Doctor Strange : The Oath rassemble les cinq épisodes du récit complet écrit par Brian K. Vaughan et dessiné par Marcos Martin, publié par Marvel en 2006-2007.
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Apprenant que son fidèle serviteur Wong est atteint d'une tumeur au cerveau incurable, le Docteur Strange entreprend de se rendre dans une dimension parallèle pour subtiliser à un démon un remède. Avant de l'administrer à son ami, le sorcier suprême envoie à un de ses anciens collègues médecins l'antidote pour une analyse qui révèle qu'il s'agit en vérité d'un moyen pour guérir toutes les maladies. La nouvelle parvient jusqu'à Nicodemus West qui engage le Brigand pour récupérer le médicament. Le Docteur Strange s'interpose et est gravement blessé. Le maître et son valet, bien mal en point, emploient leurs dernières forces pour démasquer leur ennemi, connaître ses mobiles et soigner l'humanité. Heureusement, ils peuvent compter sur l'Infirmière de Nuit pour les aider...
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Alors qu'en 2012, Brian K. Vaughan et Marcos Martin vont se retrouver pour un projet en creator-owned chez Image Comics, revenons sur le fruit de leur première collaboration.
Le Dr Strange a connu une carrière secondaire parmi la flopée de héros Marvel, où la magie n'a pas toujours eu les faveurs des scénaristes. Longtemps membre des Defenders (qu'il réintègre dans la nouvelle série lancée par Matt Fraction et Terry Dodson à la suite de Fear Itself et qui sera traduite en France en 2012), le sorcier suprême peut remercier Brian Michael Bendis qui en a fait un des New Avengers emblématiques.
J. Michael Straczynski et Brandon Peterson avaient tenté de rafraîchir le personnage dans une première mini-série, mais l'accueil fut désastreux. Brian K. Vaughan gagna le droit de s'y coller et rédigea l'intrigue du Serment pour un résultat bien meilleur.
Le scénariste des Runaways et Y The Last Man adresse d'entrée de jeu une dédicace à Stan Lee et Steve Ditko, et effectivement on retrouve la simplicité et le sens du rythme du créateur du personnage dans cette histoire riche en rebondissements, ne manquant pas d'humour (l'échange entre Araña et Iron Fist dans la salle d'attente au début, les dialogues dignes des "screwballcomedies" entre Strange et l'Infirmière de Nuit, les références à Timely - premier nom de Marvel...) et dont l'apparente légèreté dissimule une fable avec des questions morales étonnament profondes (le choix final de Strange concernant l'emploi de la panacée).
Lorsque Vaughan s'appuie sur le passé du héros, il sait le faire de manière immédiatement accessible et pertinente : comme tous les grandes figures du Marvelverse, Strange est devenu un justicier après avoir connu une épreuve personnelle et s'être réinventé tout en continuant à être hanté par ses fautes et ses faiblesses. L'exploitation de la magie est complètement fantaisiste mais ne s'égare jamais dans des invocations ridicules ou une représentation trop baroque : en vérité, rarement un comic-book avec un sorcier aura gardé cette fraîcheur, et il fallait bien un auteur comme BKV pour réussir à accomplir ce petit miracle.
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Marcos Martin était également le candidat idéal pour illustrer ce récit hanté par le mythique Steve Ditko : l'espagnol est en effet un des meilleurs disciples du maître et son trait souple, expressif, élégant fait merveille avec ce personnage.
Le découpage a l'intelligence de ne pas abuser d'effets spectaculaires pour épater la galerie. Les seules folies que s'autorise Martin sont des splash-pages et quelques cadres en diagonales, comme des ponctuations pour souligner les états d'âme du Docteur ou les cliffhangers entre chaque chapitre (le suivant offrant un résumé de l'action du point de vue d'un protagoniste différent à chaque fois).
La colorisation à la fois sobre et délicatement nuancée de Javier Rodriguez ajoute à la finesse esthétique du projet. Notons aussi qu'Alvaro Lopez a participé à l'encrage du premier épisode pour être complet.
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Familier ou pas avec le personnage et son univers, voici une mini-série exemplaire, parfaitement écrite et superbement illustrée. Vivement les retrouvailles de ce duo magique !
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