lundi 28 février 2011

Critique 210 : THOR THE MIGHTY AVENGER - VOL. 1, de Roger Langridge et Chris Samnee

Thor The Mighty Avenger volume 1 rassemble les 4 premiers épisodes (sur huit) de la série écrite par Roger Langridge et dessinée par Chris Samnee, publiée en 2010 par Marvel Comics. Les épisodes 83-84 de Journey Into Mystery, de 1963, écrits par Stan Lee et dessinés par Jack Kirby, où apparut pour la première fois le personnage de Thor, complètent le programme.
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Dans la perspective de son adaptation au cinéma, le personnage de Thor a été décliné en plusieurs séries l'an dernier, en parallèle au titre principal qui avait été relancé par J. Michael Straczynski et Olivier Coipel en 2008. Thor The Mighty Avenger s'est distingué à la fois par son ton et (hélas !) par son insuccès commercial (malgré d'excellentes critiques), alors qu'il s'agissait d'une version très accessible. Prévue pour (au moins) 12 épisodes par son scénariste, elle a été annulée au bout de 8 numéros et ce recueil présente donc la première moitié de cette production.
JMS a ressucité Thor en en faisant une bande dessinée volontiers décalée, souvent contemplative et mélancolique, traversée par des séquences d'action spectaculaires. L'auteur qui a claqué la porte de Marvel après des désaccords artistiques (il jugeait prématuré que Thor soit au centre d'une saga comme Siege et il était brouillé avec l'éditeur-artiste Joe Quesada depuis la fin de son run sur Amazing Spider-Man, avec l'arc One More Day) a été remplacé par Kieron Gillen qui lui-même vient de céder sa place à Matt Fraction, sans que la magie n'opère à nouveau.
Roger Langridge, qui a, entre autres, collaboré au Muppet Show, a choisi d'aborder le personnage en revenant à la fois à la source, celle de Stan Lee et Kirby, dont on peut redécouvrir le travail dans cet album, tout en réécrivant certains éléments.
La première de ces "révisions" concerne la localisation de l'histoire, qui ne se déroule pas à New York ou Los Angeles, mais Bergen, Oklahoma, au coeur de l'Amérique. Dans ce décor inédit, on peut lire comme un résumé du projet qui consiste à aborder le sujet tout en se décalant de la norme.
Ensuite, Langridge fait du dieu du tonnerre un étranger perdu au milieu de nulle part.

Chassé d'Asgard pour une faute dont on ne saura rien (du moins au terme de ces 4 épisodes) mais suffisamment importante pour provoquer le courroux de son père, Odin, Thor est non seulement un vagabond, mais il a perdu ses pouvoirs et la mémoire.

On constate donc que le récit ne se déroule pas dans la continuité classique (Odin est toujours vivant) tout en reprenant des idées de Lee (Thor banni par son père et amnésique).

Thor récupère ses pouvoirs et une partie de sa mémoire (il continue d'ignorer la raison de son bannissement) avec l'aide de Jane Foster, conservatrice au musée de Bergen, qui lui permet d'accéder à une urne où il retrouve son marteau Mjolnir. Là encore, on remarque que si Jane Foster est bien là, elle a changé de métier (dans la version classique, c'est une infirmière) mais surtout de statut (elle participe activement à la "restauration" de Thor, quitte son fiancé pour l'aider, en tombe progressivement amoureuse).
Enfin, le récit s'articule autour de rencontres-confrontations : d'abord, celle de Thor avec Jane Foster ; puis celle de Thor avec Mr Hyde qui convoîte également une relique du musée ; puis celle de Thor avec Giant-Man et la Guêpe ; et enfin celle de Thor avec les 3 guerriers (Fandral, Hogun et Volstagg) et Captain Britain. A chaque fois, le scénario est fondé sur un malentendu, débouche sur une bagarre, et aboutit à une réconciliation (sauf avec Mr Hyde).
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S'il y a une qualité indéniable à Thor The Mighty Avenger, c'est son humour irrévérencieux : Langridge s'amuse avec son héros en en faisant un idiot, impulsif, maladroit, qui ignore même pourquoi il a été puni mais agit sans réfléchir (il s'en prend à Giant-Man en le prenant pour un géant des glaces, ennemi des Asgardiens, ou à Captain Britain parce qu'il lui a demandé de se calmer). C'est vraiment jubilatoire de voir ce héros, d'habitude majestueux, emphatique, dépeint comme un benêt, mais sans doute est-ce cela qui a déplu au lecteur lambda, réticent à voir ses icones maltraités, même si c'est fait avec davantage de malice que de méchanceté.
Car Langridge ne se moque pas de son héros : s'il l'écrit comme un idiot, c'est un idiot sympathique, attachant, séduisant, un grand gamin qui assomme le méchant et reconnaît ses torts (même avec du retard). Et c'est aussi parce qu'il nous le montre à travers les yeux de Jane Foster.
Ce personnage féminin, tel qu'interprété par Langridge, n'est pas une potiche ou un faire-valoir, mais une jeune femme qui, comme Thor, se cherche et qui, en l'aidant à se (re)trouver, se trouve aussi. Cet aspect sentimental a dû également dérouter le lectorat traditionnel, qui n'est plus habitué à cela dans le Marvelverse actuel où les héros sont d'abord en couple avec des héroïnes ou des filles auxquelles ils cachent leur double vie. Thor The Mighty Avenger, c'est d'abord la romance d'un dieu et d'une mortelle qui savent chacun qui est l'autre, mais pas forcèment qui ils sont eux-mêmes.
Langridge fait preuve d'un humour subtil et léger pour décrire de décalage et Jane Foster joue le rôle d'une éducatrice pour Thor en lui apprenant des choses ordinaires qui définissent l'humanité, qu'il s'agisse d'utiliser un téléphone, de s'habiller de manière discrète, ou de sortir se détendre avec des amis. Elle est le guide du héros et du lecteur. Chez Stan Lee, Jane Foster était la demoiselle en détresse sauvée par le valeureux et puissant Thor. Chez Langridge, c'est une jeune femme moderne, dépassée par les évènements certes, manquant de confiance en elle, mais déterminée : elle héberge Thor mais sans lui ouvrir son lit (il couche sur le divan du salon), et à titre provisoire (le temps qu'il retrouve la mémoire).
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La finesse et le charme de la série doivent aussi beaucoup au dessin de Chris Samnee, dont le style tranche également avec les standards (un trait épuré mais expressif, un découpage très simple et classique).
L'apparence de Thor a été retouchée : moins massif, le costume designé par Coipel légèrement modifié (les aîles du casque réduites, moins de côtes de maille), il gagne en jeunesse et en élégance. L'influence d'artistes comme Ditko, Toth ou de l'école de la "ligne claire" est manifeste, mais très bien digéré par ce dessinateur qui préfère un graphisme dépouillé et juste aux grands effets. Il y a une modestie esthétique en même temps qu'une vraie beauté dans cet ouvrage.
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Thor The Mighty Avenger accomplit un exploit notable : il réussit à donner une véritable nouvelle jeunesse à un personnage qui a près de 50 ans en respectant à la fois les clés du héros et en les renouvelant. C'est un comic-book qui possède ce qui fait défaut à nombre de productions super-héroïques : du coeur. Et c'est pour cela que ce livre est irrésisitible - et que l'échec commercial de ce projet est terriblement rageant. Alors, lisez cette pépite et appréciez sa rareté.

mardi 22 février 2011

LUMIERE SUR... STUART IMMONEN

Stuart Immonen.

