samedi 9 avril 2011

Critique 222 : NEW AVENGERS (VOL. 2) 1 à 6 - POSSESSION, de Brian Michael Bendis et Stuart Immonen

New Avengers (vol. 2) #1. NA (vol. 2) #2.
NA (vol. 2) #3.

NA (vol. 2) #4.

NA (vol. 2) #5.

NA (vol. 2) #6.

New Avengers : Possession ouvre le deuxième volume de la série écrite par Brian Michael Bendis. Ce premier story-arc rassemble les épisodes 1 à 6, dessinés par Stuart Immonen, et publiés par Marvel Comics de Juillet à Décembre 2010.
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Steve Rogers, devenu le nouveau super-gendarme des Etats-Unis, veut que Luke Cage continue son activité de Vengeur, mais ce dernier estime qu'il ne gagne pas vraiment au change, en restant un subordonné comme lorsque Tony Stark et (à plus forte raison) Norman Osborn étaient à la tête de la sécurité intérieure. Pour le convaincre, Stark vend le manoir rénové des Vengeurs à Cage pour un dollar (que lui avance Iron Fist) et Rogers lui laisse le choix de ses recrues (sauf Thor et Iron Man).
En s'installant au manoir, Cage, sa femme Jessica Jones, et Danny Rand y trouvent Victoria Hand, l'ancienne adjointe d'Osborn que Rogers lui demande d'engager comme agent de liaison, estimant qu'elle mérite une seconde chance - un argument auquel Cage ne peut être insensible (il fut lui-même incarcéré à tort à ses débuts).
Cage obtient en plus d'Iron Fist le soutien de Wolverine, Spider-Man, Ms Marvel, Mockingbird, Hawkeye et la Chose. Mais alors qu'ils sont réunis pour un repas, l'Oeil d'Agamotto apparaît soudainement juste avant que le Dr Strange et Daimon Hellstrom surgissent en annonçant que le Dr Voodoo, le nouveau sorcier suprême, a été tué. Wolverine flaire une ruse et il n'a pas tort car les deux magiciens sont possédés et Cage l'est à son tour, se transformant en géant enragé au contact de l'Oeil.
En réussissant à lui prendre la relique magique, déplaçant la bataille dans Central Park, la possession passe de Cage à Iron Fist qui disparaît subitement dans une dimension parallèle, alors que le ciel de New York devient rouge et se déchire dans une pluie de démons.
Pendant que l'équipe affronte cette invasion, Iron Fist découvre qui a provoqué les possessions et son déplacement dans cette dimension : il s'agit de l'Ancien, le mentor du Dr Strange, qu'il accuse d'avoir failli dans son devoir de sorcier suprême.
Alors que Daimon Hellstrom et le Dr Voodoo (dont le frère fantôme, Daniel Drumm a également été transféré dans la dimension parallèle) effectuent des recherches sur la créature assez puissante pour créer ce chaos, Strange rejoint les Nouveaux Vengeurs à New York pour les aider. Une explosion dans le ciel chasse les démons et Iron Fist réapparaît, l'Oeil d'Agamotto en main (et son costume modifié) : il casse la figure de Strange en l'accusant d'avoir non pas hérité de la relique magique mais de l'avoir volé, comme lui a révèlé l'Ancien.
Strange dément énergiquement, clamant qu'Iron Fist n'a pas rencontré l'Ancien mais une force ayant pris son apparence pour les tromper. Spider-Man suggère alors que c'est peut-être Agamotto lui-même qui est à l'origine de leurs ennuis en voulant récupérer son oeil. Cette hypothèse avancée comme une plaisanterie est pourtant validée par Strange, Hellstrom et Voodoo qui décide alors de provoquer Agamotto en duel. Wolverine se porte volontaire pour affronter cet adversaire en étant dopé par les pouvoirs conjugués de ses acolytes.
En dépit de ses efforts, Wolverine échoue à vaincre Agamotto (qui prend l'apparence de plusieurs amis/ennemis du mutant - Rogue, Kitty Pryde, Apocalypse, Mystique, Hulk - pour le tromper). Le Dr Voodoo le rejoint alors dans la dimension mystique et se sacrifie pour détruire l'Oeil et donc Agamotto. Mais la mort du sorcier suprême aboutit à deux conséquences dramatiques : la perte de la relique magique et la promesse du fantôme de Daniel Drumm de faire payer les Nouveaux Vengeurs pour la mort de son frère Jericho...
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A l'issue de la saga Siege, Marvel a confié à Brian Bendis (mais aussi Ed Brubaker et Christos Gage) de réorganiser la franchise des titres Avengers. Exit donc Mighty Avengers, Dark Avengers et Avengers : The Initiative, et place aux Secret Avengers (par Brubaker et Mike Deodato), Avengers Academy (par Gage et Mike McKone) et Avengers et New Avengers (par Bendis et John Romita Jr et Stuart Immonen).
Avengers renoue avec la configuration historique de l'équipe, celle des "big guns" puisqu'on y trouve Iron Man, Thor, plus Spider-Woman, Spider-Man, Wolverine et Captain America/Bucky.
Le cas des New Avengers était plus épineux : en effet, l'équipe a vécu dans son premier volume les 3/4 de son exercice dans la clandestinité, à partir du crossover Civil War, en soutenant la cause de Captain America/Steve Rogers, puis en la perpétuant après la mort du héros. Que faire d'un tel groupe maintenant que le "Dark Reign" de Norman Osborn est achevé et que l' "Heroic Age" démarre ?
Bendis résoud le problème de manière ingénieuse via le personnage de Luke Cage (son héros fêtiche) : estimant que le nouveau régime de Steve Rogers risque de n'être que la version "light" de celui de Stark (et encore plus d'Osborn), il ne veut pas à nouveau jouer le bon petit soldat et exige des garanties d'indépendance pour l'avenir. Rogers les lui accorde en lui donnant le droit d'avoir sa propre formation, sans lui rendre de compte. Les Nouveaux Vengeurs deviennent en quelque sorte la caution morale de Steve Rogers, des agents autonomes par rapport aux Vengeurs classiques (qui seront là pour régler les gros dossiers, en première ligne) ou les Vengeurs Secrets (qui agiront dans l'ombre, comme des espions).
