mercredi 23 mai 2012

Critique 326 : MARVEL KNIGHTS SPIDER MAN, de Mark Millar, Terry Dodson et Frank Cho


Marvel Knights : Spider-Man est un récit complet en 12 épisodes écrit par Mark Millar et dessiné par Terry Dodson et Frank Cho, publié en 2004-2005 par Marvel Comics.
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Au terme d'un énième combat, Spider-Man réussit à neutraliser le Bouffon Vert : Norman Osborn, qui connaît la double identité du Tisseur, est enfermé dans la prison de Ryker's Island.
Alors que Mary-Jane Watson et Peter Parker aident la tante de ce dernier, May, à déménager, la vieille dame est peu après enlevée. C'est le début d'un long calvaire pour le super-héros dont le ravisseur connaît également son vrai nom. 

Ni les Vengeurs ni les X-Men ne sont d'un grand secours pour le Tisseur, qui doit se tourner vers le Hibou (devenu le nouveau chef de la pègre après la chute du Caïd) pour obtenir des informations sur le kidnappeur. Mais le malfrat manipule le héros pour qu'il s'en prenne à Electro et au Vautour, qui lui ont volé une importante somme d'argent.
Après un terrible combat, Spider-Man échoue à l'hôpital où un membre du personnel le prend en photo quasiment démasqué et vend le cliché au Daily Bugle, dont le rédacteur-en-chef J. Jonah Jameson offre une récompense à qui découvrira qui est le héros.
Veillé par Mary-Jane et la Chatte Noire, qui l'aide sans ses investigations, Spider-Man doit composer avec le retour d'Eddie Brock/Venom, la police qui veut l'arrêter pour toucher la récompense, un projet d'assassinat contre Osborn, et la coalition de ses pires ennemis (comme l'Homme-Sable, Hydro-Man, le Lézard, le Shocker, Boomerang...) sans savoir si sa tante est encore vivante et, si oui, où elle est retenue...
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Cette vaste saga, publiée de Juin 2004 à Mai 2005, en trois actes et 12 épisodes, est un projet qui porte la marque de son scénariste, Mark Millar : une histoire totale où le héros traverse un tourbillon d'épreuves pour ré-examiner ce que cela signifie pour Peter Parker d'être Spider-Man. L'intrigue convoque, de manière fugace, son lot de guest-stars comme les Vengeurs (dans leur formation pré-"Disassembled") et les X-Men, et, de façon plus conséquente, une sorte de best-of des ennemis du Tisseur (rebaptisés les "Sinister Twelve"), avec Venom, Electro, le Vautour, Hydro-Man, etc.
Ce casting abondant et ces péripéties multiples fournissent à Millar l'opportunité de jouer avec le concept des super-vilains comme contrepoints des super-héros, des individus conçus par l'industrie militaire pour opérer une balance avec les justiciers apparus durant les années 40 (combattant aussi bien le crime organisé que les nazis). Cette perspective donne une profondeur étonnante non seulement à l'univers de Spider-Man mais plus largement à celui des héros Marvel, même si (à ma connaissance, du moins) cet aspect n'a pas été repris depuis (dommage, il y avait là un espace intéressant à explorer...).
"Techniquement", Mark Millar, réputé pour ses récits provocateurs à la narration directe (UltimatesCivil War) emploie la voix-off, procédé qui rompt avec ses habitudes mais qui est courant avec le personnage de Spider-Man, qui est un héros bavard, aussi bien pour distraire ses adversaires que pour analyser ce qui lui arrive.
Millar, plus fidèle à lui-même, en profite pour parsemer son histoire de dialogues mordants, dans lesquels il se moque des conventions du genre super-héroïque (les masques, les capes, les identités secrètes) : cela atténue peut-être la force de son entreprise, cette distanciation nous empêchant de vraiment trembler pour le héros. En cela, il s'inscrit dans la veine de Warren Ellis pour qui les apparats des justiciers sont autant d'éléments ridicules... Mais Millar mène quand même son affaire avec un sens redoutable du rythme (les 300 pages de l'ouvrage se dévorent, on ne s'ennuie jamais) et c'est un conteur redoutable qui sait doser ses effets, en alternant séquences d'action spectaculaires et plages plus calmes.

Surtout, Millar connaît bien le personnage et il sait comment nous bousculer en le malmenant. Il invoque à la fois les grandes tragédies intimes du héros comme les morts de l'oncle Ben et Gwen Stacy et rafraîchit l'ensemble avec des idées comme la conspiration des militaires et des super-vilains pour broder une toile de fond plus vaste.
Est-ce que cela fait de ce Dernier Combat (en vf) une grande histoire, un classique instantané ? Non. Mais c'est un divertissement percutant, échevelé, une sorte de tour dans le "Grand Huit" diablement entraînant. 
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La majorité de dessins est produite par Terry Dodson (10 épisodes sur 12), encré par sa femme Rachel ; le reste étant assuré par Frank Cho. Bien que les deux artistes aient des styles sensiblement différents, leurs efforts sont complémentaires et procurent à l'histoire une excellente facture graphique.

Planche dessinée par Terry Dodson

Terry Dodson, dessinateur irrégulier, livre ici parmi ses meilleures pages, comme électrisé par le script découpé à la manière d'un storyboard de Millar (avec profusion de cases horizontales évoquant les dimensions d'une image de film). Ses scènes de bagarre ou de poursuite sont d'un dynamisme épatant.
Et les amateurs de belles filles plantureuses seront à la fête avec Dodson et Cho, qui s'en donnent à coeur joie grâce à Mary Jane et la Chatte Noire, voluptueuses à souhait.

Planche dessinée par Frank Cho

Cependant, la galerie de vilains n'est pas moins bien traîtée, avec mentions spéciales à Venom et au Bouffon Vert. Les décors sont correctement détaillés, le trait clair et le découpage simple mais précis.
Là aussi, rien de renversant, mais du très bon boulot de la part de deux dessinateurs à l'aise avec ce qu'ils ont à raconter.
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Ce bon gros bouquin est agrémenté de sympathiques bonus (croquis de personnages, designs de costumes, couvertures originales non lettrées), sans oublier une préface de Stan Lee (conquis par le résultat des efforts de Millar) et une postface de Robert Millar (le frère de l'auteur, également ravi).
Une belle et conséquente aventure, qui vient d'être réédité en vf par Paninicomics dans la collection "Marvel Select" pour un prix attractif (moins de 20 E).
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Merci à http://www.symbiote.fr/ pour les scans.

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