Stuart Immonen acte I :
un style réaliste classique et élégant
(ci-dessus : couverture de The Official Marvel Index To The Avengers
et une planche de Superman Secret Identity 4).

 couverture d'Essential Avengers vol. 2.


Stuart Immonen Acte II :
un trait "cartoony", anguleux, des compositions déjantées
(ci-dessus : Nextwave 11).




... New Avengers #56.

New Avengers, volume 2, #7 (ci-dessus et ci-dessous) :


Fear Itself #1.
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Génial "transformiste", il adapte son style à chaque projet, et
peut même pasticher avec brio ses aînés, comme ici Winsor McCay
pour raconter les origines des ennemis de Superman.










Scénariste, dessinateur, encreur, peintre, designer, cover-artist.
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vendredi 18 février 2011

Critique 209 : RICHARD STARK 'S PARKER - BOOK 1 & 2 : THE HUNTER + BOOK 2 : THE OUTFIT, de Darwyn Cooke



Critiques groupées pour les deux premiers volumes de Parker, adaptés des romans noirs de Richard Stark (alias Donald Westlake) par Darwyn Cooke : The Hunter (Le Chasseur, en vf, chez Delcourt) et The Outfit (L'Organisation, en vf, chez le même éditeur).
Parlons peu, parlons bien : deux claques !
Maintenant, développons un peu.

Parker : The Hunter est le premier roman de la série des Parker, créée par Donald Westlake sous le pseudonyme de Richard Stark, adapté et illustré par Darwyn Cooke, publié par IDW Publishing en 2009.
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1962, New York. Un homme robuste et inquiétant erre sur le pont George Washington. Ce quasi-vagabond se fait rapidement de l'argent grâce à une arnaque et retrouve une allure distinguée. Mais ce gentleman va se révèler un redoutable tueur.
Cet homme, c'est Parker, un voleur de génie, mais aussi un criminel implacable, en quête de vengeance : la première étape de sa traque est son ex-femme qu'il interroge sans ménagement pour savoir qui lui paie son loyer chaque mois. Puis il rencontre d'autres informateurs qui lui permettent de localiser celui qu'il cherche. On a compris que Parker a été trahi par un complice après un casse et il s'agit moins de récupérer un butin que de châtier celui qui l'a laissé pour mort après l'avoir doublé.
Cependant, sa cible bénéficie de la protection de la puissante Organisation, qui dirige le grand banditisme, et si Parker en a fait partie, il est désormais l'homme à abattre. Mais la détermination de Parker est telle que rien ne l'arrêtera...
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Dans l'oeuvre abondante de Donald Westlake (1933-2008), un des auteurs américains de romans policiers les plus épatants et les plus jubilatoires de la seconde moitié du XXème siècle, deux personnages se distinguent, tels les deux facettes d'une même médaille : d'un côté, il y a Dortmunder, un braqueur malchanceux, impliqué dans des hold-ups tordus et tordants, et de l'autre, il y a Parker, un autre maître-és braquage, mais froid et brutal, le jumeau sombre de Dortmunder.
C'est sur Parker, dont Westlake a signé les aventures sous le pseudonyme de Richard Stark, que Darwyn Cooke, l'auteur de la géniale mini-série La Nouvelle Frontière (qui revisitait le Silver Age des super-héros de DC Comics), a jeté son dévolu. Un choix qui a la force de l'évidence pour Cooke après des comics comme Catwoman - Le Gros Coup de Selina Kyle ou ses épisodes du Spirit de Will Eisner.
The Hunter a auparavant connu les honneurs d'adaptations cinématographiques, avec Point Blank (1969) de John Boorman, avec Lee Marvin et Angie Dickinson, un chef-d'oeuvre, et Payback (1998), de Brian Helgeland, avec Mel Gibson, nettement plus inégal. Cette série noire à l'argument brut - un voleur trahi se venge - est un bloc fascinant dont un auteur inspiré comme Cooke pouvait tirer une bande dessinée où se déploierait son inventivité visuelle.
Et effectivement, ce qui est frappant, c'est de constater que, dès les premières planches - une bonne quinzaine, majoritairement muette, en caméra subjective - , Cooke capture l'essence du livre et de son héros avec une puissance remarquable.
Ce morceau de bravoure n'est pas gratuit : il présente le personnage avec le laconisme qui le symbolise, à travers ses yeux, dans une série d'actions simples, narrée séchement - il s'approprie un compte en banque sans user de violence, avec une économie de geste, qui signale son professionnalisme, son sang-froid, sa volonté. Cette longue séquence est comme un manifeste pour Cooke car elle identifie son entreprise : un récit épuré, efficace, qui va droit au but, à l'atmosphère tendue.
Lorsqu'enfin on découvre le visage de Parker, c'est comme le déclic annonciateur de la vendetta à venir, un réglement de comptes crépusculaire et glaçant, à l'image de son protagoniste. Cooke respecte l'esprit de Westlake : jamais il ne cherche à rendre Parker sympathique, mais il restitue avec simplicité sa grande intelligence tactique, sa rigidité effrayante. Abusé, le gangster prend sa revanche sans scrupules : de ce champ de bataille, toute idée d'honneur n'est pas absente, Parker se bat pour le principe. Dans son univers, son milieu, sans foi ni loi, dès lors qu'on a été trompé, on a droit à une réparation brutale à la mesure de ce dont on a été victime. Peu lui importe alors que pour atteindre un homme, il lui faille affronter toute une organisation (dont on devine davantage l'importance qu'on ne la voit, seuls les cadres apparaissent) : son objectif est clair et soit il l'atteindra, soit il mourra.
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Comme dans les romans de Westlake/Stark, Cooke traduit avec brio le génie de Parker qui, tel un champion d'échecs, a toujours un coup d'avance sur ses adversaires - et sur le lecteur. Sa cruauté est terrifiante et jouissive à la fois car on prend le parti de ce monstre en souhaitant le voir réussir dans son projet.
Si écrire, c'est savoir faire des choix, adapter la matière romanesque, c'est-à-dire du texte évoquant des images et des "états" (comme les nommait Nathalie Sarraute), des émotions, alors Cooke s'en acquitte avec une totale perfection car il n'inflige pas au lecteur des pavés narratifs en voix off. Il s'appuie d'abord sur le déroulement de l'action et des dialogues économes, dans la plus pure tradition du "hard boiled", sans sombrer dans les clichés d'un Frank Miller avec Sin City (visuellement ébouriffant, mais scénaristiquement grossier). Ce livre de plus de 150 pages se dévore plus qu'il ne se lit, on en tourne les pages avec rapidité et avidité - au point qu'on peut revenir, une fois l'histoire terminée, admirer les compositions du dessinateur, où l'on reconnaît son passé de cartoonist virtuose (Cooke a collaboré avec le maestro Bruce Timm).
Le style graphique évoque en effet les dessins animés de la Warner, avec un formalisme dépouillé, des figures carrées, une géométrie et un sens de l'espace incomparables. En peu de traits, Cooke saisit les expressions, les décors, place ses personnages dans un environnement immédiatement identifiable.
Il a réduit la colorisation à trois catégories : le blanc originel de la page pour la luminosité, le noir des contours et des à-plats, et le bleu qui apparaît comme une variation chromatique du gris des films policiers de l'époque, évoquant la nuit (le crépuscule ou l'aube), le rêve, la froideur, suggère un climat quasi-onirique, très élégant.
Comme il a commencé, le livre se termine sur une autre séquence quasi-muette d'anthologie où Parker accède à une stature presque légendaire, dont la silhouette semble dépasser celle de l'organisation qu'il a défié, et résume son destin.
Transformer cet anti-héros en démon presque surnaturel mais vraiment unique : voilà qui synthétise cette adaptation et lui permet de ne pas tomber dans la parodie ou une énième version des vigilants genre Punisher.
Un grand livre dont la simplicité en même temps que l'esthétisme en fait une oeuvre à part, inscrite dans un genre précis dont elle transcende les codes. Et dire que le volume suivant surpasse celui-ci...


