir si j'y reviens.
Wolverine 4 :

Wolverine & the X-Men (#7-8 : Mutatis mutandis - Rien d'impossible) : c'est la panique de tous les côtés ! Sur la planète du péché, Quentin Quire et Wolverine, qui sont venus jouer au casino pour renflouer les caisses de l'école Jean Grey, sont pourchassés par le service de sécurité. Le griffu ne va pas revenir indemne de cette virée dans l'espace... Et à l'école, justement, Kitty Pryde doit toujours lutter contre une infection de broods miniatures, diversion créée par le professeur Xanto Starblood, "zoologiste de l'extrème" qui veut pousser le jeune Broo à devenir un alien aussi sauvage que le reste de sa race...
Cependant, le Club des Damnés ambitionne toujours de détruire l'école et a, pour cela, recruté Dents-de-sabre. Il s'attaque à Abigail Brand, la patronne du S.W.O.R.D. et petite amie du Fauve - qui lui rend justement visite pour obtenir un remède pour Wolverine. Les élèves, menés par l'incorrigible Quentin Quire, décident, eux, de retourner sur la planète du péché pour récupérer l'argent nécessaire au fonctionnement de l'école...

Une série qui compte parmi ses répliques un échange comme : "N'essayez pas de m'arrêter, les amis. Dieu m'a confié une mission. - Pour l'accomplir, tu vas devoir sécher les cours, voler un vaisseau spatial et sans aucun doute provoquer un incident intergalactique. Qui parle de t'arrêter ? Je vais avec toi. - Heu, ami Quentin, tu n'as pas dit que cette excursion ne serait pas supervisée. - Ce que j'ai dit, Broo, c'est "casse-toi, lèche-cul d'alien. - Oui, mais comme tu me le dis ça sans arrêt, j'en ai conclu que c'était un tic de langage."... Hé bien, une série, et celui qui l'écrit (Jason Aaron), ne peuvent pas être mauvais.
Avec ces deux nouveaux chapitres (les deux derniers avant que la série ne soit annexée pour neuf épisodes à l'event AvX), on continue d'évoluer dans un joyeux délire, bazar foutraque, irrévérencieux et très drôle, mais aussi plein d'action, de rebondissements, d'ironie, qui font un bien fou. Je ne sais pas à quoi carbure Aaron quand il écrit ça, mais c'est aussi savoureux que revigorant.

Nick Bradshaw illustre, avec toujours un luxe de détails étonnant (à la limite de la surcharge), le dernier volet de la saga Mutatis mutandis, aussi déchaîné que son scénariste quand il s'agit d'explorer les entrailles de la pauvre Kitty Pryde que pour mettre en images la fuite de Wolvie et Quire de leur casino galactique.
Puis Chris Bachalo revient pour le second acte, tout aussi dynamique, avec un combat épique dans l'espace entre le Fauve et Dents-de-sabre et un retour dévastateur au casino. Le seul bémol concerne la colorisation, assurée par Bachalo, qui nuit parfois à la lisibilité de certains plans.
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Wolverine (vol. 4, #19 : Goodbye Chinatown) : infiltrés d'une manière très originale (mais très salissante) dans le repaire de la Griffe de Jade, Wolverine, Gorilla Man et Fat Cobra mettent fin au traffic de leur ennemie. Quelque dragons et Maître Pô se joignent à la fête...

Jason Aaron est à peine moins sage quand il anime les aventures solos du griffu qui se terminent ici dans une bataille dantesque au centre de la terre, dans les champs de pavot et avec une bande de dragons. On retrouve quelques répliques bien méchantes ("Vous ne donneriez pas des coups de poing à un manchot ?  - Non. Mais des coups de tatane, oui.") et drôlatiques. La fin laisse la porte ouverte à la prochaine histoire, où Wolverine est déjà dans la ligne de mire de mystérieux méchants.

Ron Garney livre des planches inégales, parfois brouillonnes (dommage qu'il ne profite pas des services d'un encreur), parfois épatantes (la charge des dragons), d'un trait nerveux qui colle au récit.
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Bilan : très positif - ce n'est pas la revue la plus fournie du relaunch Panini, mais au moins, avec ces 64 pages-là, il n'y a pas à se plaindre du contenu. C'est réjouissant, atypique, très divertissant.    

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