mercredi 29 septembre 2010

Critique 165 : MANHUNTER 1 - STREET JUSTICE, de Marc Andreyko et Jesus Saiz



Manhunter: Street Justice rassemble les cinq premiers épisodes de la série créée par Marc Andreyko et publiée par DC comics en 2004.
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Bien qu'il y ait eu de précédentes séries dont le héros portait ce nom, cette fois, l'histoire s'intéresse à une femme. Il s'agit d'un procureur, Kate Spencer, mère et divorcée, qui décide de devenir une justicière masquée parce qu'elle est excédée par le laxisme du système pour lequel elle travaille. Sa décision est prise après avoir échoué à faire condamner un tueur méta-humain qui récidive rapidement.
Elle dérobe des équipements saisis sur des scènes de crime impliquant des surhommes, enfile un costume et un masque, et traque le criminel en fuite, déterminée à le supprimer. Mais Kate Spencer va apprendre dans la douleur : son jeune fils se blesse en découvrant son arme, son mari entreprend d'en avoir la garde exclusive, ses adversaires vont la malmener, et enfin elle va devoir vivre avec la peur d'être découverte par les autres super-héros dont les méthodes ne sont pas aussi expéditives que les siennes...
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Marc Andreyko a été, comme il le raconte dans la préface de cet album, le premier surpris que DC lui donne carte blanche pour mener ce projet dont bien des éléments rompent avec la tradition de l'éditeur : un personnage féminin, antipathique, une ambiance sombre et urbaine, totalement en décalage avec le crossover cosmique qui se préparait alors (Infinite Crisis).
Pourtant, contre toute attente, le résultat est une réussite : tout ce qui pouvait jouer contre l'héroïne et l'intrigue devient un atout. Kate Spencer n'est pas aimable, certes, et sa maladresse ajoutée à sa conception radicale de la justice font penser à une tentative racoleuse de la part de DC de créer un équivalent au Punisher de Marvel.
Au lieu de ça, Andreyko propose un récit initiatique accompagnant une réflexion sur le fantasme du super-héros comme solution aux problèmes de la loi humaine et ses failles : ses erreurs lui font prendre douloureusement prendre conscience de la folie de la double vie qu'elle a choisie, entre sa détresse de mère et sa panique de néo-vigilante craignant d'être démasquée par la Ligue de Justice d'Amérique (quand celle-ci recherche, comme elle, le Shadow Thief après la mort de Firestorm dans Identity Crisis).
La construction des récits en flash-backs rend l'ensemble attrayant : on suit en parallèle la formation accélèrée de Manhunter, qui fait chanter un ancien détenu, qu'elle avait envoyé derrière les barreaux, pour qu'il l'aide à s'entraîner et à réparer son équipement, et ses combats contre des ennemis coriaces sur lesquels elle n'a pas vraiment l'avantage.
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La partie graphique est assurée par l'excellent Jesus Saiz, alors auréolé du succès de la saga OMAC Project : son trait à la fois sombre, réaliste et élégant, mis en valeur par l'encrage de Jimmy Palmiotti, convient parfaitement au projet.
Dommage cependant qu'il ne soit resté que 6 épisodes sur projet, mais, malgré sa rareté, on a pu à nouveau l'apprécier dans les premiers temps de Checkmate (écrit par Greg Rucka) et récemment dans le run de The Brave and The Bold (écrit par J. Michael Straczynski).
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Une découverte très recommandable que cette série atypique.

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