Parker : The Outfit est la deuxième adaptation de la série de livres écrite par Donald Westlake, illustrée par Darwyn Cooke, publiée par IDW Publishing en 2010.
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1963, Miami. Parker passe du bon temps avec une poule de luxe dans un palace lorsqu'il est agressé par un tueur à gâges. Mais le voleur domine son assassin et lui fait avouer le nom de celui qui l'envoie. Après que le flingueur ait assuré à son commanditaire qu'il avait rempli sa mission, Parker le congédie.
Exaspéré, d'autant plus qu'il a pris soin de changer de visage grâce une opération chirurgicale, il choisit non pas de fuir mais d'affronter le caïd de la pègre, bien qu'il en ait déjà défiée les pontes auparavant. Mais en même temps, il sait pertinemment : 1/ que c'est sa précédente vengeance qui lui vaut des représailles, et 2/ que cette affaire ne peut que se régler par les armes.
Parker frappe donc où ça fait mal en commettant avec des complices loyaux une série de braquages audacieux qui atteignent la fortune de son ennemi tout en pointant la faiblesse de son empire (et de ses systèmes de sécurité). L'efficacité de Parker lui vaut simultanèment le respect des autres barons de l'Organisation, en particulier de Karns, qui accepte de le laisser s'expliquer avec Bronson contre sa promesse de cesser d'attaquer les intérêts de la pègre.

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Pour sa deuxième incursion dans la production "parkerienne" de Westlake/Stark, Cooke fait feu de tout bois en adaptant non plus un seul mais deux textes (The Man with the getaway face et The outfit), aux intrigues plus sophistiquées que The Hunter. Et à nouveau, le résultat est éblouissant, dépassant encore en qualité et en invention le premier tome.
Comme précédemment, Cooke a su conserver l'insensibilité de son héros embarqué dans une nouvelle mission dont il est à la fois la victime et le responsable (son passé le rattrape), mais il a ajouté une dose d'humour (noir, ça va de soi) à l'entreprise, tout à fait dans le ton de Westlake.
Pour cela, il a introduit des seconds rôles, qui deviendront des figures familières de la série de romans (comme le comédien Grofield, le gigolo Salsa, le flingueur Handy McCay), qui donnent un relief nouveau à Parker : ce n'est plus un loup solitaire, mais un gangster dôté d'un réseau d'amis fidèles et aussi aguerris que lui, chacun dôté de talents particuliers employés dans un but et des circonstances précis. Je rêve de voir ce que Cooke ferait avec un titre comme The Handle (Parker rafle la mise) où Parker opére avec un véritable gang, dans un casse spectaculaire...

Graphiquement, ce nouveau volume est dans la lignée du premier : le trait rappelle le cartoon et évoque avec une désarmante facilité le design des 60's, avec le mobilier "atomique", les voitures aux carosseries rétro, les vêtements aux coupes géométriques.
L'aisance de Cooke pour restituer ces éléments dans un dessin à la fois très simple, parfois sommaire, aux limites de l'abstraction, et très élaboré, où rien n'est laissé au hasard, où tout participe au rappel de ce look vintage si familier, est fascinant.
Le découpage est encore une fois un modèle du genre : sous un apparent classicisme, on voit avec quel souci l'artiste choisit ses angles, joue avec le rythme en alternant petites vignettes et doubles pages panoramiques (parfois des splash-pages), décadre les scènes, insiste sur les gros plans. C'est vraiment magistral.
Pourtant, malgré son savoir-faire, Cooke ne se contente pas des mêmes recettes et ose des ruptures narratives et visuelles qui, après avoir dérouté brièvement le lecteur, ajoute à la jubliation de l'adaptation. Ainsi il pastiche les articles de journaux en illustrant plusieurs pages majoritairement constituées d'un texte relatant un braquage, puis il enchaîne avec des planches dans le style du "Reader Digest" avec un dessin rappelant les génériques de Saül Bass ou de la série animée La Panthère Rose par Friz Freleng, avec ou sans bulles. L'exercice permet de narrer plusieurs casses sans se répéter et avec une audace graphique qui répond à l'audace stratégique de Parker.
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The Outfit, avec tous ces trésors d'imagination, échappe donc au piège de la redîte, même virtuose, pour accéder à un palier supérieur. La suite annoncée pour 2012 est déjà attendue avec impatience, même si Cooke va devoir se surpasser pour nous éblouir autant. Mais quelque chose me dit qu'on ne sera pas déçu - on parie ?

mardi 8 février 2011

Critique 208 : NEW AVENGERS - SIEGE, 61 à 66 + FINALE, de Brian Michael Bendis et Stuart Immonen, Daniel Acuña, Mike McKone et Bryan Hitch











New Avengers : Siege est le 15ème story-arc de la série écrite par Brian Michael Bendis et dessinée par Stuart Immonen, Daniel Acuña, Mike McKone, rassemblant les épisodes 61 à 64 plus l'épilogue Finale, dessiné par Bryan Hitch, publiés par Marvel Comics de Mars à Juin 2010.

Ces épisodes concluent le volume 1 de la série.

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- New Avengers : Siege (#61-64) : Dans le quartier de Hell's Kitchen, grâce aux pouvoirs que lui donnent les Pierres de Nornes d'Asgard, The Hood augmentent les pouvoirs de certains des membres de son gang pour, comme l'a exigé Norman Osborn, ils traquent et éliminent les Nouveaux Vengeurs. C'est ainsi que dans l'ancienne planque de Bucky Barnes (détruite par les Vengeurs Noirs dans l' Annual #3), ce dernier et Steve Rogers affrontent le Laser Vivant et le Corrupteur, qui manipule mentalement le nouveau Captain America contre son mentor. A Manhattan, Spider-Man et Spider-Woman assistent au départ de l'héliporteur du H.A.M.M.E.R. pour Broxton, Oklahoma, où a débuté le siège d'Asgard par les troupes d'Osborn, lorsque Mandrill et le Griffon les attaquent. Les deux tandems parviennent à vaincre leurs opposants et gagnent la nouvelle base des Nouveaux Vengeurs où Steve Rogers, apprenant les manoeuvres d'Osborn contre Asgard à la télé, convainc l'équipe mais également les Jeunes Vengeurs et les Secret Warriors de Nick Fury d'aller aider Thor et les siens. A Broxton, la bataille fait rage et dans la tourmente, deux autres couples se rappellent de la veille : d'un côté, Luke Cage discutait de l'avenir avec Jessica Jones et leur enfant ; de l'autre, Clint Barton/Ronin essayait de savoir ce qui préoccupait Bobbi Morse/Oiseau-Moqueur depuis son retour (au terme de Secret Invasion). La victoire acquise dans la douleur par les héros (après la mort d'Arès, l'exécution de Sentry et la chute d'Asgard), un dernier duo s'éclipse du champ de bataille : Parker Robbins, dépourvu de ses pouvoirs, et sa maîtresse, Mme Masque...

