mardi 22 novembre 2011

Critique 285 : X-FACTOR, VOL. 11 - HAPPENINGS IN VEGAS, de Peter David, Sebastian Fiumara, Valentine De Landro et Emanuela Lupacchino

X-Factor : Happenings in Vegas rassemble les épisodes 207 à 212 de la série écrite par Peter David et dessinée par Sebastian Fiumara (#207), Emanuela Lupacchino (#208-209, 211-212) et Valentine De Landro (#210), publiés en 2010 et 2011 par Marvel Comics.
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Madrox, l'homme multiple, accepte un étrange contrat sans deviner tout de suite qui est sa commanditaire : Héla, la déesse asgardienne de la mort, qui veut retrouver Pip le Troll, en cavale après lui avoir volé un pendentif magique.
La mission accomplie, le mutant est pris de remords et embarque son équipe à Las Vegas, où séjourne Héla, pour sauver le Troll. L'affaire se corse rapidement car la déesse prend ombrage de l'entêtement du détective. Mais Thor, le dieu du tonnerre, intervient... Pour mieux tomber dans un piège bien préparée ?
Cependant, restée à New York, Monet St-Croix reçoit la visite d'une ancienne militaire, Noelle Blanc, souffrant de cauchemars. Elle l'en soulage grâce à ses pouvoirs psychiques, mais ignore qu'elle a laissé repartir une meurtrière...
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Peter David est un vétéran des comics, qui a écrit aussi bien pour DC (entre autres sur Aquaman) que Marvel (un run de 12 ans sur Hulk !). Après avoir animé une mini-série sur Madrox, l'homme multiple (vu dans X-Men), il relance le titre X-Factor en lui donnant une toute nouvelle direction, faisant de ses héros mutants des détectives privés, fonctionnant en marge des X-Men.
Avec un casting élargi et des intrigues où se mélangent polar et fantastique, David renoue avec la tradition d'un Chris Claremont, privilégiant la caractérisation, la dynamique de groupe et l'aspect "soap opera", plutôt que le récit d'action pur. C'est ainsi qu'il aligne 50 épisodes d'affilée (réunis en 8 recueils), avec une vraie armée mexicaine d'artistes (de très bons comme Ryan Sook, Pablo Raimondi, mais aussi de très mauvais comme Larry Stroman, Ariel Olivetti).
Puis la série est renumérotée et reprend au numéro 200, avant un énième crossover mutant (Second Coming).
Happenings in Vegas marque un petit tournant car les héros croisent Thor, un autre personnage emblématique mais n'appartenant à l'univers mutant. La curiosité qu'engendre cette rencontre permet à l'histoire de souligner les qualités du scénariste dans une aventure où les répliques fusent et les connections entre les membres de l'équipe sont agrèablement exploitées.
Pour apprécier X-Factor, il faut, comme pour New Avengers de Bendis, accepter d'être entraîné dans un comic-book où les conventions sont malmenées : ici, guère de grandes batailles, mais un soin particulier accordé à l'ambiance et à l'humour, les dialogues servant de ressorts pour que le récit se déploie. L'important, c'est davantage qui couche (ou voudrait coucher) avec qui et les conséquences que cela provoque sur le déroulement de la mission que la mission elle-même.
David utilise un groupe bien fourni (pas moins de 10 membres, dont 7 pour le déplacement à Las Vegas) et les fait interagir en permanence : Madrox est un chef par défaut, souvent dépassé par les évènements et regrettant vite ses initiatives ; sa fiancée Banshee a un tempérament de meneuse mais est encore plus impulsive ; Layla Miller (une création de Bendis, lors de la saga House of M) est une manipulatrice ; Longshot et Shatterstar sont deux va-t-en-guerre vaniteux... Pour corser encore l'addition, Rictor et Shatterstar sont sur le point d'entamer une relation, au moment où Rhane Sinclair, l'ex de Rictor, enceinte, resurgit. Et Monet réveille mentalement mais à son insu une tueuse ! 
On ne s'ennuie pas une seconde en compagnie de cette formation improbable, qui reçoit le soutien providentiel de Thor, dépeint comme un dieu dont l'austérité provoque un effet comique imparable par rapport aux embrouilles dans lesquelles se sont fourrés les mutants.
On pourra être déroûté par les subplots (le cas Noelle Blanc, la parentalité de Rictor et Rhane) que David installe au milieu de l'aventure et auxquels il consacre un épisode entier. Mais le procédé, s'il n'est pas traîté très subtilement, donne indéniablement envie de savoir la suite.
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Comme depuis le début de son run, David compose son script pour plusieurs dessinateurs (mais les prochains épisodes vont apparemment se stabiliser à ce niveau, avec deux artistes en alternance), qui plus est avec des styles très variés.
Heureusement, la majeure partie (4 épisodes sur 6) est assurée par l'italienne Emanuela Lupacchino, dont le trait élégant et rond, au potentiel prometteur, est influencé par Adam Hughes : ses héroïnes possèdent une séduction irrésistibles, et son découpage est à la fois classique et dynamique.
Sebastian Fiumara réalise l'épisode d'ouverture : son travail est agrèable, avec un je-ne-sais-quoi qui le rapproche de John Cassaday (sans être aussi bon quand même).
Valentine De Landro, un habitué de la série, s'occupe de l'intermède de l'épisode 210, avec une utilisation parfois abusive du copier-coller. Ce n'est pas très vivant sans être mauvais.
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Un story-arc divertissant, sans grande consistance, mais avec du charme.

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