New Avengers : Powerloss est le 14ème story-arc de la série écrite par Brian Michael Bendis et dessinée par Stuart Immonen, rassemblant les épisodes 55 à 60, publiés par Marvel Comics de Septembre 2009 à Février 2010.
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L'histoire débute avec un flash-back qui renvoie au 50ème épisode lorsque, pensant attirer les Dark Avengers dans un piège au Hellfire Club, les New Avengers durent affronter le gang de The Hood. A cette occasion, nos héros détenaient un instrument dérobé par Ms Marvel à Stark Industries, un draineur de pouvoirs, mais il fut désactivé à distance par Norman Osborn/Iron Patriot.
Qu'est devenu cet outil après la bataille dont les Nouveaux Vengeurs sont sortis précipitamment ? Il est tombé dans les mains de Jonas Harrow, un savant malfaisant, membre du gang de The Hood. Mais aujourd'hui Parker Robbins n'est plus là (il a été exorcisé par Dr Strange, Daimon Hellstrom et Brother Voodoo dans l'épisode 54) et ses acolytes décident de suivre le plan d'Harrow qui a réparé le draineur d'énergie pour neutraliser non seulement les New mais aussi les Dark Avengers.
Pour ce faire, les Nouveaux Vengeurs sont attirés à Times Square où Chemistro sème le chaos. Privés de leurs pouvoirs, les héros sont dépassés - seule Mockingbird n'est pas touchée et tente de combattre contre les camarades de Chemistro et Harrow, mais en vain.
Les Vengeurs Noirs débarquent alors en espèrant mettre la main sur les justiciers hors-la-loi mais sont à leur tour victimes du draineur et Norman Osborn doit se résoudre à un nouvel arrangement avec Harrow. Pendant ce temps, les Nouveaux Vengeurs en profitent pour fuir.
Ils se réfugient chez l'Infirmière de Nuit car Luke Cage souffre d'un grave problème cardiaque à cause du draineur. Lorsque, grâce à Daken qui a pisté les fugitifs, les Dark Avengers arrivent sur place, Cage se rend pour permettre à ses amis de s'échapper.
Pour libérer Cage, Jessica Jones appelle à la rescousse tous les amis de son mari et ensemble, ils échafaudent un plan : attaquer le camp Hammond (où sont formés les super-agents du HAMMER) pour y attirer Osborn et ses sbires pendant que les Nouveaux Vengeurs et leurs alliés assailleront l'héliporteur où est retenu Luke.
Mais Osborn avait prévu cette évasion en greffant sur le coeur de Cage un traceur doublé d'une bombe. Lorsqu'il découvre cela, les New Avengers reçoivent l'aide d'Hank Pym avec lequel ils vont faire subir à leur adversaire un échec... explosif !
Cependant, Parker Robbins reçoit de Loki de nouveaux pouvoirs, grâce auxquels il reprend sans tarder le contrôle de son gang et sa place à côté d'Osborn, préparant une riposte radicale - à la mesure de sa prochaine opération : le siège d'Asgard...
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Tout d'abord, cet arc marque l'arrivée sur le titre de Stuart Immonen comme dessinateur, et, bien que la série ait compté de très bons artistes (comme Steve McNiven ou Leinil Yu, le temps d'une histoire ou plus, ou Olivier Coipel, Frank Cho, Pasqual Ferry, plus brièvement), c'est incontestablement un plus incomparable. Le canadien donne à ces épisodes un sens du découpage, un soin pour les expressions, une énergie tout à fait exceptionnelle. Sa complicité avec Bendis, rôdée sur Ultimate Spider-Man, éclate ici et il illustrera encore deux épisodes de l'arc suivant (annexé au crossover Siege) avant de revenir pour le volume 2 de New Avengers, dont la publication vient de commencer aux Etats-Unis.
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De son côté, Brian Michael Bendis, comme stimulé par le niveau de son nouveau partenaire, fait feu de tout bois et livre un récit d'excellente facture, bourré d'action et d'humour, riche en rebondissements, avec des évasions à répétitions, des bastons spectaculaires, et une équipe de Vengeurs à la composition plus équilibrée (ne pas se fier aux couvertures car Wolverine ne figure pas du tout dans ces épisodes - et, ma foi, on s'en passe fort bien !).
La formation des NA, arrêtons-nous-y justement : elle a gagné en densité (même s'il y a encore 8 membres) en s'articulant sur des duos, comme Luke Cage-Jessica Jones, Spider-Man-Spider-Woman, Ronin-Mockingbird, Captain America-Ms Marvel. C'est une des line-ups les plus inspirées de Bendis, à la fois avec des héros sans pouvoirs, d'autres plus puissants, des Vengeurs historiques, d'autres plus récents, avec des relations dynamiques (en particulier les deux couples romantiques Ronin-Mockingbird et Cage-Jones).