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- New Avengers : Finale. Asgard en ruines, les Nouveaux Vengeurs savourent quand même la victoire mais sans savoir s'ils sont encore considérés comme hors-la-loi. Steve Rogers, fraîchement promu nouveau super-flic de l'Amérique, les rassure lorsque des Asgardiens menacent les hommes de The Hood, faits prisonniers. Les Démolisseurs et Mandrill donnent l'adresse de John King, le bras-droit de Parker Robbins, et la bande de Luke Cage part aussitôt à ses trousses afin de coincer leur ennemi. The Hood a trouvé refuge chez le père de Mme Masque, le Comte Néfaria, qui offre au malfrat de nouveaux pouvoirs (donc les moyens de s'en prendre encore aux héros) contre sa fortune. Mais John King a livré son complice aux Nouveaux Vengeurs qui surgissent et, après un brêve mais intense bagarre, neutralisent Robbins, Mme Masque et Néfaria, qu'ils livrent ensuite à Maria Hill. C'est l'heure du bilan pour les justiciers qui ne sont désormais plus des héros condamnés à la clandestinité et Luke Cage, à la faveur d'une promenade dans Central Park, se remémore les grands moments partagés avec ses alliés durant les six dernières années (le voyage au Japon et la rencontre avec Ronin, celle avec Sentry, House of M, l'affaire du Collectif, Secret Invasion, l'affrontement contre le gang de Hood, celui contre les Vengeurs Noirs, et Siege).

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Après 67 épisodes et 6 ans d'existence, le volume 1 des New Avengers trouvent son épilogue dans cet ultime arc et ce grand Finale, à l'issue de l'event Siege, également écrit par son scénariste, Brian Michael Bendis. Après avoir traversé tous les crossovers de Marvel durant cette période, souvent aux premières loges, avoir incarné le renouveau des Vengeurs classiques, puis être devenus des héros clandestins (durant 46 épisodes, soit plus des deux tiers de leurs aventures), ils sont enfin réhabilités et préparent leur entrée dans l' "âge héroïque" (jusqu'à la prochaine saga qui changera tout pour toujours...).

Les épisodes annexes à Siege ne resteront pas dans les annales de la série : l'exercice est toujours ingrat quand il s'agit de raconter quelque chose sans répéter ce qui se passe dans la saga principale d'un crossover, et déjà avec Secret Invasion, Bendis n'avait pas été très inspiré. La brièveté de Siege a au moins eu le mérite d'abréger la tâche, et pendant la première moitié, le scénariste s'en sort assez bien avec les deux épisodes centrés sur les binômes Bucky-Rogers et Spider-Man/Woman. C'est drôle, rythmé, même si ce n'est pas renversant.

Une fois les héros engagés dans la bataille d'Asgard, cela est beaucoup moins passionnant et Bendis est en pilote automatique, incapable de ne pas se répéter sans offrir autant de relief à ses séquences en flash-back avec Cage et sa femme ou le couple Barton-Morse.

Graphiquement, ce sont également des curiosités : Stuart Immonen se partage le boulot avec Daniel Acuña et malgré leurs différences stylistiques, la copie est plutôt convaincante, mais cela ressemble à des rustines entre Immonen qui se préparait pour le premier arc du volume 2 et Acuña qui assure un fill-in alors qu'il aurait mérité d'illustrer un arc entier. Puis Mike McKone termine le tout avec deux épisodes honorables mais sans grand intérêt donc, où la colorisation de Dave McCaig obscurcit son trait pourtant élégant.

Le Finale, un épisode de 40 pages agrémentés d'une dizaine de doubles-pages extraites d'issues antérieures (par David Finch, Steve McNiven, Olivier Coipel, Mike Deodato, Leinil Yu, Bryan Hitch, Billy Tan et Stuart Immonen - qui réalise, lui, une double-page originale, de toute beauté), est par contre une réussite totale.

Nous avons enfin droit à la revanche des New Avengers contre The Hood, attendue de longue date, avec en guest-star Néfaria, un des plus anciens adversaires des Avengers classiques, créé par Stan Lee et Jack Kirby dans les 60's. Bendis écrit un récit où l'action est reine, spectaculaire et efficace, vraiment jubilatoire.

Bryan Hitch, encré par Butch Guice et Andrew Currie (ses partenaires de Captain America : Renaissance et Ultimates vol. 1), délivre ses meilleures planches depuis longtemps et donne une envergure à la mesure de l'aspect extraordinaire de l'épisode.

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Brian Bendis n'aura pas rédigé une série toujours irréprochable : Mark Millar lui avait soufflé l'idée de créer les Nouveaux Vengeurs pour en faire l'équivalent Marvel de la JLA, un panthéon des héros de la firme. Mais jusqu'au schisme de Civil War, l'auteur n'a jamais très à l'aise avec ce concept, comme s'il attendait une crise profonde pour remanier son groupe et lui donner sa vraie identité de héros clandestins, d'outsiders, défendant davantage des principes, un idéal que la loi et l'ordre. La mort de Steve Rogers a été le détonateur de l'affirmation des Nouveaux Vengeurs et Bendis en a fait alors une non-équipe qui, si la franchise "Avengers" n'était pas devenue si forte (grâce à lui et Millar, avec les Ultimates, c'est là l'ironie du sort), se serait sans doute rebaptisée les Défenseurs (l'archétype de la non-équipe chez Marvel).

Le scénariste a alors dévoilé son porte-voix avec le personnage de Luke Cage, qui, comme un symbole, est un ancien repris de justice, solitaire, noir, sans masque ni costume, ayant renoncé à son pseudonyme (ridicule) de Power Man. En contrepoint, Bendis a donné à la série son méchant récurrent, The Hood (créé par Brian K. Vaughan), qui, comme Cage, ne porte pas de costume et à peine un alias (la capuche est celle de sa cape magique).

Avec un arc comme Revolution où il révèlait la menace skrull et l'origine véritable de son équipe, formée lors de l'évasion du Raft, organisé grâce à la reine Veranke, Bendis a réussi son chef-d'oeuvre, introduisant la paranoïa dans son titre fêtiche et le Marvelverse. C'est dommage qu'il ait échoué à boucler cette idée brillante dans un crossover trop long (Secret Invasion)... Mais dont la série New Avengers a plutôt su profiter durant le "Dark Reign" qui suivit, confortant ses acteurs dans leur position d'outlaws et des batailles de plus en plus âpres contre Osborn et ses troupes.

Des artistes confirmés ont contribué à la série, comme David Finch, Mike Deodato, Olivier Coipel. Mais New Avengers a souvent été meilleure quand ce sont des dessinateurs en voie de reconnaissance qui l'ont portée avec Bendis : Leinil Yu y a accompli un passage remarquable, tant par la durée que par l'esthétique, très originale ; et sans son bref séjour, Immonen n'aurait sans dout pas gagné le droit d'en devenir le prochain artiste, encore moins celui de dessiner le futur event de Marvel (Fear Itself)... Bien sûr, la série aurait gagné à avoir plus d'unité visuelle et il est frustrant de voir des hommes comme Cho, Coipel ou Hitch n'y avoir accompli que de brêves apparitions. Mais le charme des New Avengers a aussi tenu à cela, être un laboratoire graphique autant que narratif.

