vendredi 6 novembre 2009

Critique 111 : TALENT - UNIQUE SURVIVANT, de Christopher Golden, Tom Sniegoski et Paul Azaceta

Talent : Unique Survivant rassemble les épisodes 1 à 4 de la série écrite par Christopher Golden et Tom Sniegoski et dessinée par Paul Azaceta, publiée par Boom ! Studios, en 2006-2007.
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Un avion de ligne explose en plein vol juste avant son atterrissage à New York. Seul un passager survit au crash, un véritable miracle puisqu'il est repêché par les secours après douze heures passées sous l'eau !
Cet homme s'appelle Nicholas Dane, c'est un banal professeur, mais très vite son cas va susciter l'intérêt au point que les autorités gouvernementales ouvrent une enquête à son sujet. Et s'il avait provoqué le crash ?
L'agent chargé des investigations travaille aussi pour le compte d'une mystérieuse organisation pour qui l'existence de Dane est gênante et aux trousses duquel sont envoyés deux tueurs.
Comment le miraculé va-t-il pouvoir faire face ? En découvrant qu'il a hérité des dons particuliers de tous les passagers morts ! Mais aussi en devenant, malgré lui, l'élu d'une force mystique luttant contre l'organisation qui le veut mort...
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Cette production indépendante évoque bien sûr la série télé Lost, les disparus, avec son crash d'avion, son traitement fantastique, sa conspiration... Pourtant, Talent a sa propre identité et une efficacité redoutable.
Le pitch est développé avec intelligence et inventivité : Golden et Sniegoski ont injecté à leur récit le meilleur de la narration des séries télé. Ce n'est guère étonnant puisqu'ils ont rédigé des scripts pour Buffy ou Smallville.
Loin d'être décompressée, ladîte narration est au contraire d'une admirable densité, utilisant les ressorts de l'intrigue avec un brio éprouvé : la prise de conscience du personnage principal est subtilement amenée, tout comme sont révèlées les coulisses de l'affaire (sans por autant que tous les mystères soient résolus).
Nicholas Dane n'est d'ailleurs pas un héros franchement sympathique : il fait preuve d'un sens de la répartie cinglant, se montre insolent, entraîne dans son sillage des amis innocents (qui le paieront cher). Il reçoit ses dons sans plaisir et riposte plus par volonté de se débarrasser de cette malédiction que pour rétablir la justice ou l'équilibre de forces énigmatiques comme le lui explique l'étrange jeune femme qui lui apparaît fréquemment pour le guider.
La partie parallèle consacrée au complot est en comparaison moins réussie, sans doute parce qu'elle mérite de plus amples développements (j'ignore si la série se poursuit en vo et quand et par qui elle sera traduite en vf, la collection Angle Comics n'existant plus). C'est assez frustrant car on devine un potentiel très séduisant : compte tenu du nombre de passagers, Dane a dû hériter de biens des talents, qui pourraient le mener loin - et donc révèler une conspiration d'envergure.
Les dialogues sont également très bien sentis : pas de bla-bla inutile mais un style sec, rythmé, au diapason de l'histoire.
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Visuellement, c'est à l'excellent Paul Azaceta qu'est revenu le soin d'illustrer le titre : il s'en acquitte avec maîtrise d'un trait dépouillé, anguleux, où le jeu sur les lumières produit une ambiance de série noire palpitante.
Le découpage est sobre mais vif, ce qui rend la lecture très agréable.
Seule la mise en couleurs est un peu fade et l'on peut même se demander si l'oeuvre n'aurait pas gagné en force en restant en noir et blanc. Mais c'est un petit bémol.
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Acquis lors d'une braderie, ce livre est une révèlation : si vous mettez la main dessus, faîtes-en l'achat sans hésiter. C'est une pépite à côté de laquelle il serait ballot de passer !

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