lundi 12 mars 2012

Critique 316 : STARMAN, VOLUME 2 - NIGHT AND DAY, de James Robinson et Tony Harris

Starman 2 : Night and Day rassemble les épisodes 7 à 10 et 12 à 16 de la série écrite par James Robinson et dessinée par Tony Harris, publiée en 1995-1996 par DC Comics. Lépisode 14 est également illustré par Tommy Lee Edwards, Stuart Immonen, Chris Sprouse, Andrew Robinson, Gary Erskine et Amanda Conner.
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- A (K)Night at the Circus 1-2 (#7-8). Jack Knight va démarcher des fermiers vivant à l'extérieur d'Opal City pour leur acheter des antiquités. Il s'arrête dans un cirque où il découvre que le directeur est un démon asservissant sa troupe, parmi laquelle se trouve Mikaal Tomas, un autre Starman. Jack va s'employer à délivrer ces freaks...

- Shards (#9). Jack Knight assume de plus en plus son rôle de protecteur d'Opal City, soutenu par son père Ted qui héberge désormais Mikaal Tomas avec lequel il essaie (sans grand succès) de communiquer. The Shade, lui, est sur la piste du mystérieux détenteur d'une affiche magique absorbant des habitants de "sa" ville...

- The Day before the Day to come (#10). The Shade rend visite à Jack Knight à qui il a confié le premier tome de son Journal et qu'il informe de l'affaire de l'affiche magique. Mais pendant ce temps, un drame se prépare, qui va impliquer tous les acteurs importants d'Opal City : Nash, la fille de the Mist, s'évade de prison et acquiert les pouvoirs de son père, déterminée à venger son frère en attaquant Jack et ses proches...

- Sins of the Child : Jack's Day (1-2) - Ted's Day - The Opal's Day : the O'Dare's Day - Mikaal's Day (#12-16). Nash lance plusieurs attaques sur Opal City en s'en prenant à Jack, qu'elle kidnappe ; à Ted Knight, contre qui elle lance le Dr Phosphorus ; aux O'Dare, la famille de flics irlandais aux prises avec plusieurs agressions en ville ; et à Mikaal, qui se fait torturer par des hommes de main.
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Ce second recueil contient un copieux sommaire avec neuf épisodes, qui composent deux actes distincts.

Dans une première partie, Jack vit donc une aventure dans un cirque : James Robinson fait explicitement référence au film Freaks de Tod Browning et saisit parfaitement l'atmosphère étrange et oppressante de ce décor et de sa troupe de monstres assujettis par un démon. Bien que le scénariste use (et même abuse) de la voix off et du "name dropping" (autre tic qui plombe un peu la narration, et qui peut inciter à zapper les commentaires du héros pour mieux suivre l'action), le récit demeure efficace et revient sur un élément aperçu dans le précédent tome : l'existence d'un autre Starman, d'origine extraterrestre, Mikaal.
Cette idée suggère qu'il existe toute une lignée de Starmen en dehors de Ted et Jack Knight. C'est une figure récurrente chez Robinson qui avait également bâti le relaunch de la JSA sur cette base que tous les héros (et leurs ennemis) incarnent une descendance de bons et de méchants s'affrontant en permanence par-delà l'espace et le temps, vengeant leurs ancêtres éternellement. De là à affirmer qu'il existe une fatalité du Bien et du Mal, il n'y a qu'un pas et aujourd'hui, Geoff Johns, le chef d'orchestre du DCverse, l'utilise abondamment. C'est à la fois un hommage à la continuité de DC et le symbole d'une maison d'édition qui, même quand elle veut se réinventer, aime se reposer sur ses fondements (le récent reboot en atteste puisque si la situation change, les personnages et ce qu'ils représentent restent essentiellement les mêmes).
Après ce dyptique, Robinson enchaîne avec deux épisodes moins inspirés, consistant principalement à souligner le fait que Jack assume de plus en plus son rôle de protecteur d'Opal City, le plaisir qu'il prend à son rôle, son rapprochement avec son père. Le 10ème épisode prépare plus activement à la suite, qui, elle, est d'un tout autre calibre.

En effet, dans une seconde partie, avec les cinq chapitres suivants, on a affaire à un ensemble d'une authentique virtuosité narrative : Nash, la fille de the Mist, déclare la guerre à Opal City pour venger son frère tué par Jack. Pour traiter le plus largement ce conflit d'envergure, Robinson décide de montrer l'action selon cinq points de vue différents, et même, dans le 14ème épisode, selon 7 points de vue (les O'Dare, la famille irlandaise de policiers proche des Knight, et deux autres personnages). Le scénariste réussit à jongler avec les situations, les protagonistes, les lieux, da manière éblouissante. Le rythme est trépidant, les ambiances diverses et puissantes, on est comme aspiré dans un tourbillon sans jamais être égaré par ces allers-retours spatio-temporels.
Il y a quelque chose de grisant à lire une bande dessinée quand elle propose un tel challenge et que son auteur réussit son coup. Qui plus est, le dénouement de ce combat avec le face-à-face de Jack et Nash aboutit à un dialogue, certes un peu verbeux, mais qui noue de façon très originale et perverse les belligérants, définissant la relation d'un héros et de sa némésis avec une richesse et une subtilité rares. Un grand moment.
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Graphiquement, la série reste également d'un excellent niveau : Tony Harris s'affranchit progressivement de ses influences tout en conservant un trait anguleux et expressionniste, au découpage inventif, aux ambiances bien senties. Les quelques maladresses de ses compositions sont compensées par la vitalité communicative entre texte et image, comme en témoigne cette scène d'action :  
une géométrisation des cadrages mais où la "continuité cinématographique", le flux de lecture ne sont pas sacrifiés pour des effets graphiques faciles.
En prime, quelques invités prestigieux (même si, en vérité, à l'époque, ils n'étaient pas les vedettes qu'ils sont devenus depuis) ont été convoqués pour le 14ème épisode : le temps de quelques planches, chacunes consacrées à un personnage spécial, Tommy Lee Edwards (méconnaissable par rapport à ce qu'il fait aujourd'hui), Stuart Immonen (dans son registre pré-Nextwave, influencé par Adam Hughes), Chris Sprouse, Andrew Robinson, Gary Erskine et Amanda Conner (elle aussi, pas encore arrivée à maturité esthétiquement parlant) suppléent Harris, qui n'est cependant pas absent de ce segment.
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Même si tout n'a pas bien vieilli (notamment la colorisation), ce nouveau tome de Starman confirme la singularité et l'efficacité de cette série, prouvant à quel point elle a effectivement compté dans la rénovation narrative des super-héros à l'époque. 

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