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Allez, vivement le volume 2 !

jeudi 3 février 2011

Critique 207 : EL CAZADOR, de Chuck Dixon et Steve Epting

El Cazador est une série écrite par Chuck Dixon et dessinée par Steve Epting, publiée par CrossGen Comics en 2004, et restée inachevée après 6 épisodes (suite à la banqueroute de son éditeur).
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En 1687, le navire La Misericordia est abordé par les pirates du redoutable BlackJack Tom qui enlève la mère et le fils de Donessa Cinzia Elena Maria Esperenza Diego-Luis Hidalgo. La jeune femme tue Mr Dane, le second de BlackJack Tom, et prend le commandement de la Misericordia, rebaptisée El Cazador, en achetant la loyauté des hommes à bord contre la promesse d'un trésor.
Cependant, le flibustier RedHand Harry échappe au bourreau et prend la fuite avec ses hommes. Il entreprend, alors qu'il le croise au large, d'attaquer le Cazador mais échoue et doit se réfugier sur une île pour réparer son bâteau.
C'est ainsi que Lady Sin traque BlackJack Tom tout en étant elle-même pourchassée par RedHand Harry...
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De 1998 à 2004, l'éditeur CrossGen Comics a été l'endroit où des créateurs plus ou moins confirmés ont tenté de lancer une gamme de séries formant un univers partagé. Les genres de prédilection étaient la science-fiction et le fantastique, et c'est ainsi que des productions ambitieuses comme Sigil, Crux, Negation, Ruse, avec des auteurs et artistes comme Chuck Dixon, Mark Waid, Brandon Peterson, Butch Guice, Steve Epting aux commandes.
L'aventure CrossGen touchait à sa fin quand El Cazador a été initié, un comic-book qui rompait avec les canons de la maison puisqu'il s'agissait d'une bande dessinée historique, d'aventures, de pirates, respectant les codes les plus classiques du genre.
Aujourd'hui, en lisant ce recueil des six épisodes de la série, l'expérience est des plus frustantes car l'histoire est inachevée et le livre se ferme sur la promesse de péripéties palpitantes.
Chuck Dixon s'est à l'évidence documenté et inspiré de films célèbres pour son récit, on pense en particulier La Flibustière de Antilles (1951) de Jacques Tourneur avec Jean Peters et Louis Jourdan car El Cazador présente la même spécificité d'avoir une femme comme premier rôle, une femme au caractère bien trempée, fine stratège. On devine qu'il y a un rapport entre son passé en Espagne et celui de RedHand Harry, et on peut imaginer que ces deux adversaires sur les mers auraient pu connaître une romance par la suite.
Les six chapitres réalisés sont riches en rebondissements et les séquences s'enchaînent rapidement, certaines sont de vrais morceaux de bravoure à l'ambiance saisissantes comme la mutinerie ou la course-poursuite dans le détroit menant à Ginger Island, avec un vrai suspense. Mais la qualité du script ne rend que plus frustrant le fait que cela s'interrompe brutalement après 140 pages.
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Les dessins de Steve Epting sont également somptueux : à l'époque, l'artiste avait déjà accumulé pas mal d'expérience, avec notamment un run mémorable sur Avengers dans les années 90 chez Marvel et Aquaman chez DC.
Après avoir illustré plus d'une vingtaine d'épisodes de Crux, écrits par Mark Waid, pour CrossGen, il signait son premier chef-d'oeuvre avec El Cazador, où il s'encre lui-même et collabore avec un de ses coloristes de prédilection, Frank d'Armata.
Le résultat est une oeuvre d'art : le soin avec lequel Epting dessine les costumes, les décors, les détails des bâteaux, découpe les scènes d'action et les plages plus calmes, est fabuleux. On s'y croirait vraiment, et ses épisodes rivalisent avec des classiques de la BD de pirates franco-belges comme Barbe-Rouge (de Charlier et Hubinon) ou Jérémie dans les îles (de Gillon).
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Une série à redécouvrir - en espérant, à l'heure où Marvel relance quelques titres CrossGen (comme Ruse et Sigil), qu'on en lira un jour la (véritable) fin...

mercredi 2 février 2011

Critique 206 : REVUES VF FEVRIER 2011

Spider-Man 133 :
- Spider-Man 621-622-623 : Mission de récupération - C'est la vie - Les étapes du deuil.
Après le très bon arc sur le retour de Mysterio appartenant à la saga du Gant, la série renoue avec des épisodes moins liés et réalisés par des équipes créatives différentes.
Le #621 est ainsi écrit par Dan Slott et dessiné par Michael Lark, et vaut à lui seul l'achat de la revue. Avec l'aide de la Chatte Noire, Spidey s'infiltre dans le repaire de Mr Negative pour récupérer l'échantillon de sang qu'il lui avait extorqué et qui pouvait lui servir à concocter un poison mortelle contre lui. La mission est une réussite, même si le Tisseur doit encore affronter ce redoutable caïd et s'arranger avec les méthodes (et la lubricité) de la Chatte Noire...
Très vif et servi par des dialogues piquants, le scénario est un vrai régal et prouve que Slott, quand il ne traite pas son affaire avec nonchalance, est un auteur capable de très bonnes choses pour Spidey.
Mais ce sont surtout les dessins de la paire Michael Lark-Stefano Gaudiano (trop rare depuis Daredevil), soutenus par la colorisation impeccable de Matt Hollingsworth, qui hisse ce chapitre à un niveau supérieur à la moyenne. Lark rêvait d'illustrer les aventures du Tisseur et effectivement il "possède" le personnage avec sa maestria habituelle. Son découpage est fluide et tonique, c'est un vrai régal et on va guetter son retour avec impatience (à partir du #634).
Le #622 est un mini-épisode de 12 pages écrit par Fred Van Lente et dessiné par Joe Quinones, qui prolonge le #621 puisque la Chatte a vendu l'échantillon sanguin de Spidey pour de l'argent. Le Tisseur doit infiltrer des fans de vampires et retrouve à cette occasion Morbius aux prises, lui aussi, avec une amante plutôt tordue.
Le ton est à la comédie et c'est vraiment drôle. Néanmoins, le mérite en revient moins à Van Lente qu'à Quinones qui nous gratifie de planches savoureuses où éclate son génie expressif - de quoi nous faire regretter que cet artiste ne signe pas plus souvent des pages intérieures...
Le # 623 est centré sur Flash Thompson, revenu estropié d'Irak et en pleine rééducation. Le tempérament volontariste du camarade de Peter Parker est mis à rude épreuve et il passe par différents états avant d'accepter sa nouvelle condition.
Le scénario de Greg Weisman n'est pas mal mais pas transcendant, il souffre surtout de passer après les copies de Slott et Van Lente, plus en verve. Mais les dessins (non encrés et mis directement en couleurs par Rob Schwager) de Luke Ross sont très beaux, bien meilleurs que ceux qu'il avait commis sur l'arc Deux Amériques de Captain America.
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- Spider-Man & Wolverine : Une erreur de plus (1).
Le premier épisode de cette mini-série écrite par Jason Aaron et dessiné par Adam Kubert (un des fils du légendaire Joe) est l'évènement de ce numéro. Ou, plus raisonnablement, sa curiosité.
L'argument est étrange puisque Spidey et Wolvie sont catapultés, sans trop savoir comment, à la période du crétacé : la fin du monde des dinosaures est proche, mais à peine survient-elle qu'ils sont à nouveau projetés dans le temps, avec une nouvelle menace à affronter...
Tout cela m'a laissé perplexe : ça se lit sans déplaisir, mais sans être palpitant. Et avait-on besoin d'une énième série avec deux personnages déjà omniprésents ? Cela sent plus l'opération mercantile, monté sur le nom de deux vedettes (que ce soit les héros ou les auteurs) que la production mémorable.
Ce n'est pas cela, en tout cas, qui va me réconcilier avec le surestimé Adam Kubert ni avec ce fameux Jason Aaron (dont la série Scalped lui vaut tant de louanges).
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- J. Jonah Jameson : Prendre le pouls + Spider-Man : Mouvement d'humeur.
Ces deux bouche-trous peuvent être zappés : le second ne fait qu'une planche, issue de l'anthologie Age of heroes, et le premier est vraiment indigne de Kurt Busiek et de Marko Djurdjevic.
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Bilan : un très bon numéro, avec en particulier une belle distribution de dessinateurs. Le mois prochain, la saga du Gant reprend ses droits.