Ensuite, il y a le contexte : nous sommes toujours au coeur du "Dark Reign", et même si ce statu quo n'a pas produit toujours des étincelles, il sert ici habilement la situation d'outlaws des Nouveaux Vengeurs, qui sont réellement devenus des justiciers traqués par Osborn et sa clique. Même s'ils doivent encore une fois une partie de leur salut à des interventions extérieures (la réunion des Défenseurs, Hank Pym), dans la tradition de la série, cette fois, les Vengeurs se vengent réellement de leur persécuteur dans un final à double détente (l'assaut du camp Hammond et de l'héliporteur, la destruction de la résidence secondaire d'Osborn) et ne sont plus des héros contraints à la retraite. L'équipe est devenu plus pro-active (même si cela lui joue des tours - cf. le piège de Times Square) et cela prépare son rôle dans l'event Siege où il s'agira vraiment de stopper Osborn...
Les puristes ont tiqué devant l'attitude de Clint Barton, déterminé à tuer Norman Osborn, alors qu'il a toujours défendu le fameux "no kill" des Vengeurs (notamment lorsque Mockingbird tua le Phantom Rider dans la série West Coast Avengers). Mais c'est refuser d'admettre que le personnage a considérablement enduré depuis l'arc Disassembled de Bendis où il a été tué par la Sorcière Rouge, puis ressucité par la même lors du cross House of M, puis dépossédé de son identité d'Hawkeye avec le "Dark Reign" : ce n'est plus le même homme, mais un desperado en colère, qui a été durement ébranlé (retour d'entre les morts, liaison éphémère avec Maya Lopez/Echo, mort de Captain America - le seul héros qu'il respectait vraiment -, retrouvailles avec Bobbi Morse/Mockingbird).
Powerloss offre son lot de satisfactions, parmi les plus notables depuis le début de la série, avec des séquences jubilatoires - Mockingbird vs les Démolisseurs, Spidey infligeant une correction express à Iron Patriot, Captain America face à Arès, l'assemblée de la "Luke Cage family", l'hommage à L'aventure intérieure avec Pym). Plus des scènes bien senties, formidablement dialoguées entre tendresse et tension (Jessica Jones apprenant à Spidey l'estime que lui porte Luke, Spidey débattant avec Clint, Mockingbird ironisant sur la liaison de Strange et l'Infirmière de Nuit...).
Et enfin, il y a cette sortie drôlissime à un moment tendu, quand Pym et Strange, miniaturisés, pénétrent le corps de Cage pour lui retirer le traceur greffé par Osborn : "C'est ouf. Tu as deux mecs en toi, dit Spidey. - Ne redis pas ça, répond Cage." Bien tristes ceux qui ne riront pas en lisant ça !
New Avengers : Annual 3 est écrit par Brian Michael Bendis et illustré par Mike Mayhew, publié par Marvel Comics en Février 2010.
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Faisant suite non pas à Powerloss mais à Dark Reign: The List - Avengers, un one-shot annexe écrit par Bendis et dessiné par Marko Djurdjevic, cet épisode "king-size" (38 pages) explique ce qu'il est advenu de Clint Barton après qu'il ait décidé d'assassiner, seul, Norman Osborn dans la Tour des Vengeurs. Mis en échec facilement, il est torturé, d'abord physiquement puis mentalement, pour qu'il donne l'adresse de la planque des Nouveaux Vengeurs.
Cependant, Mockingbird apprend où il est allé et sollicite de l'aide pour le sauver. Mais en l'absence des hommes de l'équipe, elle se résout à riposter avec les seules Ms Marvel, Spider-Woman et Jewel - Jessica Jones reprenant du service pour l'occasion.
Ces drôles de dames vont-elles réussir à sortir Clint Barton du pétrin ?
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En écartant les mâles du groupe, Bendis fait preuve de légèreté, mais s'offre une récréation féminine assez divertissante, bien que très inférieure aux précédents Annuals de la série (le meilleur restant le premier, avec le mariage de Luke Cage et Jessica Jones, dessiné par Olivier Coipel).
Le récit alterne, de manière classique, entre des scènes d'action mineures et d'autres où les dialogues dominent, avec plus de bonheur. Les dialogues, justement, sont la marque de fabrique de l'auteur et il s'amuse visiblement à s'autoparodier en faisant bavarder ses héroïnes ou les Dark Avengers tandis que le pauvre Clint est malmené avec sadisme (plus que tout autre, qui aime bien châtie bien, quand Bendis s'occupe de ce personnage).
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Les illustrations de Mike Mayhew - un dessin au crayon sur lequel a peint numériquement Andy Troy - sont inégales. Parfois, le résultat est très esthétique comme lorsqu'Hawkeye tente de s'échapper et revoit les moments les plus douloureux de sa carrière sous l'emprise de Mentallo. Mais parfois aussi, cela est terriblement statique et dessert l'action sous des effets informatiques franchement laids - la limite de l'hyper-réalisme mal maîtrisé (n'est pas Alex Ross qui veut).
Mayhew est de toute manière plus à son avantage dans les scènes calmes que dans les séquences plus spectaculaires où son style fige tout.
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Un annual assez décevant.
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