Moins ingénieuse et surprenante est, toutefois, la composition (choisie ou imposée, sans doute un peu des deux) de l'équipe puisqu'on y retrouve une majorité de membres des New Avengers première époque et même deux d'entre eux également présents au sein des Vengeurs (ce qui pose des problèmes logiques : en effet, comment Spider-Man et Wolverine peuvent-ils accepter, d'être à la fois compagnons d'Iron Man tout en s'en méfiant ? L'avenir nous dira si Bendis et Marvel répondront à cette question et comment, mais ne nous faisons pas d'illusions : l'omniprésence de Wolverine et Spider-Man est d'abord justifiée par leur impact commercial.). Néanmoins, l'arrivée de la Chose est une bonne idée, le personnage étant un des plus sympathiques du Marvelverse ; la présence de Jessica Jones devient plus active, et Hawkeye n'apparaît que parce qu'il accompagne Mockingbird avant de s'éclipser pour répondre à un appel des Vengeurs (l'occasion pour Bendis de rigoler sur le fait que l'archer est appelé et pas Spider-Man alors qu'ils font partie de la même équipe).
L'intrigue pour sa part revient sur un sujet évoqué dans l'arc Search for the sorcerer supreme (New Avengers, vol. 1, #51-54) au cours duquel Brother Voodoo est devenu le successeur officiel du Dr Strange comme sorcier suprême en étant choisi par l'Oeil d'Agamotto. A la fin de cette histoire, Daimon Hellstrom, qui avait été également impliqué, prévenait que des forces occultes avaient été perturbées à cette occasion et que cela aurait des répercussions. Ce sont justement ces conséquences qu'explore Possession.
Bendis fait preuve d'habilité en plaçant l'Oeil d'Agamotto au centre de l'action puisqu'il rappelle que si oeil il y a, alors il y a aussi Agamotto et que cette entité surpuissante peut réclamer son organe. Au passage, le scénariste qui a fait du Dr Strange une guest-star récurrente de la série donne une ambiguïté au personnage en faisant planer le doute sur ses origines de sorcier : a-t-il vraiment été choisi par l'Ancien ? Ou a-t-il volé l'Oeil pour devenir un magicien ? Et que va-t-il advenir maintenant que l'Oeil et Agamotto ont été détruit ? En tout cas, le dénouement annonce clairement que les Nouveaux Vengeurs se sont faits un nouvel ennemi avec Daniel Drumm, le frère fantôme de Brother Voodoo.
Le traitement est très plaisant et les six épisodes de ce récit se lisent avec plaisir. L'action est quasi-permanente et spectaculaire, de Cage transformé en géant fou furieux à la pluie de démons jusqu'à la bataille finale dans la dimension parallèle, les morceaux de bravoure ne manquent pas. Bendis n'oublie pas de nous gratifier de quelques bons mots (qui énervent tant ses détracteurs, tristes puristes nostalgiques) avec notamment de savoureux échanges entre Ben Grimm et Spidey sur le cri de guerre de la Chose ou le fait que Ms Marvel n'ait jamais vu le film Ghostbusters. La découverte de l'identité de leur ennemi se produit d'ailleurs aussi à l'occasion d'une blague du Tisseur, ce qui est croustillant.
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Pour ouvrir ce deuxième acte, pouvait-on rêver mieux que le retour au dessin de Stuart Immonen ? Le canadien livre une prestation ébouriffante en illustrant avec son punch inimitable cette histoire délirante où il peut donner sa pleine mesure.
Comment reconnaît-on un grand artiste de comics ? Je dirai que c'est en voyant s'il sait saisir la vérité de personnages et rendre justice à la mesure du récit qu'on lui propose. Et cela, Immonen sait le faire mieux que quiconque : avec lui, chaque héros est traîté comme il doit l'être, fidèle à sa nature originale (la Chose massive, Spidey bondissant, Iron Fist gracieux comme un danseur, Wolverine trappu, Ms Marvel féminine sans racolage, Strange aux gestes économes, Hellstrom vociférant...), expressif, dôté d'un langage corporel propre infiniment éloquent.
Maître de son art, Immonen booste chaque séquence en les découpant de manière ultra-dynamique et fluide : il transforme l'épisode 2 en partie de frisbee irrésistible, le combat contre l'invasion démoniaque a un souffle épique, le duel final possède une intensité telle qu'il se passe de décors. C'est à la fois impressionnant et jubilatoire à lire.
L'encrage de Wade Von Grawbager et surtout la colorisation de Laura Martin (épaulée sur la fin par Matt Milla et Rain Breredo pour la bataille dans la dimension magique) magnifient encore davantage les efforts d'Immonen, en lui donnant une matière et une luminosité magnifiques (bien supérieur sur le plan des couleurs à ce qu'apportait Dave McCaig). Cette "dream team" est voué à nous éblouir encore longtemps.
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Bien que relauncher le titre ne s'imposait pas tant la transition et les références au passé sont organiques, ce nouveau départ des New Avengers est une grande réussite (à quelques détails près), mais surtout une lecture qui procure un plaisir puissant.

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