X-MEN 169 :
- X-Men Legacy : Le coeur révèlateur.
Après le crossover Necrosha, Mike Carey s'offre une pause en compagnie de son personnage fêtiche, Malicia. C'est donc un épisode de transition, calme, mais fort bien mené.
Malicia va vivre une journée riche en enseignements, elle à qui Cyclope veut confier l'éducation des jeunes mutants. Elle tente d'aider Paras, un indien pacifiste qui refuse d'employer ses pouvoirs et en souffre ; elle absorbe les facultés psi des Cuckoos qui tentent de localiser la force du phénix ; elle se rapproche de Gambit, son amant qui ne veut pas partager tous ses secrets avec elle ; elle est confrontée à son attirance pour Magneto (attirance réciproque)...
Carey imagine des situations dont la densité est étonnante, le personnage de Malicia y gagne une épaisseur qui en fait peut-être le personnage le plus intéressant de la communauté mutante : il est rare mais passionnant de voir un auteur dépeindre avec autant de minutie et d'intelligence son héroïne. Les dialogues sont remarquables de finesse.
Après Clay Mann, c'est Yanick Paquette qui illustre ce chapitre, la série est gâtée - surtout que le dessinateur canadien, encré par Michel Lacombe, reste sobre tout en faisant de Malicia une créature très séduisante mais jamais racoleuse. C'est superbe.
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- Les Nouveaux Mutants (vol. 4) 11 : La Valkyrie de Hel.
Là encore, il s'agit d'un épisode exceptionnel, moins parce qu'il est relié à la saga Siege, que parce qu'il est illustré par une guest-star, Niko Henrichon (Pride of Baghdad).
Zeb Wells revient sur les liens unissant Dani Moonstar à l'asgardienne Héla, qui en fit sa Valkyrie pour récupérer les âmes des guerriers tombés au champ d'honneur. L'équipe des Nouveaux Mutants n'apparaît donc que fugacement dans ce segment au graphisme étonnant, publié avec un mois de retard.
C'est assez beau, mais décalé.
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- Dazzler : Dans le sang & Coup de fil - Colossus : Testament - Jubilé : Tu me manques.
Ces quatre épisodes sont d'un intérêt très relatif et on a le désagrèable sentiment que Panini bouche les trous avant la renumérotation au #1 et le lancement du nouveau mensuel X-Men Universe (qui remplacera Astonishing X-Men).
L'histoire en deux parties avec Dazzler est très faible et les dessins sont laids.
L'histoire avec Colossus est déplacée puisqu'elle se déroule avant le retour de Kitty Pryde, mais au moins elle est bien illustrée par David et Alvaro Lopez.
Quant à l'histoire avec Jubilé, bon... Bref... C'est dispensable.
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Bilan : un numéro qui démarre bien mais qui s'étiole au fil d'un sommaire composé de récits publiés en attendant le reboot de la revue.
MARVEL HEROES 1 :
- Les Vengeurs 1 : Les Prochains Vengeurs (1).
"L'âge héroïque" commence vraiment ici avec la résurrection du titre historique Avengers dont Brian Bendis a la charge, lui qui, il y a 6 ans, en boucla le volume 3 avec l'arc Chaos (Disassembled en vo).
Le scénariste a confié en interview que l'idée initiale des Nouveaux Vengeurs étaient de former l'équivalent de la JLA. Mais cette direction que lui avait suggéré Mark Millar ne s'était jamais vraiment concrétisé, et avait même péri avec Civil War. Au terme de ce crossover, Bendis avait tenté, avec la série Les Puissants Vengeurs, de redonner vie à une équipe iconique, sans vraiment convaincre puis en passant le relais à Dan Slott.
Aujourd'hui, pour la troisième fois, mais dans un nouveau contexte, Bendis s'essaye à nouveau à incarner un groupe digne du panthéon de Marvel, avec ses héros les plus emblématiques : Captain America/Bucky, Iron Man, Thor, Spider-Man, Wolverine, Oeil-de-Faucon, Spider-Woman.
Pour ce premier épisode, on peut dire que le scénariste ne perd pas de temps : le recrutement de l'équipe est rapide et ils sont aussitôt confrontés à une menace d'envergure. Pas de doute, le titre Avengers sera celui des "big guns" !
Au programme : Kang, un des ennemis les plus anciens du groupe, et la promesse d'un voyage dans le futur, où les enfants des Vengeurs sont devenus les maîtres tyranniques du monde - à moins qu'il ne s'agisse d'une ruse...
Il est prématuré de dire si Bendis va tenir ses promesses avec ce chapitre 1 qui promet beaucoup sans donner assez de garanties pour savoir si c'est le vrai grand retour de l'aventure et de l'action. Le pari est audacieux pour le scénariste qui n'est jamais meilleur qu'avec des seconds couteaux et des intrigues où il peut musarder entre deux scènes de baston homériques. Ici, il dispose des personnages les plus populaires de son éditeur et ambitionne de revenir aux basiques.
Pour l'aider, il a le soutien de l'artiste "marvelien" par excellence, John Romita Jr, avec lequel il n'a jamais collaboré, mais qui rêvait de travailler sur ce titre et possède le style musclé qu'exige ce genre de séries. Si le dessinateur se montre aussi inspiré qu'à l'époque de son run sur les X-Men dans les années 80, tous les espoirs sont permis...
Mais il faut rester prudent car JR Jr dessine en même temps la suite de Kick-Ass et souffre d'un encrage moyen de Klaus Janson et des couleurs affreuses de Dean White. Certaines cases et planches sont d'un niveau indigne de l'équipe graphique d'un titre pareil.
A surveiller, avec vigilance.
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- Avengers Academy 1 : Gros Dossier.
Refonte du titre Les Vengeurs : L'Initiative, cette nouvelle série est la bonne surprise de la revue et du mois.
6 jeunes surhumains - Voile, Foudre, Cuirasse, Hazmat, Reptil et Finesse - repérés par Norman Osborn durant le "dark reign" sont pris en charge par Hank Pym, Vif-Argent, Tigra, Speedball (ex-Penance), et Justice pour devenir la relève. Mais ils apprennent qu'ils ont été choisis moins pour leurs mérites que pour éviter de devenir des criminels...
Christos Gage pose très rapidement et efficacement les bases de la série en donnant vie à 6 personnages inédits et originaux, dans un cadre propice à une intrigue dont le potentiel est séduisant. La caractérisation est très bien vue et le dévoilement du secret qui peut sembler prématuré donne envie de savoir comment le scénariste va développer la situation.
Mike McKone illustre cela très élégamment, même si, en chipotant, on pourrait dire que ses scènes d'action gagneraient à être plus aérées pour être plus dynamiques. Il n'empêche qu'après son passage sur New Avengers où il souffrait des couleurs trop sombres de Dave McCaig, son association avec Jeremy Cox est un vrai plaisir pour les yeux.
Très prometteur.
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- Thor 610 : Siege - Ragnarok.
Cet épisode est vraiment anecdotique et peut se zapper sans souci : Thor y fait face à son clone fou, créé durant Civil War et resurgissant dans les ruines d'Asgard. Balder se lamente sur son règne. Kelda pleure la mort de Bill, désormais au Valhalla.
Kieron Gillen échoue à tous les niveaux, que ce soit pour donner de l'intensité au combat ou de l'émotion dans les états d'âme de ses personnages. Les dialogues sont fades. La série a vraiment perdu gros avec le départ de JMS et la perspective de sa reprise par Fraction ne rend pas optimiste.
Doug Braithwaite illustre ça assez platement : c'est parfois beau certes, mais aussi avec des problèmes de proportions étonnants pour un artiste confirmé. Le découpage est mou et ne parvient pas à transcender un script déjà bien pauvre.
Bof, bof.
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- Hulk 19 : La Théorie du Complot.
Jeph Loeb entame la dernière ligne droite de son run (fin au #24), qui aura marqué par sa nullité crasse et grasse, avec son humour affligeant et sa fameuse énigme (qui est le Hulk rouge ? En fait, le général Ross, l'ennemi de Bruce Banner).
Cet épisode ouvre un crossover intitulé en vo Fall of the Hulks, à suivre en parallèle avec la série Incredible Hulk dans la revue "Marvel Stars", où la réunion de vilains sous le nom de l'Intelligentsia a pour objectif la neutralisation des génies du Marvelverse pour une énième conquête du monde. Rulk, qui avait conçu ce plan mais qui a été trahi par ses complices, veut en profiter pour se venger tout en gagnant la confiance des héros et se racheter une conduite. Il essaie, pour commencer, d'aider les 4 Fantastiques...
Lourdement illustré par Ed McGuiness, mais écrit assez efficacement, ça reste lisible mais sans être passionnant.
Vivement le #25 et l'arrivée du duo Jeff Parker-Gabriel Hardman quand même !
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Bilan : un reboot mitigé, d'où émerge surtout Avengers Academy.

MARVEL STARS 1 :
Voici le remplaçant de la revue "Dark Reign", au sommaire duquel on retrouve deux séries (Thunderbolts et Secret Warriors).
- Les Vengeurs Secrets 1 : Histoires secrètes (1).
Le titre de ce premier arc pourrait servir de résumé à l'oeuvre de son scénariste, Ed Brubaker, qui rempile donc pour un "team book" après son run mitigé sur les X-Men.
Steve Rogers ayant décidé de ne plus endosser l'identité de Captain America mais étant devenu le nouveau super-flic des Etats-Unis forme sa propre équipe de Vengeurs. C'est un groupe de barbouzes opérant dans l'ombre et composé de héros ayant en commun un passé de militaire ou de soldat : on y trouve le Fauve (qui a quitté les X-Men car il n'est plus d'accord avec la direction de Cyclope), Valkyrie, la Veuve Noire, War Machine, Moon Knight, l'Homme-Fourmi (Eric O'Grady des Thunderbolts), Nova et Sharon Carter, qui assure le rôle d'agent de liaison. Chacun a été recruté pour son talent particulier : la science, la destruction, l'infiltration, la surveillance spatiale...
Leur première mission consiste à récupérer la couronne du Serpent mais ils découvrent qu'ils en existent plusieurs, avec des propriétés différentes. La compagnie Roxxon est impliquée via des exploitations minières sur Mars et le mystérieux Conseil de l'Ombre convoîte les mêmes reliques, avec à leur tête... Nick Fury ?
Brubaker ne perd pas de temps et entre dans le vif du sujet, à peine consacre-t-il quelques vignettes à l'enrôlement de Moon Knight et de l'Homme-Fourmi et devine-t-on que la composition de l'équipe ne sera pas permanente (Nova, notamment, ne devrait pas rester).
L'atmosphère de série noire et d'espionnage est magistralement rendue par un auteur qui excelle dans ces domaines et cet épisode de presque 30 pages se lit très vite sans jamais nous égarer bien que le récit abonde en informations. C'est dense, solide, efficace : du grand art, qui prouve que Brubaker s'est resaisi après les derniers épisodes décevants de Captain America.
Au dessin Mike Deodato livre des planches dans ce style expressionniste et musclé qu'il maîtrise comme personne et qui convient idèalement à ce genre d'histoire, avec ces héros virils et ses héroïnes bombesques. La scène d'ouverture est sans doute la plus tonique de toutes les séries estampillées "Heroic Age" du mois, et le reste est au diapason.
Une série déjà addictive !
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Thunderbolts : Infiltré + 144 : Le Patron.
L'autre attraction de la revue est la refonte des T-Bolts, avec une nouvelle formation mais le même scénariste aux commandes, l'excellent Jeff Parker (à qui on doit les indispensables Agents of Atlas et bientôt Hulk).
Le nouveau responsable de cette équipe de criminels à qui on offre un moyen de diminuer leur peine ou le temps passé en cellule est Luke Cage, qui a lui-même été un détenu et un cobaye à l'origine. Le poste lui est donné par Steve Rogers qui compte sur lui pour s'occuper d'un groupe des plus improbables avec Songbird, Moonstone, Crossbones, le Fantôme, le Fléau et l'Homme-Chose ! Mach V, qui a perfectionné la sécurité de la prison du Raft, et Fixer le secondent.
Mais c'est sans compter avec le Baron Zémo qui veut récupérer ses anciens disciples...
Parker a choisi un casting haut en couleurs pour relancer la série et je suis curieux de voir comment il va employer ces personnages. Le scénario de cet épisode et demi (Infiltré est en fait un segement introductif issu de l'anthologie Enter the heroic age) est classique (le recrutement de l'équipe) mais se clôt sur un cliffhanger haletant.
Le dessin de Kevin Walker est déroûtant : rompant avec le réalisme quasi-omniprésent de la production actuelle, son style est un mix "cartoony"-agressif, anguleux, privilégiant les gros plans. C'est intéressant et original mais pas encore très dynamique, et un effort sur les décors serait bienvenu.
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Hulk 606 : La fête des pères.
L'autre série Hulk (en vo Incredible Hulk) est consacré au héros original, ou plus exactement sur Bruce Banner et son fils, le colosse alien Skaar, qui attend que son père se retransforme pour le tuer (car il le tient pour responsable de la mort de sa mère - tout cela date de la saga World War Hulk).
Greg Pak relie son récit au crossover Fall of the Hulks qui a démarré dans la série Hulk de la revue "Marvel Heroes", où l'Intelligentsia entreprend de se débarrasser des génies du Marvelverse. Banner et Skaar vont affronter le Dr Fatalis pour contrecarrer les plans des anciens complices du Hulk rouge...
Le combat proprement dit occupe la majeure partie de l'épisode (de 27 pages) et, dessiné par Paul Pelletier, tient ses promesses : artiste sans génie, entre Alan Davis et Mark Bagley, son style outrancier convient bien à ce genre de production qui ne brille guère par sa finesse.
Le plus intéressant reste la relation entre Banner et son fils qui le déteste mais est déterminé à ne pas laisser quelqu'un le tuer à sa place et avant lui. Espérons que cet aspect continue à être exploité, ou, à défaut, que le crossover ne soit pas trop ennuyeux (c'est pas gagné...).
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- Secret Warriors 17 : La dernière chevauchée des Howling Commandos (1).
Et voilà le point noir de la revue !
Affreusement dessiné (et encore plus mochement mis en couleurs) par Alessandro Vitti (et Imaginary Studios), cette série à l'origine lancée par Brian Bendis et Jonathan Hickman est désormais uniquement écrite par ce dernier, dans ce style bavard et épouvantablement lent avec lequel il rédige aussi les FF.
Il faut se faire violence pour arriver au bout de cet épisode et je pense que je zapperai au prochain numéro - en attendant patiemment la fin programmée de la série (au #27, je crois).
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Bilan : un n° 1 très prometteur, avec deux teams-books accrocheurs, et un Hulk percutant.
MARVEL ICONS 1 :
Tout d'abord, notons la curiosité de runémoroter la revue au #1 alors que le sommaire présente non pas le début de la série-phare, Les Nouveaux Vengeurs, mais le dernier épisode de son premier volume...

- Les Nouveaux Vengeurs : Le Grand Final.
Le règne obscur est terminé avec la défaite et l'arrestation de Norman Osborn et de ses complices et après la chute d'Asgard à Broxton (Oklahoma). La capture des Démolisseurs fait comprendre aux Nouveaux Vengeurs que The Hood et Mme Masque se sont échappés.
Une fois le bras-droit de Parker Robbins, John King, entre ses mains, l'équipe localise leurs ennemis qui ont trouvé refuge chez le Comte Nefaria, le père de Mme Masque.
Cette ultime bataille gagnée et ayant appris par Steve Rogers, devenu le nouveau super-flic du gouvernement, qu'ils ne sont plus obligés de vivre dans la clandestinité, les Nouveaux Vengeurs s'interrogent sur leur avenir - et Luke Cage fait le point sur ces 6 dernières années...
Pour ce Finale, Brian Bendis a vu les choses en grand et a écrit un épisode au format exceptionnel de 60 pages, dont le dernie tiers est en vérité une succession de doubles pages extraits des arcs et events les plus mémorables de la série.
Avant cela, il a imaginé la confrontation spectaculaire entre ses héros et le trio The Hood-Mme Masque-Nefaria (ennemi de longue date des Vengeurs, apparu dès les premiers épisodes de Lee et Kirby). Il faut être difficile pour ne pas jubiler avec ce chapitre où le scénariste offre au groupe et à leurs fans une revanche attendue de longue date : le combat tient toutes ses promesses et prouve que Bendis écrit remarquablement des "fights" dans la grande tradition.
Pour l'occasion, la série accueille Bryan Hitch au dessin, une des rares stars de Marvel à n'avoir jamais illustré les Nouveaux Vengeurs (à part une double-page dans l'épisode 50, reprise ici). Avec ses encreurs Butch Guice et Andrew Currie, il livre des planches superbes, ses meilleures depuis longtemps, donnant une envergure rare à ce chapitre (la vue d'Asgard dévastée est saisissante).
Les doubles pages permettent de se rappeler les artistes divers à avoir oeuvré sur le titre et à souligner à quel point la série s'est vraiment imposé comme le pivot de Marvel avec trois crossovers annexes (House of M, Secret Invasion et Siege).
Enfin, l'épisode se conclut sur une magnifique double page signée Stuart Immonen, qui dessinera le premier arc de la deuxième série dont la publication commencera en vf le mois prochain.
Jouissif !
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- Iron Man 25 : Stark Résistance (1).
Evidemment, après la fête vient la gueule de bois et c'est un épisode de 38 (!) pages d'Iron Man par la paire Fraction-Larroca qui complète le sommaire de la revue.
C'est une nouvelle fois particulièrement affligeant : Thor offre une partie du trésor d'Asgard à Stark pour qu'il reprenne ses affaires (tout en suggérant que les deux partenaires n'ont pas réglé leur contentieux - Stark avait créé un clone fou de Thor durant Civil War), Stark ne veut plus inventer et vendre d'armes, une entreprise concurrente sur ce marché démarche l'armée...
C'est interminable, les dialogues sont encombrés de termes techniques incompréhensibles, ce qui est raconté en 40 pages pourrait tenir en 5... Fraction est fin prêt pour saccager Thor comme il le fait avec Iron Man et X-Men. Qu'a-t-on fait pour mériter ça ?
Quant aux dessins de Larroca, ils sont toujours aussi laids.
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Bilan : un bien beau "Final" pour New Avengers, qui console de la nullité dans laquelle sombre Iron Man.
MARVEL SAGA 9 :
- La Guerre de Fatalis (1-6/6).
Après le déjanté FrankenCastle, publié dans cette revue il y a trois mois, voici à nouveau une histoire complète et un programme copieux (152 pages !) : DoomWar (en vo) se situe après le "Dark Reign" et met en scène la Panthère Noire, Dr Fatalis, avec en guest-stars les X-Men et les 4 Fantastiques.
Le résumé sous le sommaire sera bien utile à ceux qui, comme moi, n'ont pas suivi la série Black Panther en vo : on y apprend que Fatalis, profitant de sa libération grâce à la Cabale de Norman Osborn, de retour en Latvérie, a affronté T'Challa, le roi du Wakanda, alias la Panthère Noire, pour piller ses richesses naturelles - le précieux vibranium. Leur combat a laissé le souverain africain dans le coma et c'est sa soeur, Shuri, qui a endossé le nom et le costume de la Panthère Noire.
Quand Doomwar débute, le Wakanda vient de subir un coup d'état. Conséquences : Ororo, alias Tornade des X-Men, l'épouse de T'Challa, est capturée et condamnée à mort, et T'Challa et Shuri ont pris le maquis pour demander l'aide des mutants sur l'île d'Utopia. Cyclope la lui refuse, mais Wolverine, Diablo et Colossus désobéissent et partent en Afrique sauver leur amie. Fatalis, lui, tente d'accéder au vibranium mais doit convaincre le dieu-panthère Bast de lui laisser utiliser le métal magique - ce que, contre toute attente, il réussit. T'Challa, Shuri et les X-Men renversent les putchistes mais Fatalis est à présent à la tête d'une armée de robots enrichis au vibranium. T'Challa fait alors appel aux 4 Fantastiques pour contrer leur ennemi commun...
Le scénario de Jonathan Maberry est dense et brasse des situations spectaculaires, foisonnantes, qui rappelle ce qu'écrit Alan Davis (dans des mini-séries comme JLA : The Nail - Another Nail). Et comme Davis, il n'évitee pas toujours le piège de la fresque surpeuplée, où des personnages sont convoqués en étant sous-employés, une équipe chassant l'autre (les trois X-Men cédant la place aux FF bien brusquement). On peut néanmoins saluer l'ambition du récit et l'ambiguïté des protagonistes qui se conduisent vraiment comme des belligérants, n'hésitant pas à tuer pour remporter la victoire.
Cependant, prévue initialement en cinq volets, l'histoire aurait sans doute gagnée à respecter ce plan et Maberry à soigner son épilogue qui, paradoxalement, est trop vite expédié.
Graphiquement, Scot Eaton livre une excellente copie : il est très à son aise avec ce casting fourni, ces séquences fournies, alternant brillamment temps forts et plus calmes. Il bénéficie d'un encrage signé Andy Lanning (sur les deux premiers volets) assisté par Robert Campanella (sur les quatre autres épisodes). On ne sera pas aussi flatteur avec la colorisation à l'aquarelle de Jean-François Beaulieu, assez désastreuse avec ses effets marronasses.
Bilan : une saga inégale, mais illustrée par un artiste à suivre (Eaton remplacera Deodato sur Les Vengeurs Secrets à partir du #13).